mars 19, 2024

La Nuit du Mal – Eric Giacometti et Jacques Ravenne

Auteurs : Eric Giacometti et Jacques Ravenne

Editeur : JC Lattès

Genre : Thriller

Résumé :

Novembre 1941. L’Allemagne est sur le point de gagner la guerre. L’armée du Troisième Reich est aux portes de Moscou.
Pour Himmler, le chef des SS, la victoire sera définitive s’il parvient à s’emparer d’une swastika sacrée disparue en Europe. Pour Churchill, il faut absolument retrouver cette relique avant les nazis. Chacun compte sur Tristan Marcas, agent double au passé obscur.
Au cœur de cette guerre occulte entre les forces du Bien et du Mal, Laure, la résistante française, et Erika, l’archéologue allemande, vont s’affronter dans une lutte sans merci.
De Berlin à Londres, de la Crête mystérieuse à l’Italie de Mussolini, qui l’emportera dans ce duel entre l’ombre et la lumière ?
Et si la vérité se trouvait dans la jeunesse aux secrets interdits d’un certain Adolf Hitler ?

Avis :

Versés dans le thriller ésotérique depuis près d’une quinzaine d’années, Giacometti et Ravenne se sont longuement penchés sur les mystères et la symbolique liés aux francs-maçons. Aussi, on ne présente plus les aventures du commissaire Marcas. Entre temps, les deux écrivains se sont attelés à quelques projets individuels. Bien qu’ils aient toujours apprécié entremêler différentes périodes historiques à des intrigues contemporaines, Le Triomphe des ténèbres marquait une plongée inédite au cœur de la Seconde Guerre mondiale. Le premier volume du cycle du Soleil noir explorait l’ésotérisme au temps du IIIe Reich et, par extension, mettait en avant l’intérêt indéniable des nazis pour ce type d’enseignements secrets.

En l’occurrence, La Nuit du mal ne se penche pas sur une nouvelle énigme séculaire, mais se situe dans la continuité de son prédécesseur. La quête des swastikas sacrés se poursuit là où elle s’était arrêtée précédemment. De fait, il n’est pas envisageable de commencer par cet opus sans avoir parcouru le premier. Le rappel au début du récit sert uniquement à se remémorer les grands événements ; pas à bénéficier d’une synthèse narrant toutes les subtilités de l’intrigue. Ceci étant, le présent ouvrage n’impose pas de présentation avec une introduction classique. Le décor, le contexte et les personnages étant familiers, on entre immédiatement dans le cœur de l’action.

On notera que les missions secrètes et autres jeux de faux-semblants propres à l’espionnage gagnent en importance pour cette suite. De la logistique déployée à la mise en œuvre desdites missions, la découverte des coulisses de la Seconde Guerre mondiale s’arroge ici quelques (légères) libertés avec l’histoire. L’ensemble reste une fiction, mais l’évocation de certains faits, parfois méconnus, tend à crédibiliser l’approche. Les frontières avec la réalité sont flouées avec d’autant plus d’assurance que les protagonistes côtoient des personnages ayant vraiment existé. On songe à Ian Fleming, nanti d’une nonchalance et de compétences que ne renierait pas sa création littéraire ; un certain Bond.

Également présente en ces pages, une figure marquante pour ceux et celles intéressés par les milieux ésotériques : Aleister Crowley. Ce dernier est dépeint selon l’image principalement répandu sur l’individu. À savoir, un être opportuniste, porté sur la chair et attiré par la dépravation sous toutes ses formes. Au sein du livre, il apporte une touche de mysticisme qui offre notamment une résonnance particulière à la quête des swastikas sacrés. Les recherches archéologiques sont toujours de la partie et contrastent avec les précédents lieux visités. De la Crète à Venise, en passant par l’île de Malte ou Munich, l’exploration présente une excellente variété pour dépayser et intriguer le lectorat.

Autre point notable, l’alternance ponctuelle d’intermèdes centrés sur le passé d’Adolf Hitler. Son parcours permet d’entrevoir ses liens avec des groupuscules occultes, mais pas dans le sens paranormal du terme. Le culte du secret s’axe davantage sur la main invisible de mouvements motivés par l’accès au pouvoir politique et à la manipulation des masses plutôt que par une quelconque croyance. Cette dernière reste pourtant présente par le biais des mythes aryens et des questions raciales, elles-mêmes soutenues par les légendes germaniques. Ces passages ont le mérite d’apporter une certaine profondeur à l’intrigue. De plus, ils mettent en lumière le parcours d’Hitler, trop souvent « fantasmé » ou déformé, à travers des rencontres « décisives » et un traitement objectif.

Au final, La Nuit du mal développe plus en avant la corrélation entre nazisme et ésotérisme sur fond d’espionnage. Parfaitement équilibré dans les thématiques abordées et les différents aspects de l’histoire (aventure, espionnage, ésotérisme…), le cycle du Soleil noir se pare d’un second tome tout aussi convaincant et entraînant que son aîné. Le style est fluide, la narration travaillée et, pour ne rien gâcher, les éléments initiés en amont respectent leurs promesses, même s’il reste un ultime volet pour conclure la saga. Un thriller historico-ésotérique de qualité parfaitement crédible en parcourant des pages (presque) inexplorées de la période de l’entre-deux-guerres et de la Seconde Guerre mondiale.

Note : 16/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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