avril 16, 2024

Le Chocolat

Titre Original : Chocolat

De : Lasse Hallström

Avec Johnny Depp, Juliette Binoche, Judi Dench, Lena Olin

Année: 2001

Pays: Angleterre, Etats-Unis

Genre: Romance

Résumé:

Durant l’hiver 1959, Vianne Rocher s’installe avec Anouk, sa petite fille, à Lansquenet, une petite bourgade française. En quelques jours, elle ouvre une confiserie à proximité de l’église. C’est une chocolatière hors pair : elle devine la gourmandise cachée de chacun et adapte ses recettes raffinées pour combler ses clients. De nombreux villageois s’abandonnent rapidement à ses irrésistibles friandises et succombent à ses délices sucrés.
Mais la bourgeoisie huppée de la ville ainsi que le Comte de Reynaud sont outrés de voir les habitants envoûtés par les chocolats de Vianne. Craignant que ses friandises n’amènent les gens au péché et à l’oisiveté, le Comte s’oppose vivement au commerce de Vianne et, afin de causer sa faillite, interdit à quiconque de s’y rendre. La venue d’un autre étranger, le beau Roux, va bouleverser la donne. Il aide Vianne à tenir tête à ses détracteurs.

Avis:

Aujourd’hui, nous allons faire une petite pause en Suède pour parler du cinéma d’un homme que j’aime beaucoup et qu’on ne reconnaît pas assez à mon goût. Ce cinéma, et cet homme, c’est Lasse Hallström. Cinéaste qui exerce depuis les années 70, Lasse Hallström a trouvé une jolie notoriété à l’international au début des années 90, quand il part tourner aux Etats-Unis. Livrant toujours de jolis petits moments de cinéma, Lasse Hallström se pose alors comme un observateur du monde et sa filmographie regorge de petites merveilles, « Gilbert Grape« , « L’œuvre de Dieu, la part du diable« , « Terre Neuve« , ou encore le très, trop, lacrymal « Hatchi« .

Parmi tous ses films, il y en a un qui fait voyager. Il y en a un qui arrête le temps, un film doux et séducteur, un film qui offre un moment de cinéma où désir, envie, séduction, laisser vivre et gourmandise se heurtent à la religion, à la privation, et surtout à la frustration. Ce film, c’est « Le chocolat« . Véritable délice, aussi bien dans son intrigue qui saura autant amuser que toucher tout en explorant de bons sujets, que dans son visuel, qui s’il a quelque peu vieilli sur certains plans, demeure toutefois très envoûtant, se glissant joliment dans la peau d’un conte qu’on a envie d’explorer jusqu’au bout.

France, Hiver 1959, un petit village, deux étrangères arrivent en ville, Vianne et sa fille Anouk. Vianne loue la pâtisserie du village pour y ouvrir une chocolaterie. Les recettes de Vianne sont différentes, et elle-même dénote dans le paysage du village. Et oui, Vianne s’est installée dans un petit village régi par le maire qui est aussi un Comte et ce dernier ne voit pas d’un bon œil qu’une étrangère, et une femme seule, s’installe non loin de l’église pour y ouvrir une boutique de tentation et encore plus quand cette dernière s’ouvre alors que le Carême vient de débuter…

Cela faisait des années que je n’avais pas revu ce film de Lasse Hallström, et si je savais bien qu’il n’aurait pas tant vieilli que cela, il est vrai aussi que j’avais une petite crainte que le résultat ne soit pas aussi beau que dans mon souvenir. Heureusement, à la sortie du métrage, « Le chocolat » demeure quasi-intact.

Avec ce film, Lasse Hallström livre un film qui a plusieurs niveaux de lecture. Un film qui est loin de la bluette qu’il peut laisser transparaître quand on s’arrête sur son affiche. Quand on survole « Le chocolat« , le film de Lasse Hallström est une petite évasion qui fait du bien. L’ambiance est joliment posée, l’intrigue est amusante et touchante en même temps, et surtout elle est tenue par de très beaux personnages. L’instant passe vite, peut-être même un peu trop, entre le charme ravageur d’une Juliette Binoche impeccable, les plans de son réalisateur sur le fameux chocolat, obscur objet de toutes les tentations et les désirs, ou encore la sublime BO de Rachel Portman (on ne parle jamais assez de cette compositrice.), « Le chocolat » est un film qui, rien qu’en le survolant, a déjà tous les arguments pour qu’on passe un bon moment de cinéma.

Mais qu’on y regarde de plus près, « Le chocolat » est bien plus que ça. C’est un film bien plus fin, bien plus subtil, bien plus précieux ou encore bien plus riche qu’il n’en a l’air. « Le chocolat » est un film qui certes parle de l’humain, de la famille, et de l’influence de celle-ci sur le présent (tout ce qui est fait autour du passé, des origines et des ancêtres de Vianne et sa fille est très intéressant), mais « Le chocolat« , c’est aussi un film qui parle de désir et de frustration. C’est un film qui met en opposition ces deux sentiments. Puis au-delà de ça, plus loin encore que ces deux sentiments et toutes les batailles intérieures que cela peut amener, « Le chocolat » est un film qui parle des mentalités et de tolérance, ou plutôt d’intolérance. Une intolérance qui est masquée par une religion où tout n’est que pêché. Et c’est là que le film de Lasse Hallström éclate et se fait plus riche. Le cinéaste suédois a très bien compris comment aborder son sujet avec finesse et sans lourdeur. Le cinéaste sait comment faire opposer une certaine hypocrisie, une certaine ambiguïté et plus encore une certaine peur de l’autre, peur de l’étranger, de l’inconnu, car l’autre n’est pas moral, l’autre n’est que tentation. Dans ce sens, le scénario est excellent, car cette dualité, on peut la ressentir chez chacun des personnages (le casting est d’ailleurs aussi grand que parfait, Juliette Binoche, Judi Dench, Lena Olin, Alfred Molina, Johnny Depp, Leslie Caron, Carrie-Anne Moss, John Wood, Peter Stormare … N’en jetez plus !!!) ce qui fait que tous sont intéressants, et ça, même si parfois il faut dire que le scénario peut emprunter des chemins faciles, et là, je pense au personnage tenu par la sublime Carrie-Anne Moss.

« Le chocolat » est donc un délice. C’est un film qui ne fait pas de bruit, qui peut même offrir une fausse image de lui si l’on s’arrête sur son affiche. Bien plus qu’une romance entre Binoche et Depp dans un petit village français, « Le chocolat » explore beaucoup de choses, s’aventure sur des sentiers riches et importants et finalement, de scènes en réflexions, de choix en personnages creusés et intéressants, de plans savoureux, sensuels et délicats en notes de musique soignées, « Le chocolat » s’inscrit comme l’un des meilleurs films de Lasse Hallström et peut-être même son meilleur…

Note : 17/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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