avril 25, 2024

Le Cercle

Titre Original : Der Kreis

De : Stefan Haupt

Avec Matthias Hungerbühler, Peter Jecklin, Martin Hug, Aaron Hitz

Année: 2015

Pays: Suisse

Genre: Drame

Résumé:

Zurich, 1958. Ernst et Röbi se rencontrent par l’intermédiaire du Cercle, une organisation suisse clandestine, pionnière de l’émancipation homosexuelle. Alors que les deux hommes luttent pour leur amour, ils vivent l’apogée et le déclin du Club, éditeur d’une revue homosexuelle trilingue, la seule alors autorisée dans le monde.

Avis :

Stefan Haupt, ce nom ne vous dit rien, je vous rassure, il ne me disait rien à moi non plus, quand j’ai décidé de me lancer dans son film. Réalisateur suisse, Stefan Haupt a déjà derrière lui vingt ans de carrière et pas moins de dix films à son actif. Mais pourtant, le nom du réalisateur n’est connu que dans son pays, ce qui est normal pour ainsi dire, puisque hormis « Le cercle« , aucun de ses films n’est arrivé jusque chez nous. Que ce soit la salle, la sortie direct to DVD ou encore la VOD ou autres plateformes comme Netflix, rien. Le réalisateur aura dû attendre « Le cercle » pour venir faire un petit tour sur les écrans français. Et encore, il est évident qu’à sa sortie, le film fut très mal distribué.

« Le cercle » est un film que je voulais voir quand il est sorti en salle, parce qu’il avait l’air de détenir un sujet des plus intéressants. Malheureusement, comme évoqué plus haut, le film de Stefan Haupt m’est passé sous le nez et je me rattrape donc quatre ans plus tard, car j’ai enfin mis la main sur le DVD. Mais bon bref, passons tout de suite à ce qui nous intéresse le plus, « Le cercle » est-il un bon film et est-il aussi intéressant que je l’espérais ? Incontestablement oui. « Le cercle« , c’est un très joli oui. Un oui touchant, intéressant et instructif. Un oui qui, même s’il a ses défauts, et notamment un côté docu fiction avec lequel certains auront peut-être du mal, sur la longue, « Le cercle » est une œuvre qui résonnera comme belle, et devant laquelle on passe un bon moment.

Zurich, 1958, Ernst et Röbi se rencontrent via Le cercle, une organisation qui s’occupe de publier à la limite de la clandestinité, le premier magasine qui aborde l’homosexualité dans le pays. Si cette dernière n’est pas interdite, comme dans beaucoup d’autres pays, on ne peut pas dire qu’elle soit si bien tolérée que cela. Ernst aspire à devenir professeur, Röbi quant à lui est étudiant. Les deux hommes se rencontrent, s’aiment et ensemble, ils affrontent le regard des hommes, les jugements et la police.

Bon, autant le dire tout de suite, si « Le cercle » est un joli et bon film, je vais faire partie de ceux qui ont eu du mal avec le côté docu-fiction. Alors que je pensais trouver une fiction tirée d’une histoire vraie et malgré la tendresse qui peut se dégager des interviews des protagonistes, il a fallu du temps pour entrer pleinement dans le film de Stefan Haupt. Comme bien souvent avec les docu-fictions, les interviews des « survivants » qui s’incrustent dans le récit cassent le rythme et font que l’on ressort quelque peu du film, ou du moins de l’histoire qui nous est racontée. Et ce sentiment est dommage, car dans le fond, les interventions des deux hommes apportent toujours des commentaires intéressants et sur l’ensemble du film, cette idée de docu fiction va rendre le film encore plus touchant, puisque malgré, et face à toutes les épreuves que la vie et les époques ont pu faire à ces deux hommes, l’amour a triomphé de la plus belle des manières et au final, j’irais même jusqu’à dire que « Le cercle » de Stefan Haupt n’aurait pu se faire autrement, et après vision, on ne peut le voir autrement, mais pour cela, je le répète, il faut un temps d’adaptation qui est peut-être un peu trop long.

Une fois passé ce côté docu-fiction, pour le reste, « Le cercle » demeure un joli film devant lequel on passe un joli moment partagé entre instruction, émotion et cinéma. « Le cercle » est un scénario qui est vraiment intéressant, parce que Stefan Haupt tient-là un sujet que l’on voit peu au cinéma. Si l’homosexualité ou l’homophobie sont bien souvent traitées au cinéma, elles demeurent souvent abordées dans l’époque actuelle. Le film de Stefan Haupt se déroule dans les années 50, début 60, et il aborde avec combativité et pudeur l’émancipation de l’homosexualité face à un pouvoir, un gouvernement et un pays qui joue la carte de l’hypocrisie, dans le sens où l’homosexualité n’est pas condamnée, elle est permise, mais elle demeure très mal vue et entre mensonge et rapt de la police, des vies sont peut-être brisées alors même que les hommes arrêtés n’étaient en rien dans l’illégalité et c’est ce côté-là de l’intrigue qui est le plus intéressant. « Le cercle« , c’est aussi une rencontre touchante, et une histoire d’amour qui est bouleversante. Une histoire d’amour qui est magnifiquement tenue par ses deux interprètes principaux, Matthias Hungerbühler et Sven Schelker, les deux hommes captivent l’écran et sont magnétiques. Bien entendu, si au départ on a un peu de mal avec le rythme et le montage des interventions, « Le cercle » c’est aussi les vrais Ernst Ostertag et Röbi Rapp qui sont vraiment touchants et surtout criants de sincérité.

Cette première incursion dans le cinéma de Stefan Haupt fut donc un joli moment de cinéma. Certes, le montage et les interventions ne sont pas toujours bien intégrés à l’ensemble, ce qui donne de petits coups de mou, mais à la longue, on se laisse prendre au jeu et surtout, on se laisse toucher, voire plus, par ses personnes et ses personnages. Puis, il faut aussi avouer que Stefan Haupt, dans l’ambiance qu’il a voulu, réussit très bien à recréer les tensions de l’époque, la violence policière et l’envie de ces hommes de changer le monde et surtout d’en finir avec cette hypocrisie générale. Bref, « Le cercle » est une jolie découverte.

Note : 14/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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