avril 24, 2024

Slaughterhouse Rulez

De : Crispian Mills

Avec Finn Cole, Asa Butterfield, Simon Pegg, Michael Sheen

Année: 2018

Pays: Angleterre

Genre: Comédie, Horreur

Résumé :

D’origine modeste, Don Wallace intègre une prestigieuse école qui semble abriter de dangereuses forces obscures.

Avis :

Il y a quinze ans de ça (déjà !) sortait une petite comédie horrifique anglaise qui allait propulser réalisateur et comédiens dans les hautes sphères. Ce film, c’est Shaun of the Dead d’Edgar Wright avec Simon Pegg et Nick Frost. On connait aujourd’hui la carrière de ces trois gus, qui tournent régulièrement, et même si Nick Frost s’est quelque peu détourné de ses camarades pour faire quelques bêtises ailleurs (Tomb Raider), c’est toujours un plaisir de voir un nouveau projet d’Edgar Wright ou une gaudriole de Simon Pegg. Et ce dernier souhaitait vraiment faire un autre film avec son pote Nick Frost, produisant alors une nouvelle comédie horrifique britannique, Slaughterhouse Rulez. Plein de promesses, donnant l’espoir de retrouver l’humour d’un Shaun of the Dead, le film de Crispian Mills, alors inconnu au bataillon, avait de quoi allécher, de par son scénario original et surtout son casting de confiance. Rajoutons à cela Michael Sheen en directeur d’école et Finn Cole (Peaky Blinders) avec Asa Butterfield (Sex Education), les stars montantes du cinéma anglais, il y a avait de quoi attiser la curiosité. Malheureusement, le film ne sera pas à la hauteur de nos espérances.

L’histoire du film se concentre sur Don Wallace, un jeune homme qui a perdu son père et qui semble perdu dans la vie. Sa mère, inquiète, l’inscrit donc dans une école d’élite et bourgeoise. Sur place, il va vite se rendre compte que l’école est étrange et qu’une hiérarchisation existe entre les élèves. Outre des professeurs bizarres et couards et un principal complètement à côté de ses pompes, Don va découvrir que dans la forêt autour de l’école se trouve une usine qui utilise du gaz de schiste. En faisant des trous dans la terre, l’usine libère des créatures prédatrices qui vont s’attaquer à l’école. Le principe de base de Slaughterhouse Rulez est relativement stupide et n’est qu’un prétexte pour mettre en place une comédie horrifique dans un établissement scolaire avec des sortes de rats géants mutants qui vont grignoter de la chair fraîche. Le film ne possède pas vraiment de fond, si ce n’est que démontrer que l’on peut provenir d’une classe modérée et sauver les miches d’une bourgeoisie qui se sent au-dessus du game. Mais cela est très capillotracté et le film ne va pas chercher des réflexions sur quoi que ce soit. On aura bien cette bagarre entre anciens de l’école qui s’octroient des droits, et de jeunes élèves qui se font humilier, mais globalement, le film ne veut être qu’un gros délire parfois gore.

Mais Slaughterhouse Rulez va souffrir de plusieurs choses, dont la comparaison avec Shaun of the Dead ou même Hot Fuzz et Le Dernier Bar Avant la Fin du Monde. Et là, le film de Crispian Mills n’est pas du tout à la hauteur. L’intrigue met un temps fou à se mettre en place. On essaye de mettre en avant les différents élèves de l’école qui auront une importance, on tente de glisser une amourette qui semble impossible, on y ajoute une pointe de mystère avec un suicide en rapport avec le mal-être et l’homosexualité (le réalisateur veut y intégrer une dimension sur le harcèlement scolaire mais c’est plus que survolé et n’a aucun impact sur l’intrigue), on place des scientifiques à l’humour graveleux, mais tout cela est installé avec un certain je m’en foutisme. C’est-à-dire que globalement, les traitements sont longs, plats et n’auront pas vraiment d’incidence sur la suite du film. La plupart des personnages sont stupides, à commencer par les scientifiques tout simplement insupportables, ou encore certains élèves qui n’ont pas inventé l’eau chaude. Les situations dans lesquelles ils se retrouvent ne sont pas passionnantes et on aura un mal fou à s’attacher à eux, à ressentir de l’empathie.

Le traitement des personnages est un réel problème dans ce film. Finn Cole est un jeune ado qui tente de draguer une fille qui ne vient pas de la même catégorie sociale que lui, et pourtant, il ne peut s’empêcher d’être imbu de lui-même. Asa Butterfield est en sous-régime constant avec un personnage à l’encéphalogramme plat. Même les excellents Simon Pegg et Nick Frost galèrent dans ce film où ils n’arrivent pas à exister. Entre un prof couard et qui surjoue constamment et un vendeur de drogues dans les bois environnant l’école, on se demande encore ce que sont venus faire les deux comédiens dans cette galère, qu’ils produisent en plus. Même Michael Sheen est mauvais dans le rôle d’un principal idiot, amoureux de son chien et qui ne sert à rien dans le film. Son rôle n’a aucun impact, aucune forme d’importance. C’est tout le problème du film, cette absence d’empathie pour les personnages, et surtout, cette absence d’implication des personnages, qui passent la seconde moitié du film à courir en hurlant.

Le rythme du film est aussi à blâmer. Vu que les personnages sont inconsistants et que les actions menées au départ sont inintéressantes, le film souffre d’un énorme ventre mou qui prend place dès le début. Difficile alors d’accrocher à ce qui va se passer ensuite, et pourtant, quelques bonnes idées parcourent le film. La parodie de la saga Harry Potter lorsqu’il faut présenter l’établissement scolaire est plutôt drôle. Le sosie de Drago Malefoy est marrant et globalement, c’est plutôt bien fait et beaucoup moins lourd que l’humour gras présent dans le film. Les monstres sont aussi sympathiques. Ces rats mutants sont bien violents et bien crades. Le fait de ne pas utiliser d’effets numériques fait un bien fou et rend ces bestioles un peu plus palpables. Enfin, les effets gores sont souvent jouissifs et explosifs, se voulant aussi dévergondés que l’humour à base d’allusions sexuelles, et ça marche plutôt bien. Mais ne nous voilons pas la face, c’est quand même du gros cache-misère.

Au final, Slaughterhouse Rulez est une amère déception. Amené à bout de bras par Simon Pegg et Nick Frost, le film, que l’on espérait dans le même veine qu’un Shaun of the Dead, souffre d’un rythme inconstant et de personnages totalement inintéressants où l’on voit la galère des acteurs à les mettre en vie. Le film brasse beaucoup de vide et se repose essentiellement sur un humour décalé et gore qui ne marche pas toujours et dont les allusions sexuelles sont parfois un peu trop lourdes. Il en résulte donc un film raté, pas désagréable sur certains aspects, mais qui n’apporte rien au genre et qui s’avère même ennuyeux sur certains moments. Bref, un film décevant avant tout…

Note : 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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