avril 19, 2024

Rencontres du Troisième Type

Titre Original : Close Encounters of the Third Kind

De: Steven Spielberg

Avec Richard Dreyfuss, François Truffaut, Teri Garr, Melinda Dillon

Année : 1978

Pays : Etats-Unis

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Des faits étranges se produisent un peu partout dans le monde : des avions qui avaient disparu durant la Seconde Guerre mondiale sont retrouvés au Mexique en parfait état de marche, un cargo est découvert échoué au beau milieu du désert de Gobi.
Dans l’Indiana, pendant qu’une coupure d’électricité paralyse la banlieue, Roy Neary, un réparateur de câbles, voit une « soucoupe volante » passer au-dessus de sa voiture. D’autres personnes sont également témoins de ce type de phénomène : Barry Guiler, un petit garçon de quatre ans, est réveillé par le bruit de ses jouets qui se mettent en route.
Cherchant à savoir d’où proviennent ces ovnis, Roy Neary se heurte aux rigoureuses consignes de silence imposées par le gouvernement fédéral. Obsédé par ce qu’il a vu et hanté par une image de montagne qu’il essaie désespérément de reconstituer, il est abandonné par sa femme Ronnie et ses enfants. Il n’y a que Jillian, la mère de Barry, qui le comprenne.
Parallèlement à ces événements, une commission internationale conduite par le savant français Claude Lacombe s’efforce d’en percer le mystère. Une évidence s’impose bientôt à eux : une forme d’intelligence extraterrestre tente d’établir un contact avec les Terriens.

Avis :

Durant les années 70, la science-fiction est clairement à la mode. Outre le succès monstrueux des Star Wars, on trouvera de nombreux films dans ce genre à sortir durant cette décennie, ouvrant la brèche aux années 80 et à une déclinaison du genre par la suite, les producteurs trouvant cela trop puéril. Néanmoins, les années 70 sont prolifiques entre La Planète des Singes dont les suites carburent (même si en deçà du premier opus), THX 1138, Soleil Vert ou encore Rollerball, le genre prospère et se réinvente sans cesse, prouvant que la science-fiction est un énorme terrain de jeu fertile. Cependant, on retrouve à chaque fois dans ces films quelques schémas narratifs qui se recoupent. Outre un gouvernement menteur, on trouve à chaque fois des antagonistes et les thématiques sont présentes pour pointer du doigt les manipulations des politiques envers la populace. C’est alors que Steven Spielberg, alors tout jeune, dégaine son quatrième long-métrage, Rencontres du Troisième Type, et propose une vision différente de la science-fiction, donnant tout son sens au mot science, mais y rajoutant une énorme dose d’humanisme et surtout, une volonté de ne pas mettre d’ennemis. Car oui, dans ce film, les extraterrestres sont gentils.

C’est un peu un bouleversement dans le monde de la science-fiction, puisqu’à chaque fois, quasiment, on retrouve des antagonistes aux héros. Ici, Spielberg fait le pari de narrer la rencontre entre deux espèces intelligentes et de montrer à quel point il peut être facile de communiquer, de créer des liens, sans pour autant avoir peur de l’inconnu. Rencontres du Troisième Type, en sous-texte, c’est un message fort concernant le racisme et la différence. Jouant sur le tableau du mysticisme et de la curiosité saine, le cinéaste pose son intrigue dans un contexte étrange, parfois angoissant, mais jamais anxiogène (hormis pour une scène, mais on y reviendra plus tard). Ce que veut dire Spielberg, c’est que malgré nos réticences et notre peur inhérente de l’inconnu, de l’autre venu d’ailleurs, il est possible malgré tout de trouver des moyens de communication et d’échanger sans aucune violence. Ici, la musique est utilisée pour dialoguer, pour faire une première approche, démontrant que c’est un langage universel qui peut être compris par tous. Ce n’est peut-être pas pour rien qu’aujourd’hui, on envoie des musiques dans l’espace. En plus de ce beau message sur la tolérance, le réalisateur prône un humanisme sans faille, où le gouvernement veut protéger un secret qui risque de mettre le feu aux poudres, tout en laissant quelques failles pour certains « élus ». Encore une fois, l’entraide et l’altruisme s’oppose au protocole et à des militaires bien trop rigides, qui ne rêvent plus, suivant des règles parfois douteuses. Le personnage de François Truffaut est d’ailleurs là pour mettre en avant les âneries d’un système rétrograde.

