avril 18, 2024

Atrocious

atrocious

De : Fernando Barreda Luna

Avec Cristian Valencia, Clara Moraleda, Chus Pereiro

Année : 2012

Pays : Espagne

Genre : Horreur

Résumé :

Avril 2010. Trois jeunes disparaissent en enquêtant sur une légende urbaine. Les trois corps, défigurés, ont été retrouvés. Les images qu’ils ont tournées aussi.

Avis :

Le Found-Footage est à la mode en ce moment. Alors non, il ne s’agit pas d’aller manger dans un McDo et de voir que notre hamburger est de travers et de voir les autres se foutre de notre gueule parce que l’on va s’en mettre de partout. Déjà, parce c’est found et pas food, et que c’est footage et pas foutage. En fait, il s’agit de faire un faux documentaire (ou documenteur) et de montrer des gens, caméra à l’épaule, en train de filmer leur vie et en général leurs trucs pas sympathiques qui leurs tombent sur la tronche. Cette mode a commencé avec le Projet Blair Witch, puis une palanquée d’autres films plus ou moins réussis ont suivi comme la saga des Paranormal Activity ou Apollo 18 ou encore Atrocious qui va nous préoccuper maintenant. Pas forcément emballé par ce genre de métrage, notamment à cause d’un Blair Witch qui m’a fait vomir tellement ça bougeait et d’un Apollo 18 mou du genou, c’est avec appréhension que j’insère le DVD dans le lecteur. Alors qu’en est-il de ce film ? Est-il atroce dans le bon sens du terme ou dans le mauvais sens ? Ai-je enfin trouvé LE film caméra à l’épaule qui surpasse tous les autres ? Allez, sortez vos batteries rechargeables, votre thermos et en route pour la forêt.

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Si tu t’avises de dire un mot sur la déco de ma chambre, tu devras revoir ce film au moins 10 fois.

Le scénario de ce film est assez banal, notamment si l’on est habitué à voir des films de ce genre, comme Apollo 18 par exemple. En gros, on nous ressort la sempiternelle découverte d’une cassette vidéo montrant des évènements tragiques et qui donnerait des explications sur la mort d’une famille entière, et comme les gens sont de trop voyeurs et aiment s’immiscer dans la vie des gens, surtout si elle est pourrie, glauque et trash, la police, dans sa grande générosité nous ressort les bandes. Donc ici, nous allons suivre une famille espagnole qui part en vacances dans une grande maison où il y aurait déjà eu des phénomènes pas très clairs. Le fiston de la famille, un grand gaillard un peu attardé aimant à la fois Pulp Fiction (bien) et Love Hina (pas bien) (pour savoir cela, il suffit de regarder les posters dans sa chambre), va prendre une grosse caméra et une autre d’un pote à lui pour filmer ses vacances et voir s’il y a vraiment des fantômes dans la baraque. Je vois déjà tous les jeunes lisant cette critique et avides de sensations fortes se mettre à transpirer, mais attention, derrière ce pitch à deux balles se cache un film mou, qui a plus le caractère d’un documentaire sur les conifères en pays ibérique qu’un film d’horreur choc, et qui en plus, propose un twist final mal venu et qui tombe à plat.

Le plus gros problème avec les films qui veulent faire dans le documentaire pour faire plus réel, c’est que durant une grosse partie du film on se fait chier.  Atrocious n’échappe pas à la règle et malgré la faible durée du métrage (seulement 1h10 et encore je compte le générique de fin), on s’emmerde durant quasiment 50 minutes. La volonté du réalisateur est assez louable. Il a voulu nous présenter des personnages assez attachants, normaux, ainsi que des décors qui, à priori, ne se désigne pas à créer l’horreur. Bien évidemment, à moins d’avoir la phobie des cyprès, ce n’est pas dans sa première heure que le film va nous faire frémir. Le pire dans tout cela, c’est que Fernando Barreda Luna essaye de distiller des moments assez inquiétants, comme par exemple la ballade dans le parc labyrinthique puis la peur de s’égarer, ou encore la découverte d’éléments cachés dans la forêt, comme ce puits si bizarre rappelant certains films de fantômes, mais tout cela ne fonctionne pas car la vue subjective n’est pas correctement utilisée et qu’en plus rien n’est fait pour faire participer le spectateur à cette exploration. Sur le papier, la caméra à l’épaule c’est bien, mais en réalité, c’est vraiment trop vomitif, avec des mouvements saccadés juste insupportables.

