avril 20, 2024

Behemoth – I Loved You at Your Darkest

Avis :

Parmi les groupes les plus imposants de la scène Black et Death, il y a les polonais de chez Behemoth. Porté depuis le début des années 90 par le charismatique Nergal, le groupe s’est fait un nom petit à petit, tout d’abord grâce à un Black pur jus, puis par un Death qui incorporait quelques mélodies Black. Un genre presque nouveau, une osmose de deux styles plutôt frères, que l’on nomme Blackened Death Métal. Mais Behemoth n’a pas eu la vie facile. Outre les nombreux changements de line-up, c’est lorsque le groupe est à son apogée qu’un drame va toucher Nergal, une leucémie qui lui est diagnostiquée. Obligé de prendre du repos et de subir une greffe de moelle osseuse, il va rester plus de quatre mois à l’hôpital en 2010, puis plusieurs mois chez lui, ayant forcément besoin de repos. Habitué à sortir des disques pour les deux ans, le groupe va devoir prendre une pause forcée pour revenir plus fort avec The Satanist en 2014. Puis, quatre ans plus tard, voici que déboule I Loved You at Your Darkest, le onzième effort du groupe, qui semble avoir trouvé une stabilité depuis 2004. Mais que nous réserve ce nouvel album, à la pochette si sombre et presque désespérée ?

Le skeud débute avec une introduction grandiloquente où des enfants chantent en chorale. Les paroles sont bien sûr très axées sur la religion et une certaine idée du satanisme, mais l’ensemble est plutôt beau et laisse libre cours à la suite qui va rapidement arriver. Wolves ov Siberia est un titre court qui correspond parfaitement à l’image du groupe. C’est rapide, la batterie tabasse tous les fûts autour d’elle et à l’arrière, il y a une vraie grandiloquence qui se dégage de l’ensemble. Court, dense, violent, voilà ce qui définit le mieux ce morceau, qui ne sera pas le meilleur de l’album, mais qui annonce un retour en grande forme. On prendra la mesure avec God = Dog, qui démarre tout doucement avant de faire parler la poudre. Toujours aussi violent mais globalement plus complexe que le titre précédent, le morceau va reprendre les chœurs enfantins, mais avec un rythme plus soutenu et plus virulent. On se surprendra même à reprendre ces quelques paroles comme « Jesus Christ, I forgive give not ». Bref, ajoutons à cela des solos maîtrisés et on obtient un gros morceau. Ecclesia Diabolica Catholica sera un autre titre intéressant de l’album, jouant sur une certaine violence dans la voix, Nergal étant en pleine forme, mais avec une rythmique plus en mid-tempo emportée par des riffs ravageurs et puissants. On s’attardera plus sur l’excellent Bartzabel, un titre à l’ambiance très travaillée et portant un refrain qui accroche directement. Un titre plus doux, mais qi garde une profonde noirceur en lui. Le genre de morceau qui donne envie de se déguiser sur scène et de faire une sorte de messe noire. Le milieu de l’album se termine avec If Crucifixion was not Enough, un titre un peu lambda, toujours dans la mouvance Black/Death, mais qui reste moins fort que les titres précédents.

Par contre, le groupe va frapper un grand sur sa seconde moitié. En effet, quasiment tous les titres qui arrivent sont de petits chefs-d’œuvre qui imprègnent rapidement celui qui écoute. Angelvs XIII, malgré son début ravageur et un poil trop violent, laisse libre cours aux guitares qui se donnent et livrent une prestation impressionnante. Le morceau est tellement dark qu’il prend aux tripes et laisse complètement vidé. Mais quand arrive Sabbath Mater, Behemoth montre tout son talent pour la mise en scène et poser une ambiance particulière, à la fois sataniste et horrifique. C’est très précis comme titre, Nergal impose sa voix hors norme, et les chœurs ne font que renforcer cet aspect glauque que détient le morceau. Bref, encore une fois, c’est très dense, ce n’est pas accessible à n’importe quel quidam, mais ça envoie du lourd. Avec Havohej Pantocrator, le groupe révèle une nouvelle facette, commençant son titre comme une ballade vers les enfers et offre un titre mélancolique, désespéré, qui prend son auditeur en otage pour ne le laisser qu’à la toute fin, ébloui par tant de talent et de maîtrise. Rom 5:8 sera du même acabit, en moins épique, mais réussira le tour de force de succéder avec talent à l’énorme titre précédent, ne se faisant pas oublier, allant même jusqu’à marquer grâce à sa mélodie lourde et pourtant exquise. Reste alors We are the Next 1000 Years, plus percutant, mais finalement moins marquant. Pour conclure son office, Behemoth lâche une outro monstrueuse avec Coagvla, qui clôture l’album sur les chapeaux de roues.

Au final, I Loved You at Your Darkest, le dernier album en date de Behemoth, est une belle réussite. L’effort est dense, lourd, à la fois épique et d’une noirceur presque insondable. On peut aisément dire que les polonais sont de retour en grandes pompes et que les prestations scéniques doivent vraiment dépoter, car ce onzième album est l’une de ces excellentes surprises qui font aimer le Death, le Black et le Blackened Death Métal.

  • Solve
  • Wolves ov Siberia
  • God = Dog
  • Ecclesia Diabolica Catholica
  • Bartzabel
  • If Crucifixion was not Enough
  • Angelvs XIII
  • Sabbath Mater
  • Havohej Pantocrator
  • Rom 5:8
  • We are the Next 1000 Years
  • Coagvla

Note : 17/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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