Vu aujourd’hui, le film peut paraître rétrograde dans sa globalité. C’est-à-dire que les effets spéciaux ont pris cher et que les incrustations ne sont pas très fines. Pour autant, cela donne un cachet particulier au film, un peu comme cet objet nostalgique que l’on refuse de voir vieillir. Cela constitue cette aura culte qui entoure le film, jouant constamment sur les formes géométriques, mais aussi et surtout sur les sons et la lumière. Des sons qui sont associés aux couleurs, exprimant par ailleurs des états d’esprit et une volonté de communiquer avec l’autre, sans pour autant l’agresser ou le menacer. Il y a un réel travail sur le visuel. Il faut passer outre certains effets spéciaux désuets aujourd’hui pour se focaliser sur ce qu’ils veulent dire et ce qu’ils veulent véhiculer. Ici, Spielberg cherche dans un premier temps à intriguer, puis par la suite à émerveiller avec ce vaisseau gigantesque qui peut paraître menaçant de prime abord, arrivant dans un nuage cataclysmique. Et derrière l’aspect impressionnant, le film va se démarquer en créant une scène simple, un duel de mélodies pour comprendre l’autre. Ce côté anti-spectaculaire contrebalance l’arrivée massive du vaisseau et permet d’installer une ambiance éthérée, étrange, presque cotonneuse, comme si tout cela n’était finalement qu’un rêve.

L’autre aspect qui peut rebuter certains nouveaux regards, c’est la lenteur du métrage. En effet, le film prend vraiment son temps pour installer son intrigue, la faire évoluer et montrer l’impact que cela peut avoir sur certains personnages. Le principal étant ce pauvre Richard Dreyfuss, absolument habité par le rôle, et qui va faire fuir sa famille à cause d’une obsession, d’un message qu’il semble avoir reçu et qu’il ne sait comment le matérialiser. Le film prend aussi le temps de montrer l’évolution du petit garçon qui va se faire enlever par les extraterrestres, et surtout de sa mère, qui va passer par toutes émotions possibles, se voulant à la fois intriguée par ces êtres, mais aussi terrifiée par ce qu’ils peuvent faire à son fils. Spielberg n’oublie pas aussi l’autre versant, c’est-à-dire les scientifiques et les militaires, qui jouent un rôle essentiel dans ce métrage. Si le réalisateur pointe un doigt un brin moqueur sur les militaires, il essaye tout de même de mettre en avant les scientifiques et leurs recherches. François Truffaut est absolument impeccable en chercheur teigneux et pourtant très ouvert d’esprit, refusant presque les règles trop strictes du gouvernement. En imbriquant les trois sphères, celle des «élus» qui ne pensent qu’aux aliens, celle des sceptiques qui subissent finalement les délires des élus, et celle des militaire, Spielberg livre un film complet mais qui prend son temps et qui ne veut pas faire dans le spectaculaire ou dans le tape à l’œil.

Cela n’empêche par le cinéaste de proposer une mise en scène tout simplement parfaite et d’une grande beauté. Certains plans, même sans les vaisseaux, laissent pantois tellement ils sont magnifiques. On pense bien évidemment à ce moment où l’enfant ouvre la porte de sa maison et se retrouve à contre-jour face à une lumière rouge/orangée qui vient de l’extérieur. C’est beau et ça a du sens, parce qu’à ce moment-là, on ne sait toujours pas si les aliens sont belliqueux ou juste curieux. Spielberg joue aussi avec nos nerfs à certains moments, donnant à son film un aspect hybride, jouant avec les codes de l’horreur pour l’enlèvement de l’enfant, puis avec les purs codes de la science-fiction lorsque les vaisseaux arrivent, ou encore avec les codes du drame lorsque la famille décide de quitter le père, complètement azimuté par ce qu’il a vu. On ira même jusqu’à la comédie sur certains points, notamment quand Richard Dreyfuss récupère tout plein d’ustensiles dans le jardin et que son fils cadet l’aide en jetant des trucs par la fenêtre. Bref, comme à son habitude, le réalisateur américain ne s’arrête pas à un style, à un genre, et propose une œuvre qui est une parfaite symbiose de tout cela.

Au final, Rencontres du Troisième Type est une œuvre majeure de la science-fiction qui n’a pas pris une ride, si ce n’est au niveau des effets spéciaux. Lent pour prendre le temps de placer son intrigue et ses personnages, le film se veut aérien par bien des aspects, tout en mettant en avant un fond profondément humaniste et positif. Il s’agit-là d’un beau film de science-fiction, loin de tout déroulement spectaculaire pour fournir finalement quelque chose qui va marquer son temps et s’imposer comme une œuvre culte. Et cette obsession des extraterrestres gentils se poursuivra avec le sublime E.T., un autre immanquable dans la filmographie du grand Steven Spielberg.

Note : 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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2 réflexions sur « Rencontres du Troisième Type »

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