mars 19, 2024

La Source – Cité Surfeur

De : Rodolphe Lauga

Avec Sneazzy, Christophe Lambert, Alice David, Fred Testot

Année: 2019

Pays: France, Belgique

Genre: Comédie

Résumé:

Samir vit dans une cité populaire, en banlieue d’une grande ville de province.
Entre l’ennui et les petits coups foireux pour tuer le temps avec les potes, son père le forme à la plomberie. Quand celui-ci décède brutalement, Samir n’a plus d’autre choix que de reprendre l’entreprise familiale pour subvenir aux besoins de sa mère et de ses deux sœurs. Le destin va pourtant en décider autrement…
À la médiathèque de son quartier, il a une révélation : devant une couverture de magazine représentant un surfeur, son horizon s’élargit. Son avenir est là, sous ses yeux.
Dès lors, il n’aura de cesse de tout mettre en œuvre pour réaliser son rêve, à commencer par la base : apprendre à nager. 

Avis:

Rodolphe Lauga est un réalisateur dont « La source » est le premier film qu’il réalise seul. Technicien de cinéma, il bosse pendant une bonne dizaine d’années comme cadreur pour des gens comme Eric et Ramzy, Guillaume Canet, Dany Boon ou encore Romain Levy. Scénariste et dialoguiste à ses heures perdues, Rodolphe Lauga passe un nouveau cap en 2014, où il réalise avec Manu Payet la comédie romantique, « Situation amoureuse, c’est compliqué« , qui sans être un grand film, demeurait toutefois une comédie sympathique qui faisait mouche.

Cinq années se sont donc écoulées depuis ce premier film, mais Rodolphe Lauga n’a pas chômé, et si « La source » est le premier film qu’il réalise depuis, il est aussi sur un projet qui remonte à plus loin que sa réalisation avec Manu Payet. Sept ans, voilà le temps qu’il aura fallu à Rodolphe Lauga pour que son film voie le jour. Sept années d’écriture, de recherche de financement, de production, et un tournage qui s’est étalé sur une presque une année, afin d’offrir quelque chose de cohérent et logique. Ces sept années valaient-elles alors le coup ? La réponse se trouve quelque part dans un sentiment mitigé, car s’il est clair que « La source » est un film qui atteint dans un sens son but et arrive même à se faire divertissant, il demeure aussi et malheureusement un film « facile » à l’intrigue qu’on a déjà vu bien trop de fois.

Orléans à la fin des années 90, Samir est un jeune homme qui habite la cité de la source et quand il essaie d’entrevoir son avenir, ce dernier n’est pas satisfaisant. Un soir, par hasard, il découvre le surf, et en creusant un peu plus ce sport, il a comme une sorte de révélation. Samir sera surfeur professionnel, mais comment faire alors qu’il habite une cité HLM d’Orléans, qu’il ne sait même pas nager, alors qu’il a déjà la vingtaine, et que dans sa famille, le chemin est tout tracé, il sera plombier, comme son défunt père ?

« La source » est un film dont je ressors assez partagé finalement. Partagé parce que dans un sens, ce premier film de Rodolphe Lauga n’est pas mauvais, loin de là, et il a même dans ce qu’il aborde et la façon de l’aborder des côtés très intéressants. Mais c’est aussi dans un autre sens, un film qui ressemble à beaucoup d’autres sur le sujet. « La source » est dans un sens un film facile, qui ne va prendre aucun risque et oublier toute originalité et tout sens de la surprise, ainsi, on connait déjà ce genre de film et d’intrigue par cœur et à aucun moment on va être surpris par ce qui s’y passe.

Alors après, ça reste un métrage sympathique, qui se suit avec un certain intérêt, car il a pour lui le fait d’avoir des personnages touchants et plaisants. Puis, il a aussi pour lui, et c’est peut-être sa grande force, le fait d’aborder de manière très juste, tout un tas de sujets qui sont intéressants. Si le parcours est balisé et qu’il n’aura aucune originalité en soi, il faut saluer le travail dans l’écriture des sujets que Rodolphe Lauga a envie de parcourir au travers de cette histoire, qui est inspirée d’une histoire vraie. Avec ce film, Rodolphe Lauga offre une bonne réflexion sur le dépassement de soi, sur le fait de rêver et de ne pas renoncer à ses rêves. « La source » parle d’efforts, de volonté, d’estime de soi. Le film parle du fait de sortir de sa zone de confort, d’aller plus loin et de ne pas avoir de regret. « La source« , c’est un apprentissage, et malgré les faiblesses d’un scénario cousu de fil blanc, dans le fond, ça fonctionne, car il y a un sentiment d’extrême sincérité qui se dégage de l’ensemble. Malgré le manque de surprise, malgré le fait qu’on connaisse cette histoire par cœur, on sent que le film existe pour de bonnes raisons. On sent qu’il tenait le cœur de son réalisateur. Il y a quelque chose de fort qui se dégage du film et l’on sent qu’il est fait avec bienveillance. Que ce soit dans la vie des cités, ou encore pendant les entraînements, ou bien sûr la vie de surfeurs, Rodolphe Lauga, malgré le côté déjà vu, évite les caricatures et les clichés. D’ailleurs, l’un des sujets les plus intéressants, c’est la façon dont le cinéaste décrit la vie de cité. Dans un sens, le film peut résonner comme cliché, mais quand on y regarde de plus près, et dans un autre sens, il ne l’est absolument pas et cette frontière est très intéressante.

Comme je le disais plus haut, le film fonctionne aussi parce qu’il a des personnages intéressants. Si le casting n’est pas toujours très juste, notamment sur sa tête d’affiche, le rappeur Sneazzy, dont c’est la première fois au cinéma, il finit par se rattraper grâce à l’écriture fournie en amont sur les personnages. « La source » est l’occasion de revoir le grand Christophe Lambert dans un bon rôle. Un rôle en totale fusion avec Christine Citti (extraordinaire) qui incarne sa femme à l’écran. Petite déception venant d’Alice David qui trouve un personnage assez plat. Enfin, une jolie révélation, Thomas Goldberg.

« La source » est donc un film qui a ses hauts et ses bas. C’est un film qui est totalement prévisible, qui n’a pas vraiment d’originalité, même si, dans le fond, il demeure bien fait. Rodolphe Lauga tenait à ce film et tout comme son personnage, il s’est battu pour que son film voit le jour, et malgré le côté déjà vu, malgré les petites failles que son film peut avoir, sur l’ensemble, « La source » fonctionne, et se trouve même être divertissant. Chaque année en France, des films beaucoup moins méritants que celui-ci voient le jour et « La source« , surtout en ce moment, en vaut bien un autre. Donc à vous de voir, « La source » ne sera pas un essentiel de l’année, mais il ne vous fera pas passer un mauvais moment non plus.

Note : 12/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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