avril 16, 2024

Le Traître – De la Réussite

Titre Original : Il Traditore

De : Marco Bellocchio

Avec Pierfrancesco Favino, Maria Fernanda Candido, Fabrizio Ferracane, Fausto Russo Alesi

Année : 2019

Pays : Italie, France, Allemagne, Brésil

Genre : Biopic

Résumé :

Au début des années 1980, la guerre entre les parrains de la mafia sicilienne est à son comble. Tommaso Buscetta, membre de Cosa Nostra, fuit son pays pour se cacher au Brésil. Pendant ce temps, en Italie, les règlements de comptes s’enchaînent, et les proches de Buscetta sont assassinés les uns après les autres. Arrêté par la police brésilienne puis extradé, Buscetta, prend une décision qui va changer l’histoire de la mafia : rencontrer le juge Falcone et trahir le serment fait à Cosa Nostra.

Avis :

Dans la famille du cinéma italien, aujourd’hui, nous tirons la carte Marco Bellocchio. Immense cinéaste italien qui officie depuis maintenant plus de cinquante ans, Marco Bellocchio demeure pourtant un réalisateur qui n’est connu que des cinéphiles, ce qui est bien dommage car l’homme tient une œuvre qui mérite amplement de dépasser les cinéphiles et d’être plus mise en avant et l’on ne peut que conseiller des films comme « Les Poings dans les poches« , « Le Sourire de ma mère« , « Buongiorno, notte » ou encore « Vincere« .

Présenté au dernier festival de Cannes, « Le traître » est le vingt-sixième film de Marco Bellocchio et autant le dire tout de suite, le film est une grande claque, doublée d’un terrible coup de cœur. Majestueux dans sa forme, passionnant dans son fond, à soixante-dix-neuf ans, le cinéaste italien n’a strictement rien perdu de sa forme et mieux encore avec « Le traître« , Marco Bellocchio tutoie le chef-d’œuvre. Grand film de mafia, grand film de procès, grand film de vengeance, cette fresque de presque deux heures et demi qui retrace près de pratiquement trente ans d’histoire italienne, a plus que mérité la standing ovation et ses treize minutes d’applaudissement en salle. Bref, s’il y a bien un film à ne pas manquer pour la fin de l’année, c’est bien le nouveau Bellocchio !

Tommaso Buscetta est un membre actif de la Cosa nostra depuis qu’il a seize ans. Alors qu’un accord de paix vient d’être trouvé à la fin des années 70 avec un autre clan de mafieux, Buscetta en profite pour se retirer. Il part vivre au Brésil. Au début des années 80, une guerre des clans explose et l’Italie, et plus précisément la Sicile, est envahie par une grande et violente vague de crime. Buscetta est arrêté au Brésil et quelques années plus tard, il est extradé vers l’Italie. Beaucoup des siens sont morts pendant cette vague de crime, et Buscetta, qui sait beaucoup de chose, décide alors de coopérer avec la justice et de balancer tout le monde.

Deux heures et vingt-cinq minutes, voici le temps qu’il aura fallu à Marco Bellocchio pour livrer sur pellicule trente ans d’Italie. Trente années de rage, de vengeance, de procès, de crainte, de meurtres, de foire et surtout de spectacle, d’intrigue et de drame.

Pour son nouveau film, le cinéaste italien a décidé de s’arrêter sur Tommaso Buscetta, un homme dont l’histoire et surtout les révélations ont fait couler beaucoup d’encre à l’époque. Inconnu chez nous, en Italie, son histoire est connue de tous ou presque. D’ailleurs, le fait qu’il soit inconnu chez nous rend le film encore plus passionnant, puisque l’histoire que nous raconte Bellocchio n’est alors que suspens et mystère. Jusqu’où cet homme va-t-il aller ? Et surtout, comment sa vie va-t-elle se finir ? Deux questions qui vont trouver des réponses au sein du récit dense et incroyable que le réalisateur nous raconte.

« Le traître« , c’est tout d’abord un scénario puissant et riche qui offre trois films en un. Dans un premier temps, le nouveau Marco Bellocchio s’ouvre comme un grand film de mafia. Tous les codes sont là, et le réalisateur les emploie avec beaucoup d’assurance. Si l’on peut avoir la sensation d’être perdu, car il est vrai que les morts s’enchaînent très vite, trop vite et on ne connait pas les personnages dont le récit parle, Marco Bellocchio arrive toutefois à nous tenir à tout instant, car il sait rendre ce qu’il raconte passionnant et au-delà de cela, l’intrigue en elle-même est passionnante tout simplement. Toujours en mouvement, en évolution, le film change et l’intrigue se mute alors en grand film de procès. Si le début était passionnant, cette deuxième partie de film va l’être encore plus, tant il devient, dans ces scènes-là, une véritable foire aux merveilles. Là encore, avec tout le dispositif qu’il y a dans ces scènes-là, avec ses confrontations, ses révélations et tous ces mafieux avides de haine emprisonnés derrière le traître, Bellocchio installe une tension folle. Ca faisait bien longtemps qu’on n’avait pas vu tel film de procès. Enfin, pour sa dernière partie, « Le traître » traitera des conséquences des procès et de tout ce qui a été dit. Cette dernière partie, peut-être moins intense, demeure tout aussi importante que le reste et elle permet de conclure et d’amener le film de Marco Bellocchio vers des sommets de drame. Bref, c’est passionnant, c’est captivant et ça passe beaucoup trop vite.

Si le fond est exceptionnel, le nouveau film de Marco Bellocchio est aussi fabuleux dans sa forme. « Le traître« , c’est une fresque folle qui nous offre d’immenses moments de cinéma. Franchement, j’y reviens, mais les scènes de procès sont incroyables ! La mise en scène de Bellocchio est inventive, vivante et mortelle à la fois. Le réalisateur surprend, passionne et il le fait tout en gardant aussi un côté sommaire à son film, presque déjà vu par moment, tant il utilise à bon escient les codes du film de mafieux, mais aussi de procès ou encore de vengeance. Le réalisateur enchaîne les époques, les années et jamais l’on est perdu de ce côté-là. Film sombre et noir, « Le traître » est aussi un film qui sait être touchant, d’ailleurs il est toujours sur la ligne arrivant à jouer avec une palette d’émotions passionnantes qu’on ne pensait pas trouver dans un tel film.

« Le traître« , c’est enfin un casting hors normes, dont ressort comme une évidence l’immense Pierfrancesco Favino. L’acteur prouve encore une fois qu’il est bien l’un des plus grands acteurs d’Italie et au-delà de son pays, un des plus grands tout court. Puissant, agaçant, vaniteux et en même temps touchant, il tient là un personnage très complexe, et il fait des merveilles avec et il ne fait nul doute que le prochain David di Donatello du meilleur acteur sera pour lui.

« Le traître » de Marco Bellocchio est donc un grand, très grand moment de cinéma. Puissant, généreux, passionnant, touchant, cette fresque italienne est un immanquable et l’un des derniers grands films qu’on aura en 2019 ! Merci Mr Bellocchio !

Note : 20/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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