mars 19, 2024

Rosewater Insurrection – Tade Thompson

Auteur : Tade Thompson

Editeur : J’ai Lu

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Rosewater, 2067. La ville est un chaos vibrant et grouillant de vie – pour partie extraterrestre. Son charismatique maire, Jack Jacques, l’a déclarée indépendante du Nigéria. Mais le dôme extraterrestre se meurt, et les forces gouvernementales attendent sa disparition pour écraser l’insurrection avant même qu’elle n’ait débuté. Dans les faubourgs de la ville où le calme règne encore, une femme se réveille amnésique, la mémoire emplie de souvenirs qui ne lui appartiennent pas… et qui n’appartiennent pas non plus à ce monde.

Avis :

Au commencement, la science-fiction était française. Si cela peut surprendre aujourd’hui, il ne faut pas oublier les récits de Jules Verne, mais aussi les premiers émois de Georges Méliès et de son Voyage à la Lune. Donc, dans un sens, on pourrait presque dire que la science-fiction est une création française. Sauf qu’à un moment, la France s’est détournée du fantastique pour aborder les comédies ou les drames, aussi dans le septième art que dans la littérature. De ce fait, ce sont les anglais et les américains qui ont poursuivi cet héritage, jusqu’à en faire oublier les origines bien de chez nous. Maintenant, la SF se vend de partout et se lit de partout, même en Afrique. Et si le continent n’est pas forcément connu pour ses auteurs fantastiques, Tade Thompson veut changer la donne. Yoruba de naissance, ayant vécu toute son enfance au Nigéria, il va arriver pas la suite à Londres où il va s’installer et commencer à écrire en parallèle de son travail, afin de livrer Rosewater. Le premier livre nous avait laissé circonspect sur son univers et sur ses thématiques. Un univers très complexe à appréhender qui mélangeait beaucoup trop de choses avec peu de descriptions, ce qui perdait doucement mais sûrement le lecteur. Pourtant, les critiques décrivent cet ouvrage comme un immanquable de la SF récente, comparant cela au Neuromancien. Ce second opus retire-t-il nos réserves ou, au contraire, les affirme-t-il ?

Très clairement, on se penchera sur la deuxième option, non pas histoire d’être en dehors de la majorité, mais tout simplement parce que Rosewater Insurrection n’apporte pas d’éléments de réponses, pire, il rajoute des éléments saugrenus pour mieux nous perdre. Ici donc, on va suivre plusieurs personnages. Jack Jacques est le maire de Rosewater et il décide d’en faire un état libre. Le président du Nigéria ne l’entend pas de cette façon et déclare la guerre tandis que le dôme et l’extraterrestre géant qui maintenait les défenses de la ville se meurent. S’en suit alors une insurrection et la découverte d’une plante géante qui forme des angelots verts menaçant le dôme. Et quelque part dans la ville, Alyssa Sutcliffe se réveille avec les souvenirs d’une autre personne, qui n’est pas humaine. Bref, Rosewater Insurrection est un joyeux bordel dans lequel il faut rentrer, surtout si l’on ajoute à cela des robots, des interludes qui citent des livres du futur ou encore des zombies.

Bien évidemment, il faut avoir lu le premier tome pour comprendre celui-ci, puisqu’il s’agit d’une suite directe (et un troisième tome est en cours). Du coup, on rentre plus rapidement dans l’histoire et dans l’univers qui nous est proposé. On va suivre cette fois-ci Aminat, la femme de Kaaro, qui va avoir pour mission de récupérer Alyssa et de la protéger afin de la ramener à Femi, la patronne du S45, agence secrète de Rosewater (et oui, c’est assez compliqué). Kaaro, le véritable héros du premier roman, n’arrivera qu’en seconde partie, n’étant plus que le dernier humain à pouvoir naviguer dans la xénosphère. Le rythme est plus soutenu avec des chapitres assez courts qui se concentrent uniquement sur les personnages centraux et qui ont une importance capitale dans la réussite de l’insurrection. Mais ce rythme ne va pas vraiment suffire à maintenir l’intérêt du lecteur, dont l’intérêt va se déliter au fur et à mesure. Le coup de la plante vorace est très étrange, même si on nous dit rapidement d’où elle vient. Il est difficile aussi d’imaginer le coup des anges végétaux qui grignotent le dôme. On voit bien les références bibliques de l’auteur, mais ce n’est pas très fin. L’arrivée tardive de nouveaux extraterrestres, les originiens, manque aussi de finesse alors qu’ils sont l’élément essentiel à cette histoire. A force de vouloir grossir son univers et son futur fantasmé, Tade Thompson nous perd dans un monde trop complexe.

Un monde trop complexe qui laisse tout de même plus de place à l’action que dans le précédent tome. Les attaques sont multiples, les façons de faire sont parfois sympathiques, comme la capacité de Kaaro de désormais contrôler les réanimés, sorte de zombie sans volonté de croquer les humains. Mais là aussi, c’est assez brouillon et on a l’impression que les résolutions des problèmes sont soit inutiles, soit factices. Prenons divers exemple pour illustrer ce propos. A un moment, Kaaro sent qu’il va se faire attaquer par des soldats. Il les tue en prenant le contrôle de plusieurs réanimés. De colère, il va alors attaquer la mairie… pour rien. En effet, les soldats n’étaient pas un danger, mais juste des gardes pour amener Kaaro à la mairie. Cela soulève plusieurs incohérences, comme le fait que ces soldats étaient habillés en tenue militaire et de camouflage et avançaient en rampant dans la boue. Il en va de même avec la grosse menace, cette plante géante génératrice d’anges, qui peut coûter la vie au dôme et aux humains, et qui va se faire éradiquer en un clic grâce à un hacker, alors que c’est l’élément perturbateur depuis le début du roman. On a l’impression que Tade Thompson brode et ne sait pas toujours comment en finir avec son histoire. Et niveau émotion, on frôle le néant, car hormis l’amour étrange que se portent Aminat et Kaaro, on reste sur du superficiel, ou sur l’amour entre un homme et une femme robot qui prend conscience de ses sentiments. On la sent bien la vallée de l’étrange, mais la sauce ne prend pas vraiment.

Au final, Rosewater Insurrection est à l’image de son opus précédent. Il s’agit d’un roman de science-fiction pas dénué d’intérêts, qui comporte un univers dense et parfois original, mais tout cela manque vraiment de cohérence et surtout d’une structure narrative solide. On est encore perdu dans cet univers riche et il se peut que l’on n’arrive pas à imaginer ce que l’on lit, ce qui est très désagréable. Bref, ce n’est pas mauvais, mais vu la bonne réputation du roman, et plus largement de la trilogie, on est très étonné, et presque désolé de ne pas accrocher à cette histoire…

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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