avril 19, 2024

Phil Campbell – Old Lions Still Roar

Avis :

Quand on est guitariste dans un groupe à succès, on est souvent le deuxième nom que les fans retiennent après le chanteur. Difficile d’exister en tant que tel lorsque le leader est le chanteur et qu’il possède un charisme de dingue. C’est un peu ce qu’il s’est passé pour Phil Campbell, guitariste de Motörhead qui s’est fait un peu bouffer la place et la notoriété par un certain Lemmy Kilminster. Et si aujourd’hui malheureusement le groupe n’est plus suite au décès de ce dernier, Phil Campbell essaye de faire route plus ou moins seul. Tout d’abord en sortant un album avec ses enfants, Phil Campbell and the Bastard Sons étant même un groupe à part entière, mais maintenant en solo, en invitant des têtes connues sur son premier album, Old Lions Still Roar. Un titre qui peut avoir deux connotations, la première étant le nom d’un morceau qu’il a enregistré avec ses fils, la seconde pour prouver que même si on a atteint un certain âge, on peut toujours faire du rock, du bon, du lourd. Maintenant, reste à savoir si la fougue est toujours là, si le guitariste ne se fait pas bouffer par les guests (parce qu’inviter Alice Cooper, Dee Snider ou encore Joe Satriani, ça envoie du rêve) et si l’ensemble tient la route. Et vous savez quoi, les jeunes peuvent commencer à s’inquiéter.

Phil Campbell l’avait annoncé, son album ne serait en rien un sous-Motörhead et il serait même différent. Cela se voit dès le premier titre, une ballade old school qui donne vite envie d’écouter la suite. Avec Rocking Chair, le guitariste laisse la parole à Leon Stanford pour offrir un titre doucereux, qui monte crescendo et avec un refrain qui rentre immédiatement en tête. C’est simple, très « américain » dans les sonorités, avec un petit apport country, mais c’est très bon. Avec Straight Up, les choses sérieuses commencent et c’est en compagnie de Rob Halford que l’on poursuivre l’aventure. Le chanteur de Judas Priest pose sa voix sur un titre punchy en diable et qui donne immédiatement envie de bouger la tête dans tous les sens. Nerveux et totalement maîtrisé, avec un refrain catchy, il n’y a pas à dire, Phil Campbell s’émancipe de son groupe d’origine pour fournir un son moins lourd, même si sur certains points, on va trouver des accointances. En sortant Faith in Fire, le musicien fait équipe avec Ben Ward d’Orange Goblin, pour un morceau plus métal, plus lourd et plus lent au niveau de la rythmique et l’ensemble tient parfaitement la route. C’est encore une fois différent de ce que l’on a eu auparavant et si c’est moins pêchu, ça reste puissant et démontre une vraie vivacité. Swing It, avec Alice Cooper, va être un pur titre rock n’roll qui pourrait rentrer dans la discographie qui roi du Shock Rock. Ultra dansant, sexy comme ce n’est pas permis, le morceau fonctionne du feu de dieu. La première moitié de l’album se termine avec Left for Dead et Nev MacDonald, le chanteur du groupe Skin. Il s’agit-là d’une ballade très classique mais qui prend aux tripes et qui clôture un début d’album de la meilleure de façon.

Pour entamer la seconde moitié, Phil Campbell lâche les riffs lourds et graveleux. Accompagné de Nick Oliveri des Queens of the Stone Age et de Danko Jones, Walk the Talk est un titre à part dans l’album, faisant penser à du Pantera à bien des égards, avec ce chant presque rappé au sein d’une rythmique saturée et quelques élans nerveux dans la voix. Un excellent titre à la structure un peu plus complexe, sans vraiment de refrain. Puis déboule alors These Old Boots avec Dee Snider et là, on navigue en terrain connu, avec un titre ultra pêchu, qui ressemble à du AC/DC, que ce soit au chant ou sur les riffs, et c’est terriblement addictif. Relativement classique dans sa composition, le morceau emporte tout sur son passage grâce à son énergie positive et son envie de faire bouger les têtes. Un pur moment rock n’roll à l’ancienne qui fait un bien fou. En passant ensuite à Dancing Dogs (Love Survives), en compagnie de Whitfield Crane, le membre fondateur d’Ugly Kid Joe, on est proche d’un Grunge qui a fusionné avec du Stoner et globalement, c’est très bon, bien gras comme il faut, tout en gardant une mélodie prenante au possible. Bref, c’est encore un très bon titre. La surprise viendra clairement de Dead Roses, une autre ballade langoureuse, mais chantée par Benji Webbe, le leader de Skindred, un groupe de Ragga Métal. Le résultat est très touchant, voire même bluffant par la maîtrise du chanteur et un Phil Campbell qui joue cette fois-ci du piano. Un titre aérien surprenant. Enfin, pour clôturer le tout, Joe Satriani s’invite sur Tears From a Glass Eyes, un morceau instrumental un peu expérimental, très épuré, mais qui signe une belle fin pour un album complet.

Au final, Old Lions Still Roar, le premier album solo de Phil Campbell, est une belle réussite sur tous les points. Avec des invités de folie, l’ex guitariste de Motörhead s’émancipe de son modèle pour fournir des titres variés qui oscillent constamment entre des genres que l’on a l’habitude d’écouter, mais pas forcément au sein d’un même album. Généreux, concis, sans fioritures, inspiré, pas de doute, on est face à un album d’une grande qualité dont il serait dommage de passer à côté.

  • Rocking Chair feat Leon Stanford
  • Straight Up feat Rob Halford (Judas Priest)
  • Faith in Fire feat Ben Ward (Orange Goblin)
  • Swing It feat Alice Cooper
  • Left for Dead feat Nev MacDonald (Skin)
  • Walk the Talk feat Danko Jones et Nick Oliveri (Queens of the Stone Age)
  • These Old Boots feat Dee Snider
  • Dancing Dogs (Love Survives) feat Whitfield Crane (Ugly Kid Joe)
  • Dead Roses feat Benji Webbe (Skindred)
  • Tears From a Glass Eye feat Joe Satriani

Note: 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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