avril 16, 2024

La Vérité – Du Ciné sur le Ciné

De : Hirokazu Kore-Eda

Avec Catherine Deneuve, Juliette Binoche, Ethan Hawke, Clémentine Grenier

Année : 2019

Pays : Japon, France

Genre : Drame

Résumé :

Fabienne, icône du cinéma, est la mère de Lumir, scénariste à New York. La publication des mémoires de cette grande actrice incite Lumir et sa famille à revenir dans la maison de son enfance. Mais les retrouvailles vont vite tourner à la confrontation : vérités cachées, rancunes inavouées, amours impossibles se révèlent sous le regard médusé des hommes. Fabienne est en plein tournage d’un film de science-fiction où elle incarne la fille âgée d’une mère éternellement jeune. Réalité et fiction se confondent obligeant mère et fille à se retrouver…

Avis :

Kore-eda Hirokazu est l’un des réalisateurs japonais les plus prolifiques qui depuis plus de presque trente ans maintenant livre une œuvre aussi belle qu’elle est cohérente et intéressante. Alors qu’il venait de remporter une Palme d’Or au Festival de Cannes en 2018, Kore-eda Hirokazu surprend tout le monde et décide pour la première fois de sa carrière de tourner en dehors du Japon. Sur une idée qui lui traînait en tête depuis le début des années 2000, renforcé par Juliette Binoche que le réalisateur connaît bien, Kore-eda Hirokazu a décidé de poser sa caméra à Paris pour faire un film en français, avec une équipe française.

« La vérité » est l’un des films que j’attendais avec le plus grande des impatiences pour cette fin d’année parce que l’idée de voir un film signé Kore-eda Hirokazu sur notre sol était très alléchante d’emblée, alors quand ce dernier nous sort la carte bonus Catherine Deneuve dans la peau d’une actrice langue de vipère au crépuscule de sa carrière, il ne m’en fallait pas plus, et même si « La vérité » n’est pas le meilleur film de son réalisateur, je ne regrette en aucun cas de m’y être arrêté. Drôle et triste à la fois, magnifiquement filmé, tenu par une Catherine Deneuve brillante en tout point, « La vérité » est un joli drame familial comme Kore-eda Hirokazu en a le secret.

Fabienne est une icône du cinéma. Alors qu’elle vient de publier ses mémoires, sa fille Lumir vient lui rendre visite avec son mari, un acteur américain. Pour Lumir, qui vit aujourd’hui à New York, ces retrouvailles sont loin d’être faciles, car elle a toujours eu une étrange relation avec sa mère. Fabienne vient de commencer un tournage dont elle ne sait trop quoi en penser, notamment parce qu’elle a tendance à jalouser la jeune actrice principale du film. Ce tournage raconte une relation conflictuelle entre une mère et sa fille et bientôt, les scènes de ce film renvoient à Fabienne sa propre vie, ses propres choix et surtout sa relation avec Lumir.

Kore-eda Hirokazu a toujours aimé explorer les relations de famille au sein de ses films et pour son premier film français, il ne déroge pas à sa règle, on peut même dire qu’il est en plein dedans avec « La vérité« , qui s’attarde sur une relation aussi trouble que belle entre une mère et sa fille. Écrit par Kore-eda Hirokazu lui-même, « La vérité » est un film qui mélange parfaitement douleur du quotidien, drôlerie et remise en question. « La vérité » est un film profond et sensible qui explore avec une douceur amère, une vie, une relation et tout ce qui peut la nourrir. L’amour et la haine se confondent entre cette mère et sa fille, qui finalement ne s’écoutent pas et restent campées sur leur position. Très touchant, parce que très juste dans ce que le réalisateur veut explorer, « La vérité » pousse ses personnages à se remettre en question et à ouvrir les yeux sur eux-mêmes (d’ailleurs, l’idée du film dans le film comme prétexte pour une remise en question est excellente). Puis au-delà de ça, le film de Kore-eda Hirokazu va plus loin, livrant un très joli fond et une jolie réflexion sur le métier d’actrice, sur le regard qu’on porte sur ces actrices, tout comme celui qu’elles portent sur le métier et comment celui-ci peut se lier à une vie de famille. On reprochera toutefois au scénario d’explorer certains éléments du passé de l’actrice sans que ce soit très clair, ce qui est dommage, car même si l’ensemble est beau et juste, il nous manque un complément d’information.

Du côté de la mise en scène, « La vérité » est un très beau film qui allie parfaitement cinéma français et le cinéma de Kore-eda Kirokazu. Le réalisateur a très bien su filmer la capitale et sa banlieue sans tomber dans des clichés déjà vus. De plus, comme toujours, le cinéaste filme avec beau de soin l’intimité de cette famille et entre drame et comédie, on suit ces dîners, ces conversations, ces engueulades et ces moments de rires, avec intérêt et surtout émotion, et même un soupçon de poésie.

Pour ce premier film français, Kore-eda Hirokazu a réuni un casting sacrément intéressant. Juliette Binoche est superbe en fille délaissée par sa mère. On sera étonné de trouver un Ethan Hawke sous employé en mari américain de Binoche. On sera aussi étonné par la présence de Manon Clavel dont c’est le premier rôle dans un long-métrage et qui est une véritable révélation. Mais voilà, tous ici sont presque éclipsés par une Catherine Deneuve magistrale. Une Catherine Deneuve magnifique, filmée avec un amour sans fin par son réalisateur. L’actrice est hilarante avec sa langue de vipère, tout comme elle sait nous toucher avec les failles de son personnage, qui est bien plus profond et fragile qu’elle le laisse paraître. D’ailleurs, sur bien des aspects, ce personnage est peut-être le plus intime qu’elle ait eu à tenir depuis longtemps, et bien des éléments renvoient à la propre vie de l’actrice.

Ce premier passage en langue étrangère pour le réalisateur japonais est donc une jolie réussite. Beau et tendre, doux et amer à la fois, entre comédie et drame, Kore-eda Hirokazu filme la relation entre cette mère et sa fille avec intimité et justesse et l’on en ressort vraiment touché. Certes, il y a quelques petits trous, et certes Kore-eda Hirokazu a fait mieux, mais cette « … vérité » conclura très bien les années 10 pour le réalisateur, et surtout le film se pose assurément comme le plus beau film de cette dernière semaine 2019.

Note : 16/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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