mars 29, 2024

Les Oubliés

Titre Original : Under Sandet

De : Martin Zandvliet

Avec Roland Moller, Mikkel Boe Folsgaard, Joel Basman, Leon Seidel

Année : 2017

Pays : Allemagne, Danemark

Genre : Guerre

Résumé :

En 1945. Danemark.
Fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Plusieurs soldats allemands, à peine sortis de l’adolescence, sont faits prisonniers par l’armée danoise et envoyés en première ligne pour désamorcer les mines enfouies le long de la côte. Pour eux, la guerre est loin d’être terminée. Inspiré de faits réels, Les Oubliés raconte cet épisode tragique de l’Histoire.

Avis :

Martin Zandvliet est danois. Après avoir passé les années 2000 entre documentaire et courts-métrages, il entame les années 2010 avec un premier long-métrage de fiction, « Applaus« . Ce premier film, comme son suivant, vont demeurer encore inédit chez nous. C’est avec son troisième long-métrage, « Les oubliés« , que le réalisateur perce à l’international. Si le film passe plutôt discrètement chez nous, il est toutefois porté par un très beau bouche à oreille. Avec ce film, Martin Zandvliet remporte bien des récompenses au Danemark et c’est « Les oubliés » qui représentera le pays aux Oscars du meilleur film étranger.

Mal distribué à l’époque de sa sortie en salle, cela faisait un bon bout de temps que je voulais m’arrêter sur le film de Martin Zandvliet, parce qu’il raconte un fait de l’après-guerre qu’on ne connaît pas du tout. Entre histoire et émotion, cette première incursion dans le cinéma de Martin Zandvliet fut un grand moment de cinéma. Un de ceux qui sont passionnants, et donc on n’a pas envie de les voir s’arrêter. Dur, poignant, injuste, mais aussi humain et tendre, Martin Zandvliet frappe très fort et marque les esprits, faisant de ces  » … oubliés » un chef-d’œuvre tout simplement.

Été 1945, Danemark, la guerre est finie. Les plages danoises sont alors truffées de mines posées par les Allemands. Sur le sol danois, les Allemands sont faits prisonniers et c’est à eux que va imposer l’armée danoise de déminer les plages. Parmi les soldats, on trouvera plusieurs jeunes hommes à peine sortie de l’adolescence. Pour eux, la guerre est très loin d’être terminée.

« Les oubliés« , c’est le film qui m’a tout d’abord intéressé par le fait qu’il raconte. On estime que les plages danoises furent piégées avec à peu près deux millions de mines, et ce fut aux soldats allemands prisonniers de les retirer. Aucun film à ma connaissance ne parlait de ce fait d’histoire, ce fut donc mon envie première pour découvrir le film et grand bien m’en a pris, puisqu’en plus d’avoir découvert ces évènements, avec « Les oubliés« , c’est tout simplement un grand film que j’ai découvert.

Ce qui est assez incroyable avec ce film, c’est la justesse de la mise en scène de Zandvliet, car là où l’on imaginait un film sombre, le réalisateur danois décide de livrer autre chose. « Les oubliés« , comme déjà évoqué plus haut, est un film dur, c’est un film qui est cru, c’est un film qui présente des personnages marqués par la guerre, des personnages remplis de haine, une haine qui atteint « les deux camps », danois et allemands. Mais pourtant, malgré toute cette noirceur, malgré la pesanteur de son sujet, malgré l’horreur et le stress de la situation, Martin Zandvliet livre un film plein d’humanité, qui peu à peu laisse place à la lumière. Un film où plus son intrigue avance, plus ses personnages se connaissent et plus la guerre et la haine s’effacent pour laisser place à la paix, au pardon, et plus largement à l’avenir et c’est ce qui est le plus bouleversant dans le film de Martin Zandvliet. C’est cette justesse, ces détails, ces petits faits, ces sourires qui reviennent, ces visages qui peuvent s’apaiser, c’est tous ces petits moments qui, mis bout à bout, marquent, bouleversent, font du bien et amènent le film vers le chef-d’œuvre qu’il est. Franchement, jamais un match de foot ou simplement des garçons courant sur la plage n’auront été aussi bouleversants.

Si l’émotion est clairement présente tout du long, on félicitera Martin Zandvliet de ne jamais tomber dans le pathos, le larmoyant. Ici, le cinéaste tient une ligne et il laisse parfaitement monter ses émotions par le biais de son histoire et de ses personnages, et si l’on est bouleversé, ce sera par la simplicité de ces derniers.

Puis derrière tout ceci, « Les oubliés« , c’est aussi une grande leçon d’humanité. C’est un film qui nous place en contradiction, c’est un film qui nous met clairement à la place des tous les personnages. On comprend chaque position, on comprend chaque haine, et c’est avec beaucoup d’habileté que Martin Zandvliet conjugue tous ses éléments. Avec ce film et cette histoire, Martin Zandvliet parle de haine, et plus que cela, il fait s’effacer le totalitarisme pour la démocratie. Il fait s’installer le dialogue, qui permettra de sauver le monde. Bref, ce scénario, c’est du béton armé et il est passionnant de la première à la dernière image.

On ajoutera à cela une réalisation parfaite de bout en bout, faisant du film un objet aussi dur que lumineux, aussi tendre que cru. Un film qui a autant de magnifiques envolées qui font du bien que de retour à la réalité et l’horreur du déminage qu’on a imposé à ces jeunes hommes (d’ailleurs, le fait que le réalisateur ait choisi de parler de très jeunes hommes envoyés à la guerre est encore plus touchant et surtout cela lui permet de montrer un autre aspect encore de la guerre et du Reich, qui envoyait des adolescents combattre). Martin Zandvliet livre un film réel, un film qui tient une mise en scène puissante, une mise en scène stressante, une mise en scène qui tient notre intérêt, entre passion et malaise, jusqu’à son générique. On ajoutera aussi une BO puissante signée Sune Martin, dont les notes résonnent encore après la séance.

Puis enfin, il y a ce casting parfait de bout en bout. Un casting peuplé d’acteurs inconnus pour nous et qui vont être autant de noms à retenir. Franchement, ce film est un petit best of de la relève du cinéma allemand et danois. Roland Møller, qui incarne le sergent danois, est bouleversant. L’acteur tient un rôle complexe et son interprétation est magistrale. Pour le reste du casting, il est difficile de détacher un nom en particulier dans ces jeunes acteurs allemands, tant tous sont extraordinaires et criant de vérité et de sincérité.

« Les oubliés » est donc un film magnifique qui nous entraîne avec horreur et émotions jusqu’à cette superbe dernière scène. Tissant avec justesse ce devoir de mémoire, Martin Zandvliet livre là un chef-d’œuvre. Ca faisait bien longtemps qu’un film ayant la Seconde Guerre mondiale pour sujet n’avait pas été aussi bouleversant. Puis au-delà de cela, ça faisait encore plus longtemps qu’un film sur la Seconde Guerre mondiale ne nous avait pas montré autre chose. Puissant, dur, cru, terrifiant, stressant, mais aussi beau, lumineux, plein d’espoir et d’humanisme, « Les oubliés » est tout simplement un chef-d’œuvre !

Note : 18/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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