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Un vieux portail fermé à clef, une vieille légende urbaine, un lieu pas entretenu, toutes les raisons valables pour une petite promenade…

Un bon film d’horreur, c’est très souvent des acteurs solides et un background de personnages assez recherché. Que ce soit au  niveau du tueur ou des esprits, possédant un historique pas super jovial ou un caractère vraiment sadique, aux personnages victimes, possédant généralement un caractère combatif ou insupportable, créant ainsi une émotion chez le spectateur, tout personnage doit pouvoir faire ressentir quelque chose. Dans ce métrage, aucun personnage n’est intéressant, que l’on passe du frère à la sœur, aux parents, à l’ami des parents, personne ne possède un historique intéressant. En fait, on va suivre une famille lambda dans un lieu de villégiature, sauf que cette famille n’a rien à raconter. Alors on a le grand frère un peu geek  sur les bords, la petite sœur coquette qui le suit, le petit frère énigmatique qui ne parle pas, le père avec un boulot envahissant, bref, même si tout cela ressemble à n’importe quelle famille et peut susciter une projection de soi, il n’en est rien parce qu’on se fout de ce qu’il va leur arriver. De plus, les acteurs se révèlent être assez inexpressifs. Si l’on reste centré sur le grand frère car c’est lui qui a l’idée de faire un documentaire sur les légendes urbaines, celui qui l’incarne reste anecdotique tout comme le reste de la famille.

Si, au vu de la bande annonce ou de quelques images glanées de ci, de là sur le net, le film peut paraître gore, notamment avec la jaquette et la jeune fille apeurée ou encore l’image de la tête à moitié décapitée sur un tronc d’arbre, il n’en est rien. En fait le film ne veut jouer que sur un seul tableau, celui du questionnement créant la peur puis du twist final révélant quelque chose d’inattendue et de surprenant. Sauf qu’ici, on ne se pose pas de questionnements, car pour les habitués de Paranormal Activity, l’histoire d’un fantôme semble évidente et le twist final, tombant comme un cheveu sur la soupe reste médiocre et inopportun. De plus, la peur est la grande absente de ce métrage. Les éléments censés générer une frayeur ne sont pas efficacement distillés, et après une lenteur extrême,  le  film s’emballe durant dix minutes totalement en freestyle. On voit la petite sœur attachée à un kiosque, le chien crevé dans le puits, et surtout des branches d’arbre filmées en infrarouge dans un rythme de course effrénée et gerbant. Même Blair Witch était moins nauséeux. Du coup, on n’a pas peur et on languit que tout cela se finisse. Et les photos gores n’arrangent rien à la situation, tout comme la résolution du problème.

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Ta gueule, ta gueule! Laisse-moi finir cette critique et tu pourras ensuite m’insulter.

Au final, Atrocious est le genre de film qui porte bien son nom, un peu comme le film Abominable et son yéti en carton. Long malgré sa faible durée, mou et présentant des personnages inintéressants, radin en effets gores et vomitif sur les plans de course de nuit avec la caméra à la main, ce film ne s’adresse qu’aux grands fans des found-footage, et encore, je ne suis pas sûr que ces derniers apprécient ce film. Bref, un film raté qui ne pense qu’à surfer sur la vague des Paranormal Activity et dont on peut très bien se passer.

Note : 03/20

[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=RiJuXTGpFxI[/youtube]

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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