avril 16, 2024

Elizabeth Harvest

De : Sebastian Gutierrez

Avec Abbey Lee, Ciaran Hinds, Carla Gugino, Matthew Beard

Année: 2018

Pays: Etats-Unis

Genre: Science-Fiction, Thriller

Résumé :

Elizabeth et son époux Henry emménagent dans une nouvelle maison. Henry l’autorise à aller partout sauf dans une pièce fermée à clés. Profitant de l’inattention de ce dernier, la jeune femme va, malgré tout y entrer et découvrir de lourds secrets la concernant…

Avis :

La science-fiction est un genre relativement intéressant car il permet d’aborder des thématiques humanistes et progressistes et de les faire se confronter à des utilisations hypothétiques et pas toujours bienveillantes. Que ce soit sur l’explosion des nouveaux modes de communication, sur les réseaux sociaux, sur l’avènement des robots ou encore sur les progrès biologiques comme le clonage, les idées fourmillent et certains scénaristes s’en donnent à cœur joie. Malheureusement, il arrive aussi que certains réalisateurs prennent en charge des projets intéressants pour en faire de la bonne grosse daube. Prenez un type comme Sebastian Gutierrez, à qui l’on doit notamment l’ignoble Rise, un film de vampire avec une Lucy Liu qui ne sait pas ce qu’elle doit faire. Offrez-lui un film sur de la bioéthique et le clonage pour un médecin mégalo, et vous obtenez un film imbuvable, qui essaye de se faire arty mais qui se perd dans une mise en scène soporifique et dans une histoire qui n’a ni queue ni tête. Bienvenue dans Elizabeth Harvest.

Le pitch du film est très simple. Un riche médecin se marie avec une jeune rousse. Il lui fait visiter sa maison, lui présente deux personnes qui semblent être les majordomes de la baraque, lui offre des bijoux et des vêtements, puis lui montre une porte bleue, le seul endroit où elle n’a pas le droit d’entrer. Forcément, alors que le médecin s’absente toute la journée, poussée par l’ennui, la jeune femme ouvre la porte interdite et découvre un laboratoire avec des corps. Sitôt le pot aux roses découvert, le médecin la pourchasse dans la maison et la zigouille à coups de hachette. Six mois plus tard, il se remarie avec la même personne. Le postulat de base, on le sait, va parler de clonage et de reproduction humaine in vitro. Un sujet sensible et intéressant à plus d’un titre, pointant du doigt qu’une mauvaise utilisation peut entrainer des abus, aussi bien psychologiques que sexuels. Et c’est ce que va tenter d’évoquer Elizabeth Harvest, à travers le prisme d’un médecin meurtri et obsédé par sa femme, décédée prématurément et dont il n’arrive pas à se séparer. Malheureusement, le film va rapidement boire la tasse.

Le principal problème avec ce film, c’est son rythme et sa mise en scène. C’est lent. Ce n’est pas contemplatif, ce n’est pas élégant, c’est juste lent et long. Concrètement, il ne se passe absolument rien dans ce film. On va voir une nana qui s’ennuie, qui danse (mal) devant un miroir et qui va ouvrir une porte qu’il ne fallait pas. Dès lors, le film ne s’emballe pas pour autant, puisque l’on va avoir les élucubrations d’un chercheur malade et d’une médecin qui le couvre par amour alors que lui n’en a que faire. Bref, l’ennui s’installe insidieusement comme dans la vie de cette pauvre femme qui va permettre d’aborder le clonage et le deuil. L’autre gros point noir du film, c’est sa réalisation. On savait que Sebastian Gutierrez n’était un foudre de guerre, pour le coup, c’est plus que confirmé avec ce métrage. C’est lisse, c’est plat et on sent pourtant une volonté de marquer la rétine avec des filtres colorés très marqués et des gros plans qui ne servent strictement à rien. On pourrait presque dire que ça se touche la nouille pour pas grand-chose et chaque plan un peu complexe n’est que du tape à l’œil et n’apporte rien de concret à l’histoire.

Une histoire rocambolesque, construite autour d’une narration éclatée qui ne sait que faire de ses personnages. Si certains se dévoilent au cours d’un long flashback, comme c’est le cas avec Carla Gugino, d’autres n’auront de cesse de se chercher sans pour autant passionner. Une passion qui s’étiole au fur des minutes à cause de dialogues creux, de passages à vide et de non-dits qui finissent par avoir raison du spectateur. En gros, deux personnages vont rechercher qui ils sont, n’ayant aucun souvenir de leur jeunesse et pour cela, ils vont utiliser une sorte de torture psychologique d’un ennui mortel. Pour en revenir aux dialogues, la version française est une calamité. Les doubleurs récitent des textes sans vie, sans passion, de façon complètement automatique, comme si tout ce que se disaient les personnages n’avaient aucune importance ni aucun poids. Et que dire des acteurs qui se sont fourvoyés là-dedans, à commencer par Ciaran Hinds qui se fait bien chier. Certes, il sort de son carcan habituel pour jouer un type névrosé, mais il est totalement à côté de la plaque. On ne voit aucune de ses fissures psychologiques et il reste un connard égoïste. Carla Gugino surnage dans ce navet et en profite pour un plan fesse qui n’est pas désagréable. Et que dire d’Abbey Lee, d’une nullité flagrante, qui ne cesse de nous agacer par son non-jeu et sa fausse candeur. Bref, d’un point de vue acting, c’est catastrophique.

Au final, Elizabeth Harvest est un mauvais film qui ne trouve jamais le bon équilibre entre les deux genres qu’il brasse et dans ce qu’il veut nous raconter. Si la bioéthique est pointée du doigt, c’est pour finalement brasser du vide et ne rien dire dessus. L’aspect thriller est pris par-dessus la jambe, tout comme la science-fiction qui n’est qu’un prétexte à foutre des clones. Franchement, dans le même genre, il vaut mieux revoir Moon de Duncan Jones avec un superbe Sam Rockwell.

Note : 03/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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