mars 29, 2024

Les Enfants de la Mer

Titre Original : Kaijû no Kodomo

De : Ayumu Watanabe

Avec les Voix Originales de Mana Ashida, Hiiro Ishibashi, Seishû Uragami, Win Morisaki

Année : 2019

Pays : Japon

Genre : Animation

Résumé :

Ruka, jeune lycéenne, vit avec sa mère. Elle se consacre à sa passion, le handball. Hélas, elle se fait injustement exclure de son équipe le premier jour des vacances. Furieuse, elle décide de rendre visite à son père à l’aquarium où il travaille. Elle y rencontre Umi, qui semble avoir le don de communiquer avec les animaux marins. Ruka est fascinée. Un soir, des événements surnaturels se produisent.

Avis :

À cinquante-deux ans, Ayumu Watanabe est un réalisateur japonais spécialisé dans l’animation qu’on ne connaît pas vraiment chez nous. S’il travaille dans l’animation depuis la fin des années 80, c’est assez tard qu’il se met à réaliser, puisque sa première création, « Doraemon: Nobita no kyôryû « , encore inédite chez nous, date de 2006. Depuis, Ayumu Watanabe n’a cessé de bosser, et trois films et cinq séries plus tard, voici que « Les enfants de la mer » est le premier long-métrage et au-delà de ça, le premier projet du réalisateur, qu’on voit arriver chez nous.

« Les enfants de la mer » est le genre de film qui me donnait envie rien que par son affiche. Je n’en connaissais rien, et quand je suis entré en salle, je n’avais même pas vu sa bande-annonce. À la vision de son affiche, je m’attendais alors à un petit film d’aventure, comme nos amis japonais savent si bien les faire. Eh bien il n’en sera rien, et « Les enfants de la mer » est un film dont je vais avoir bien du mal à parler, tant Ayumu Watanabe livre-là une expérience. Visuellement époustouflant, « Les enfants de la mer« , c’est une réflexion sur le monde, l’univers et la place qu’on y tient. Terriblement méta, très contemplatif, offrant de belles réflexions, le film d’Ayumu Watanabe est une poésie en coups de crayon et s’il est difficile d’accès, une fois qu’on s’est laissé immerger, alors le spectacle, les réflexions et les émotions ne font qu’un et rien que pour ça, « Les enfants de la mer » mérite qu’on s’y attarde, ou du moins qu’on essaie…

Ruka est une jeune lycéenne qui se fait une joie d’être en période de grandes vacances. Ruka adore le handball et elle espérait bien profiter de ses vacances pour y jouer. Malheureusement, elle se fait injustement renvoyer. Dévastée, elle va rendre visite à son père qui travaille dans l’aquarium de la ville et c’est là qu’elle va y faire la rencontre de Umi, un jeune garçon d’à peu près son âge. Umi et son frère, Sora, sont deux garçons très particuliers qui ont été élevés par des dugongs. Les deux enfants ne peuvent rester secs très longtemps, et vivent près de la mer, en communion avec les espèces maritimes. Alors que Ruka se lie d’amitié avec eux, un évènement unique se prépare…

Que dire, par où commencer, tant l’expérience offerte ici par Ayumu Watanabe est unique et peut résonner différemment aux yeux et aux sens de chacun. Si je devais alors commencer quelque part, je dirais que premièrement, je ne m’attendais absolument pas à un tel film et que dans un certain sens, « Les enfants de la mer » n’est pas un film qui se livre comme ça. C’est même un film qui peut être très difficile d’accès et je peux aisément comprendre que plus d’un spectateur renonce et sorte de la salle avec la sensation de ne pas tout avoir compris, d’ailleurs moi-même, au moment où j’écris ces quelques lignes, je suis encore en réflexion et j’ai très envie de me replonger dans cette œuvre, afin d’être sûr d’en comprendre toutes ses subtilités.

Partant d’une intrigue assez simple, « Les enfants de la mer » est un film qui ne va faire que muter si l’on peut dire. Le scénario et l’histoire qu’a envie de nous raconter Ayumu Watanabe n’est pas simple et le film demande un effort à son spectateur. Entre aventure, drame et quête existentielle, « Les enfants de la mer » offre un parcours aussi étrange qu’il va devenir de plus en plus passionnant. Sorte de poésie presque hallucinatoire, Ayumu Watanabe part très loin dans ses réflexions. Alliant parfaitement le fond et la forme, « Les enfants de la mer » va alors muter en permanence sous nos yeux et il en devient imprévisible. Les réflexions et les messages sont forts, puissants, sombres et optimistes à la fois. Ayumu Watanabe aborde la vie, sa création, la place de l’homme dans l’univers, la place de chacun au sein d’un tout. Évidemment, si le film parle de la vie, il parle aussi de la mort, de ce qu’elle est ou pas. Tous ces sujets et tant d’autres encore se mélangent dans ce que l’on peut aisément appeler un requiem poétique qui a tout d’un Terrence Malick ou d’un Godfrey Reggio. On en prend plein les yeux, plein les oreilles, la BO de Joe Hisaishi est à coup sûr l’une des plus belles de l’année, et plein les émotions, car comme je l’évoquais déjà plus haut, « Les enfants de la mer » est une expérience qui touchera chacun de manière très différente. Certains vont être bouleversés, d’autres passeront à côté, allant peut être jusqu’à trouver ça prétentieux, et tout avis peut s’entendre, tant je le répète le film est une expérience unique.

Très beau, « Les enfants de la mer » est aussi un petit bijou dans sa mise en scène et au-delà de ça, dans son graphisme. Utilisant plusieurs techniques d’animation, Ayumu Watanabe nous envoûte tant c’est beau. Mélangeant le vintage au récent, mélangeant les coups de crayon apparents aux images plus informatisées, « Les enfants de la mer » est un très joli tour visuel qui démontre bien l’envie de son réalisateur à offrir quelque chose de beau, et qui en plus d’être beau (et de raconter quelque chose), le cinéaste veut offrir quelque chose de grandiose.

Magnifique dans ses images, puissant dans ses réflexions, beau, tendre, humain, intellectuel, « Les enfants de la mer » est une œuvre unique, c’est une poésie de pratiquement deux heures. Et si le film est difficile d’accès, on ne peut le nier, il sort tant des sentiers battus, il propose tant de choses, de nouveautés, il est fait avec tant d’audace et de passion, qu’il mérite qu’on s’y arrête et ça, même si beaucoup peuvent être réfractaire à la poésie. Dans tous les cas, pour le savoir, il faut au moins essayer et malgré la difficulté pour y entrer, on ne peut que pousser à essayer.

Note : 15/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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