mars 28, 2024

Joker – A Bas l’Oligarchie!

De: Todd Phillips

Avec  Joaquin Phoenix, Robert De Niro, Zazie Beetz, Frances Conroy, Brett Cullen, Shea Whigham, …

Année: 2019

Pays : Etats – Unis

Genre : Drame

Scénario: Todd Phillips et Scott Silver

Résumé :

Dans les années 80, à Gotham City, Arthur Fleck, un clown de rue est agressé en plein travail. Il vit dans l’espoir de devenir un jour un comédien de stand up mais va de désillusions en désillusions. Suivi par une psychologue, une succession d’évènements vont faire de lui le tristement célèbre psychopathe, ennemi juré de Batman.

Avis :

Lors de l’annonce du projet en 2017, et surtout vu le nom du réalisateur, nous étions sceptiques. En effet, quand on regarde le CV de Todd Phillips, on y trouve Starsky et Hutch, la trilogie Very Bad Trip ou encore Date Limite. Pas de quoi s’enthousiasmer,  surtout quand on voit le résultat quand la Warner veut insuffler de l’humour à ses anti-héros (Coucou Suicide Squad). A force de vouloir singer le « rival » Marvel, le DC Extented Universe stagne et peine à trouver une identité propre. Si l’on décèle un changement de direction depuis la sortie de Wonder Woman, on attend autre chose vu le fantastique matériau de base qu’est le catalogue DC.

Et comme un petit miracle, on découvre une première bande annonce qui rassure tout le monde, à tel point que depuis ces images, ce Joker 2019 est devenu l’un des films les plus attendus de l’année. Et le résultat est conforme aux attentes.

Proposant une approche diamétralement opposée à ce qui a été fait jusqu’à maintenant, cette réinvention du célèbre clown tueur fait bien plus penser à un Taxi Driver qu’à un film adapté d’un comics. La présence initiale à la production de  Martin Scorsese (bien qu’il ait quitté le projet par la suite) et au casting de Robert de Niro fait immanquablement penser aux films du réalisateur italo-américain, de Taxi Driver à la valse des pantins. Mais ici pas question de rejouer des scènes cultes, Phillips revendique ces références,  les a tout à fait digérées et s’est très bien affranchi du matériau de base pour nous proposer un film touchant et vraiment flippant.

Si la comparaison avec Heath Ledger (The Dark Knight) sera inévitable, les deux interprétations sont pourtant totalement différentes. Là où le regretté Ledger incarnait un dangereux criminel méprisable, l’interprétation de  Joaquin Phoenix est l’inverse : on ne peut s’empêcher de ressentir énormément d’empathie pour cet Arthur Fleck, certes totalement fou, mais pour lequel on ressent autant  de pitié que de malaise et de  peur tant on sent que le personnage peut exploser à tout moment! Une prestation absolument bluffante et hypnotique qui donne de bonnes chances de statuette à l’acteur lors de la prochaine cérémonie des Oscars, lui qui est rentré bredouille à 3 reprises auparavant. Son rire (qu’il a travaillé longuement) qu’il trimballe comme une malédiction est absolument effrayant et il résume parfaitement la psyché de son personnage, un homme brisé, empli de doutes, de peine et de colère.

Véritable pamphlet contre la célébrité et la télévision, Joker transforme le rêve américain en cauchemar, en un récit corrosif et nihiliste, qui dénonce violemment une société hypocrite qui façonne les psychopathes. Un film aux antipodes de toutes les productions super-héroïques pop, d’une noirceur exacerbée, Joker aura, à coup sûr, une influence dans le milieu. Le film peut décontenancer certain de part son rythme lent, mais il dépeint très bien la descente aux enfers du personnage, ou plutôt sa résurrection, tel une chenille qui devient papillon. La musique composée par Hildur Guðnadóttir (Chernobyl, les deux bandes originales sont très ressemblantes d’ailleurs) est hypnotique et sublime la magnifique photographie du film.

Même si le film ne fait pas partie du DCEU, il faut espérer que la Warner va prendre de la graine de la qualité supérieure de ce film et remettre en question son fameux univers étendu qui, soyons honnêtes, est par moment clairement dispensable (Justice league en tête). Qu’ils arrêtent de vouloir imiter la maison des idées et se démarquent en proposant des films auteurisants, plus adultes, moins formatés et pas forcément connecté aux autres projets estampillés DC. Un joker passionnant, flippant, dérangé et dérangeant, dans un film virtuose aux allures de tragédie. Un coup de maître, assurément!    

Note : 19/20

Par Trasher

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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