mars 19, 2024

The Crucifixion

De : Xavier Gens

Avec Sophie Cookson, Corneliu Ulici, Brittany Ashworth, Matthew Zajac

Année: 2016

Pays: Etats-Unis

Genre: Horreur

Résumé:

Une journaliste américaine débutante enquête sur l’histoire d’un prêtre roumain envoyé en prison, suite à la mort d’une nonne sur laquelle il pratiquait un exorcisme. Croyant mettre à jour une supercherie, elle va bientôt découvrir que rien ne se passe comme prévu.

Avis:

Certains réalisateurs français sont obligés de s’expatrier pour pouvoir faire les films qu’ils ont envie de faire. Et en règle générale, cela touche particulièrement les amateurs de films de genre, à savoir l’horreur, la science-fiction ou encore le fantastique. Il n’est donc pas étonnant de voir des Alexandre Aja, Pascal Laugier ou des Louis LeTerrier quitter le territoire français, qui ne semble pas prêt à financer des films d’horreur ou d’un autre style que le drame et la comédie. Parmi ces cinéastes, on retrouve Xavier Gens. Si sa filmographie n’est pas mirobolante, elle reste symptomatique de tous ces réalisateurs français qui ont envie de faire bouger les choses, mais qui sont obligés de partir pour faire ce qu’ils aiment. Ainsi donc, il commence sa carrière chez Luc Besson après quelques courts-métrages et un épisode série, pour faire l’adaptation du jeu vidéo Hitman. Malgré un succès mitigé, il va alors se lancer dans Frontière(s), un film d’horreur gore et brutal qui loupe le coche à cause de sa crétinerie crasse. Dès lors, Xavier Gens va partir aux States pour faire The Divide, qui ne sortira chez nous qu’en DTV, puis un épisode de l’anthologie ABC’s of Death. C’est dans cette mouvance qu’il se lance alors dans The Crucifixion, un film d’horreur au script lambda et qui ne va jamais dévier de son propos de base, une enquête sur un exorcisme qui a mal fini.

En Roumanie, un prêtre tente d’exorciser une bonne sœur qui est possédée par un démon. Morte pendant l’acte, le prêtre est condamné à sept ans de prison, mais clame son innocence. Une journaliste américaine décide alors de partir en Roumanie pour en faire un article. De ce postulat de base, le réalisateur va tenter de tisser une intrigue à tiroirs où la jeune femme va aller d’impasse en impasse, jusqu’à tomber sur une entité maléfique qui aime bien rentrer dans le corps des jeunes femmes. D’un point de vue scénaristique, le film est très laborieux. L’enquête suit son cours de façon très linéaire et on va voir, à base de flashbacks, la dégradation progressive de cette bonne sœur qui a péché en offrant son corps à un homme. Xavier Gens ne parvient pas à traiter d’une thématique particulière dans ce métrage, même si l’on sent bien que ça le titille d’évoquer le célibat et cette façon très punitive qu’a l’église de traiter avec ce genre d’affaire. Malheureusement, cela est vite éludé par des questionnements redondants, une fausse histoire d’amour bien gênante et une vacuité totale dans le propos. Très clairement, le film ne sert à rien et n’interpelle jamais le spectateur.

Et quand on analyse un petit peu la mise en scène, on se rend vite compte que le réalisateur sait qu’il est en train de faire un truc trop plan-plan, sans saveur, presque cheap sur les bords, et il n’a pour unique sauvetage que des jump scare qui sont d’une banalité affligeante. Malgré une introduction un peu percutante avec un exorcisme sur une croix, le film se délite rapidement avec cette journaliste et son arrivée dans un village isolée où les gens ne parlent pas forcément. Xavier Gens n’arrivera jamais à nous rattraper de l’ennui ressenti par le scénario paresseux avec sa mise en scène, que l’on sent à l’économie. C’est bien clair, il n’y a qu’un seul plan qui est intéressant et même un poil poétique, c’est à la toute fin, lors d’un autre exorcisme avec de l’eau. C’est très peu sur toute une durée et on a connu le cinéaste plus inspiré. Le pire dans tout ça, c’est que l’on voit le faible budget à l’écran, notamment lors de la fête organisée dans le village, qui consiste à trois étals et une dizaine de figurants et cela fait vraiment peine à voir. Le réalisateur français fait avec ce qu’il a, c’est-à-dire pas grand-chose et cela se voit à l’écran. C’est exactement les mêmes choses avec les parties à New York qui consistent à filmer un type devant une vitre, dans son bureau d’éditorialiste. C’est assez triste de voir un film avec une ambition visuelle dans les exorcismes se prendre les pieds dans le tapis à cause d’un budget digne d’un pauvre DTV bulgare.

Alors certes, le faible budget ne rentre pas forcément en compte quand on évoque le scénario linéaire et attendu, qui essaye de s’inspirer d’un fait réel pour mieux choquer son spectateur, et il ne joue pas non plus sur l’empathie que l’on ne ressent pas envers les personnages. C’est un réel problème dans ce film qui essaye de présenter une jeune journaliste qui veut ouvrir une brèche au sein de l’église pour innocenter un pauvre prêtre. Le personnage manque d’épaisseur, il manque de background, et surtout, ses rêves érotiques avec le prêtre sont assez redondants et n’apportent vraiment rien. Sophie Cookson manque aussi de charisme. Si la jeune femme est très charmante, elle n’est pas rayonnante, elle ne dénote pas dans cette atmosphère triste et sans envergure, et de ce fait, malgré sa recherche de vérité, on ne ressent vraiment rien pour elle, même à la toute fin du métrage. Il en va de même pour tous les personnages, que ce soit le prêtre qui aide l’héroïne et qui possède presque une double-vie, puisqu’il s’agit d’un religieux qui aime les motos, ou encore la bonne sœur qui va lui faire des révélations sur la vie de la possédée qui vient de décéder. On ne s’attache pas à ces gens parce qu’ils ne sont pas travaillés et qu’ils n’ont qu’une seule et unique fonction.

Enfin, et ça fait mal de le dire, The Crucifixion ne fait absolument pas peur. Si ce genre de métrage occulte bien souvent le gore pour partir vers une ambiance plus morbide, Xavier Gens ne tient pas la tension dans son métrage. Cela tient à plusieurs, mais le côté cheap et fauché y est pour beaucoup. La scène d’introduction, qui se veut percutante, laisse perplexe tant elle est risible dans sa mise en scène. Il en va de même pour les quelques jump scare qui sont bateau. Et que dire de certains personnages qui ont des réactions stupides, comme ce jeune tzigane qui fait la croix en haut d’un mur ou qui suit l’héroïne pendant la fête sans raison apparente. C’est juste un emploi factice pour un personnage qui sera utile à la fin, mais pas dans le sens où on l’attend. Malheureusement, tout cela est téléphoné et ne sert absolument pas le film.

Au final, The Crucifixion est un beau ratage pour le réalisateur français qui s’est depuis bien rattrapé avec Cold Skin. Thriller horrifique avec une enquête sur un exorcisme qui a mal tourné, le film manque foncièrement de fond et de budget et cela se ressent fortement à l’écran. Si on ajoute à cela la VF qui est catastrophique, on a l’impression de voir un film Syfy un peu plus luxueux qu’à l’accoutumée, mais qui reste un produit bas de gamme pour écouler quelques galettes auprès des fans aveugles. Bref, un film largement oubliable, et qui semble avoir été fait pour engranger quelques piécettes afin de financer d’autres projets.

Note : 05/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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