mars 29, 2024

Klone – Le Grand Voyage

Avis :

En matière de rugby, on dit que ce qui fait la force de la France, c’est qu’on est capable du meilleur comme du pire. En matière de musique, c’est la même chose. On est capable de surmédiatiser ce qu’on fait de plus lamentable alors que des artistes géniaux n’ont pas droit à une seconde d’antenne. C’est particulièrement flagrant quand on parle de rock, de punk ou de métal, sauf quand il y a le Hellfest (les 3 jours par an où on entend vaguement parler de métal à la télévision). C’est franchement regrettable car la scène française est particulièrement foisonnante, que ce soit dans la capitale comme dans des villes de taille modeste. Venu de Poitiers, Klone a sorti six albums, et créé sa propre structure, Klonosphère, aux côtés d’autres excellents groupes comme Trepalium ou encore Hacride. À l’origine évoluant dans un registre groove métal progressif, la musique de Klone a muté vers un métal progressif presque rock, nourri d’influences comme Devin Townsend Project, un virage accentué avec Here Comes the Sun sorti en 2015. Signé récemment chez Kscope (Anathema, Katatonia, Porcupine Tree, Steven Wilson), Klone continue sur cette lancée avec Le Grand Voyage, dont le titre introductif Yonder, lancé en éclaireur, a bénéficié d’un magnifique court métrage en guise de clip.

Comme son nom l’indique, le nouvel opus de Klone est une invitation au voyage, dans tous les sens du terme, que ce soit un trek en sac à dos, casque vissé à l’oreille (qui offre les conditions idéales pour écouter l’album) comme, plus métaphysique, celui de l’âme. Au fil des 48 minutes, on navigue entre grands espaces naturels et cosmos. Tout commence avec l’immersif Yonder qui débute avec un bruit d’orage, la voix magnifique de Yann Lignier, les notes légères de claviers de Matthieu Metzger, la guitare entre finesse et lourdeur et cette superbe ligne de basse. Des arrangements magnifiques, massifs et cinématographiques avec une construction magistrale. 7 minutes 32 pour un authentique chef-d’œuvre, entrée en matière absolument impressionnante. Klone embraye ensuite sur Breach, titre tellement léger et aérien qu’on a l’impression de flotter en apesanteur, avec un refrain prenant. Une ambiance atmosphérique qu’on retrouve dans Sealed avec une guitare superbe et un refrain magnifique et extrêmement émouvant. Un moment où on se laisse aller à fermer les yeux, la larme coulant facilement sur la joue. Indelible porte en lui la complexité de l’album au niveau des compositions, avec un début introspectif avant une explosion rythmique et un final de beauté sur fond de solo de saxophone.

Keystone démarre sur une longue séquence ambiante avant là aussi un final où les instruments s’emballent dans une orchestration riche. Hidden Passenger est très prenant avec un refrain qui happe où le chant clair de Lignier est souligné par un riff bien lourd. Un morceau qui monte crescendo avec une dernière partie bien puissante. The Great Oblivion nous rappelle que Klone est un groupe de métal. Les riffs se font rugueux et dynamique, la basse plus appuyée, et le chant nous rappelle Alice In Chains. Sad and Slow continue dans cette verve métal, hyper dense et mélancolique, et le batteur livre sa partie la plus complexe et la plus audacieuse du disque.Silver Gate conclut Le Grand Voyage avec panache, résumant toute la philosophie de l’album, avec un son aérien et contemplatif, et un chant inspiré.

Le Grand Voyage est un véritable appel à la méditation transcendantale. Complexe mais en même temps hyper accessible, intelligent sans être prétentieux, Klone trouve le juste équilibre pour livrer l’album parfait, celui après lequel bien des groupes courent en se cassant les dents. Si l’homogénéité de l’ensemble pourrait en rebuter certains, le niveau des compositions et l’émotion dégagée font qu’on se laisse porter et que les titres s’enchainent de manière limpide. Splendeur de tous les instants, Le Grand Voyage est un album généreux et riche, et nécessaire pour conserver toute sa foi en la beauté de la création humaine. Féliciter Klone va de soi, mais il faut avant tout les remercier pour ce cadeau qu’ils nous font. Pour vivre au mieux l’écoute, il faut faire une parenthèse dans le quotidien, se couper du monde quelques instants, et, si possible, dans l’idéal prendre le sac à dos et aller marcher dans la nature, casque sur les oreilles, Le Grand Voyage n’en sera que plus beau encore.

  • Yonder
  • Breach
  • Sealed
  • Indelible
  • Keystone
  • Hidden Passenger
  • The Great Oblivion
  • Sad and Slow
  • Silver Gate

Note : 20/20

Par Nikkö

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