mars 29, 2024

Eyes Set to Kill – Eyes Set to Kill

Avis :

Le Métalcore (ou Post-Hardcore pour les plus férus des dénominations de merde) est un genre qui ne laisse pas beaucoup de place aux femmes. Et pour cause, ce genre fait la part belle aux braillasses en tout genre et il faut un certain grain, une certaine puissance grave, pour s’imposer sur cette scène qui fait doucement rire les fans de Death, de Black et même de Heavy. Car oui, voyez-vous, il y a dans les Métalcore des refrains en chant clair et il parait que c’est le mal… Bref, passons les goûts et les couleurs de chacun pour revenir à nos moutons et plus précisément à Eyes Set to Kill. Il s’agit d’un groupe américain qui fut fondé au début des années 2000 par deux sœurs. Un défi culotté quand on sait que le Métalcore n’est pas forcément une scène qui laisse beaucoup de place à la féminité, même si cet adage a tendance à s’effacer. Après quelques changements de line-up, le groupe trouve une certaine stabilité en 2006 et fournit des albums de façon assez régulière depuis. Sauf après le précédent album, le sympathique Masks, car il faudra attendre près de cinq ans pour voir débouler le sixième album de la formation, un album éponyme, et qui va étonner par ses changements radicaux, passant d’un Post-Hardcore virulent à quelque chose de plus doux, de plus lisse et qui, forcément, déçoit.

Le skeud débute avec l’introduction Burn Down qui nous dit vouloir voir le monde brûler. On se dit alors que le meilleur est à venir et que la violence sera bien présente. Die Trying débute plutôt bien les hostilités. Les riffs sont bien lourds, le rythme est plutôt plaisant, jusqu’au chant. A partir du moment où les grattes s’arrêtent pour laisser le champ libre au couplet et à ce putain de vocoder dégueulasse, c’est un peu la douche froide. Le refrain forcé, les riffs qui s’adoucissent pour ne plus ressembler à rien, on reste assez circonspect sur cet effort qui tient plus du Nu-Métal bas de gamme que du vrai titre qui tabasse. Et ce n’est pas Not Sorry qui va nous rassurer, bien au contraire. Mou du genou, pas forcément entrainant, misant tout sur sa basse qui claque un peu et son refrain d’une rare pauvreté, le groupe s’enlise dans un faux rythme qui détonne du reste de leur discographie. Fort heureusement, Break va rehausser un peu le niveau. Démarrant avec un bon cri des familles annonçant le titre, les riffs lourds permettent de bien hocher la tête et malgré les faiblesses des couplets qui veulent faire valoir la voix de la chanteuse (un choix bien douteux), on sent une hargne bien présente et une envie de revenir à des fondamentaux qui ont fait le succès du groupe. Alors certes, ce n’est pas la panacée, mais ça permet de faire passer la pilule des deux premiers titres. Survive suivra ce moule avec des riffs bien gras qui entrecoupent des couplets un peu fatigués et laissent place à des refrains catchy mais qui manquent d’impact. Quant à Never Forget (le bas niveau des titres qui sonnent tellement années 2000 et Nu-Métal), on navigue en eaux troubles avec un titre étrange et qui manque d’un peu de tout.

La seconde moitié de l’album ne sera pas forcément mieux. Saved You With a Lie contient son petit côté attachant grâce à sa structure simple et efficace, mais surtout à sa mélodie délicieusement pop dépressive qui donne une image précise du groupe. C’est à la fois doux et violent, et si on a l’impression d’avoir entendu cela des milliards de fois, ça reste agréable à l’oreille. En fait, le principal problème de ce titre, c’est qu’il sonne trop « féminin ». Loin de moi l’idée d’une quelconque misogynie, mais globalement on a la sensation d’écouter de la pop pour midinettes avec des riffs un peu plus lourds au niveau de la gratte. Devastated, qui pourrait avoir l’apparence de la ballade de l’album, confirme cette petite pensée de public visé, à savoir des jeunes filles mal dans leur peau, un peu gothiques sur les bords et qui se font du bien en écoutant ça. Letting Go ne sortira pas de ce carcan avec son couplet tout mignon en chant clair et sa guitare toute timide. Cependant, le refrain est plutôt efficace et entrainant, ce qui compense le manque d’imagination du titre. Quant à Drift Away, c’est le titre bouche-trou par excellence qui ne marque rien de son empreinte. Idem pour Misery et Voices, qui démontrent un manque de souffle malgré des riffs un poil plus sauvages. Le plus surprenant restera le dernier morceau, punk dans l’âme avec Who we Used to Be. C’est rapide, sans temps mort et finalement, c’est peut-être là-dedans que le groupe excelle le mieux.

Au final, Eyes Set to Kill, le dernier album du groupe du même nom, est une belle déception. Ni virulent, ni virtuose, ni vraiment plaisant, on passe son temps à attendre des refrains catchy au milieu de couplets plutôt gênants et de transformations vocales qui font du mal à nos tympans. Les sœurettes de Tempe nous avait habitués à mieux et là, c’est avec tristesse que l’on se retrouve face à un album qui manque d’un peu de tout pour convaincre. Bref, cinq ans pour ça, ce n’est vraiment pas terrible, et on a l’impression d’écouter un truc qui a dix ans de retard, au moins.

  • Burn Down
  • Die Trying
  • Not Sorry
  • Break
  • Survive
  • Never Forget
  • Saved you With a Lie
  • Devastated
  • Letting Go
  • Drift Away
  • Misery
  • Voices
  • Who we Used to Be

Note: 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.