avril 20, 2024

Mjolk, La Guerre du Lait

Titre Original : Héraolo

De : Grimur Hakonarson

Avec Arndis Hrönn Egilsdottir, Þorsteinn Bachmann, Þorsteinn Gunnar Bjarnason, Daniel Hans Erlendsson

Année : 2019

Pays : Islande

Genre : Drame

Résumé :

Inga et son mari possèdent une exploitation laitière dans un petit village près de Reykjavik. Mais à la mort de ce dernier, Inga reprend seule les rênes de l’entreprise familiale. Très vite elle découvre le monopole abusif que la coopérative impose aux agriculteurs locaux. Elle va alors entrer en guerre contre ce système mafieux pour imposer l’indépendance de sa communauté !

Avis :

On parle assez peu du cinéma Islandais, et pourtant ce dernier regorge de petits trésors, comme Grímur Hákonarson, jeune réalisateur de quarante-deux ans, qui officie depuis une bonne quinzaine d’années. Grímur Hákonarson suit un parcours traditionnel on va dire, fait de courts-métrages durant les années 2000. C’est en 2010 que le cinéaste réalise son premier long-métrage, « Sumarlandið« . Le film demeure encore inédit chez nous et pour vraiment commencer à entendre parler de Grímur Hákonarson, il faudra attendre 2015 et sa comédie dramatique, « Béliers« . Si le film avait été assez peu distribué, il avait fait son petit effet dans les cinémas indépendants.

Après quatre ans d’absence, le réalisateur est de retour cette année avec « MJÓLK, la guerre du lait« , un film engagé qui aborde le mal vivre des agriculteurs. Encore une fois, le film est mal distribué, à peine une soixantaine de salles, et c’est bien dommage, car c’est un film très intéressant qu’on trouve là. Un film qui ouvre une réflexion, qui met des soucis en avant et ces derniers vont trouver des échos bien au-delà des frontières islandaises. Entre sujets nécessaires et divertissement, le nouveau film de Grímur Hákonarson mérite bien plus de lumière.

Inga et son mari possèdent une ferme dans les contrées reculées de l’Islande. Alors que la vie est difficile, cette dernière va terriblement se compliquer quand le mari d’Inga a un accident duquel il ne ressort pas vivant. Seule face aux dettes, Inga fait alors la découverte sur certaines des activités de son mari. Des activités impossibles à la coopérative qui s’occupe de tous les agriculteurs de la région. Dès lors, Inga entre en guerre et décide, seule contre tous, de s’opposer à la puissante coopérative.

Envie d’un peu de cinéma social, mais autrement, alors arrêtez-vous sur « MJÓLK, la guerre du lait« . Sorte de « Three billboards » islandais, ce troisième film de Grímur Hákonarson est un petit métrage qui mérite qu’on s’y arrête, car le réalisateur livre là une peinture des plus intéressantes et surtout une peinture qui trouve des résonnances dans l’actualité. La détresse des agriculteurs, voilà un sujet qui fait le tour de la planète. Alors bien entendu, ce film s’arrête sur des façons de faire qui sont typiquement liées à l’Islande, le fond, lui, reste international. La presse, les dettes qui s’accumulent, le prix des marchés, la compétitivité, à une différence près, c’est ici la compétitivité qui finalement fonctionne en réseau fermé, puisque tout doit passer et être accordé par cette fameuse coopérative, que l’héroïne va combattre.

Si le film commence de manière très classique, voire même prévisible, il a ce petit quelque chose en plus qui fait que finalement, il n’est jamais inintéressant. Puis quand l’intrigue entre vraiment dans le fond de son sujet, ce combat de David contre Goliath se fait de plus en plus prenant. Grímur Hákonarson sait très bien comment parler de ces problèmes, comment pointer du doigt des méthodes et il fait tout ceci, en livrant un film qui reste un pur divertissement. Un film qui installe du suspens et des émotions. L’intrigue entre réalité sociale et divertissement de cinéma se tient jusqu’à ce très beau final. Un final révoltant, mais logique et cohérent finalement. Un final qui ouvre à bien des réflexions.

« MJÓLK, la guerre du lait« , c’est aussi et surtout une actrice qu’on découvre avec un plaisir immense. Arndís Hrönn Egilsdóttir tient là un rôle sublime, un rôle fort et complexe à la fois. L’actrice qui est presque de tous les plans dégage un charisme fou et l’on se plaît à suivre son combat au plus près. Parmi les comédiens réunis, on prendre aussi plaisir, dans un petit rôle, à revoir l’excellent Þorsteinn Bachmann, acteur islandais qui commence à être plus que visible pour qui s’intéresse à ce cinéma-là.

Seule petite déception au tableau, la mise en scène de Grímur Hákonarson qui, si elle est loin d’être mauvaise, on ne peut pas dire qu’elle soit totalement marquante. Certes, le film est beau, les paysages de l’Islande sont bien mis en valeur, même si ces derniers demeurent froids et austères. Mais il manque, je trouve, une étincelle à ce film pour le faire briller. On y trouve bien des envolées, des moments de cinéma sublimes, touchants ou révoltants, mais on aurait aimé être bien plus bousculé par cette histoire. Après, ce n’est que broutille finalement face au reste du métrage.

Pour son troisième film, Grímur Hákonarson nous entraîne donc dans un sympathique et surtout intéressant film social. Arrivant bien à mélanger les deux (social et cinéma), le réalisateur islandais nous entraîne dans un combat et surtout dans un souci bien plus grand que celui du monopole des coopératives en Islande et rien que pour cela, « MJÓLK, la guerre du lait » mérite plus de luminosité.

Note : 14/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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