avril 25, 2024

Le Secret de la Planète des Singes

Titre Original : Beneath the Planet of the Apes

De: Ted Post

Avec James Franciscus, Kim Hunter, Maurice Evans, Linda Harrison

Année: 1970

Pays: Etats-Unis

Genre : Science-Fiction

Résumé :

L’astronaute Brent est envoyé au secours de Taylor, mais s’écrase à son tour sur la « planète des singes ». Cherchant à retrouver son compagnon avec l’aide de Nova, il suit sa trace jusque dans la « Zone Interdite » où il découvre une société de mutants humains télépathes…

Avis :

En 1968, la Fox réalisait un petit exploit en adaptant La Planète des Singes de Pierre Boulle. Alors que la science-fiction n’était plus à la mode à l’époque et se cantonnait à des récits pour les enfants, les studios, alors en difficulté, ont fait un énorme carton avec le film de Franklin J. Schaffner. Cependant, l’année suivante, le studio se retrouve en déficit à cause de plusieurs échecs successifs et l’idée de faire une suite à La Planète des Singes commence alors à germer. Le problème étant de donner une vraie suite à un film qui se suffisait amplement à lui-même. Les producteurs contactèrent alors Pierre Boulle qui leur présenta un travail qui ne leur plaisait pas et après moult changements, une ébauche pris forme. Cependant, les producteurs voulaient une tête d’affiche et Charlton Heston refusait de jouer dedans, ou alors, il fallait qu’il meure au début du film. Un accord fut trouvé et c’est James Franciscus, alors star montante et presque sosie de Heston, qui prit la place du héros. Malgré tout, le film n’était pas encore totalement finalisé et le réalisateur Ted Post ne savait pas vraiment où se diriger vers la fin. Bref, une production complexe pour sauver un studio au bord du gouffre. Et pour un film qui finalement, ne vaut pas grand-chose.

Alors qu’à la base, Pierre Boulle voulait montrer l’évolution de la société grâce à Nova et Taylor, puis une guerre entre humains et singes menait par le fils de Taylor et Nova, les studios ont décidé de faire complètement autre chose, qui ne prenait pas de risque. En effet, on va voir Brent, un nouvel astronaute, qui atterrit sur la planète des singes pour sauver Taylor. Dès le départ, on sent une grosse incohérence puisqu’il est dit dans le premier film que le voyage de Taylor allait durer plus de 2000 ans. Comment, à peine quelques années plus tard, un astronaute a pu savoir que Taylor était en danger ? Mais passons cette ellipse temporelle pour aller à l’essentiel. Le début n’est qu’une resucée du premier opus. On cale quelques images du film de Schaffner, et on refait la même chose avec Brent, qui se fait capturer et qui va s’enfuir pour explorer la zone interdite. Manque de pot, un gorille nommé Ursus veut conquérir les terres arides de la zone interdite et une sorte de course-poursuite se met en place. A partir de là, Brent découvre alors une nouvelle civilisation, des humains télépathes vivants sous terre et possédant une arme atomique capable de réduire la planète en cendres. La guerre est alors imminente.

Ce scénario ne tient pas vraiment la route car il pêche par plusieurs incohérences. Celle évoquée au début bien évidemment, mais aussi par la découverte fortuite des humains, par l’obtention de leur pouvoir, dont on ne saura rien, et surtout par la découverte rapide de cet emplacement par les singes. Tout est très rapide et joue sur des faits hasardeux qui ne tiennent pas vraiment debout. Les scénaristes ont choisi la facilité et cela se sent. D’ailleurs, si le premier film est autant intemporel, c’est parce qu’il joue sur des choses immuables, comme la statue de la liberté sur la fin du métrage. Ici, le film joue avec des technologies qui sont en constante évolution. Ainsi, lorsque Brent découvre le métro et le téléphone, ça ne matche pas aujourd’hui avec toutes nos évolutions. On ne peut pas se projeter sur cet avenir, puisque ce que l’on nous montre n’est plus d’actualité du tout. C’est un réel problème qui enlève de la crédibilité au film.

Une crédibilité qui va prendre un coup dans l’aile lorsque les humains télépathes sont dévoilés. Non seulement ils sont ridicules, avec leurs yeux froncés pour faire apparaître des choses, mais en plus de cela, ils n’ont pas l’impact que peuvent avoir les singes. Là où le premier film amenait à une réflexion sur la nature humaine et son évolution égoïste, ici, on se retrouve avec une communauté de débiles vénérant une bombe, lorgnant clairement vers le bis non assumé. On ressent aussi des étapes forcées avec ces personnages. Les retrouvailles avec Taylor, la pseudo bagarre un peu bestiale entre les deux personnages qui sont alors contrôlés mentalement ou bien la révélation des télépathes qui retirent tous des masques pour montrer leur monstruosité. On sent la volonté de créer un élément choc à la hauteur de la fin du premier, mais ici, ça ne fonctionne pas. D’autant plus que, étrangement, les maquillages et les effets spéciaux sont beaucoup moins réussis que dans le premier opus. On sent qu’il y a un relâchement dans le projet, comme s’il était moins pris au sérieux. Certains costumes de singes manquent de finesse, où l’on voit la peau du comédien s’il lève trop la tête, et les incrustations sont assez ignobles dès le début du film. Bref, ce n’est pas la joie chez les primates.

Alors que reste-t-il de sympathique dans ce film ? Tout d’abord, James Franciscus est vraiment très bon dans ce film. Il donne de l’épaisseur à son personnage, il est relativement charismatique et on s’attache à cet humain qui veut faire correctement sa mission. S’il n’aura pas de background, il demeure un protagoniste pour lequel on ressent de l’empathie. Il est juste dommage qu’à partir du moment où il rencontre les autres humains, il surjoue constamment la douleur. Ensuite, c’est très clairement la fin du film qui est intéressante, car elle trouve un écho dans la survie des studios de la Fox. En effet, à l’époque, la Fox était dirigée par Darryl Zanuck et son fils, Richard, voulait prendre la tête des studios. Sauf que son père ne l’a pas entendu de cette oreille et vire son fils, alors en pleine production de la suite de La Planète des Singes. Suite à ce renvoi, il appelle Ted Post pour lui dire comment finir le film, en faisant exploser le missile, détruisant ainsi la planète. Une fin qui ne plaira à personne, mais qui sera acceptée, marquant ainsi l’état d’esprit du producteur à ce moment-là. Un esprit nihiliste, menant finalement une licence à sa presque perte, écho de son échec à reprendre la Fox (il rejoindra plus tard la Warner).

Au final, Le Secret de la Planète des Singes n’est pas une bonne suite. Il est d’ailleurs étonnant de voir que l’histoire autour de la production du film soit plus intéressante que le film en lui-même. Ted Post compose avec ce qu’on lui demande et avec les acteurs qu’il a sous la main, faisant du mieux qu’il peut avec les difficultés financières du groupe. Il en résulte une suite très moyenne, pas du tout à la hauteur du premier film de Schaffner. Et ce qui aurait dû enterrer la Fox va être un succès au box-office, lançant par la même occasion une licence plus ou moins juteuse.

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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