mars 29, 2024

Le Bout du Monde

Titre Original : Rim of the World

De: McG

Avec Jack Gore, Miya Cech, Benjamin Flores Jr., Alessio Scalzotto

Année: 2019

Pays: Etats-Unis

Genre: Fantastique, Action, Aventure

Résumé:

Quand une invasion extraterrestre interrompt leur camp d’été, quatre ados marginaux s’allient pour tenter de sauver le monde au fil d’aventures épiques et formatrices.

Avis:

Au début des années 80, Steven Spielberg, accompagné par Kathleen Kennedy et Frank Marshall, décide de créer sa propre boîte de production et de l’appeler Amblin. A la suite de cela, une pléiade de films vont sortir et certains seront une véritable marque de fabrique de chez Amblin à savoir les métrages d’aventures mettant en scène des enfants. Le plus emblématique de tous est bien évidemment les Goonies de Richard Donner, mais on peut aussi y ajouter E.T. – L’Extraterreste, Bigfoot et les Henderson ou encore Hook un peu plus tard. Depuis, si Amblin continue d’alimenter les écrans (Ready Player One, Jurassic World ou encore La Prophétie de l’Horloge), certaines maisons de production essayent de copier ce style, sans pour autant y arriver. C’est le cas de Netflix qui a remis dans les mains du réalisateur McG (Charlie et les Drôles de Dames, Terminator Renaissance) le projet du Bout du Monde, où des extraterrestres hostiles viendraient foutre le bordel sur Terre et le sort de l’humanité va tenir entre les mains de quatre adolescents que tout oppose. Bref, un film pour les adolescents en devenir, mais qui malheureusement, ne tient absolument pas la route.

McG est un bourrin. Quand on voit sa filmographie, cela ne fait aucun doute et l’introduction de ce film en est un exemple flagrant. Dès le départ, ça part dans tous les sens, on nous présente rapidement les trois personnages principaux qui rentrent dans des stéréotypes décevants. On aura droit au geek de service, roux, qui n’a pas d’amis et qui a perdu son père. Il y a aussi le black très riche qui se la joue gangsta avec des tenues improbables et une lourdeur insoutenable. Et puis il y a l’asiatique de service, la jeune fille qui ne parle pas et dont tout le monde se fout de la gueule en prenant un accent ou en lui faisant des réflexions désobligeantes. Ce petit groupe sera complété par un jeune homme étrange, qui cachera un lourd secret, celui de s’être échappé de prison parce qu’il a des problèmes avec les nombres. Bref, un quatuor classique et sans saveur qui pioche du côté de tout ce qui a déjà été fait. Néanmoins, on pourrait croire que cette petite bande soit attachante, mais il n’en est rien. La comparaison avec les Gonnies fait mal, puisqu’ici on ne ressent de l’empathie pour personne et les réflexions racistes ou cinématographiques gratuites fusent dans tous les sens.

Il y a un réel problème de ton dans ce métrage qui n’arrive jamais à se rendre intéressant ou tout du moins crédible. Car même si le public visé se doit d’être jeune pour apprécier, il y a certaines choses qui ne sont pas acceptables. Prenons par exemple se moment étrange où les jeunes trouvent une bagnole flambant neuve et avec laquelle ils vont faire des burn touchant presque à la prouesse de cascadeur. On sait aussi que l’humanité est en jeu et que cette bande doit se rendre dans un centre de la NASA, mais les ados vont prendre le temps de se changer dans un centre commercial et de faire un peu la fête, plaçant de façon putassière la marque Adidas qui a dû mettre beaucoup d’argent dans le projet. Si ces écarts peuvent passer auprès d’un jeune public qui sera certainement mort de rire, chez les adultes, ce sera une autre paire de manches. La faute à un script ultra linéaire et qui accumule les moments douteux, tout ça pour faire dans la gaudriole. Une gaudriole qui vire parfois au mauvais goût lorsque l’asiatique se prend des réflexions sur ses origines (La Corée du Nord nous envahit, Zhenzhen tu dois faire quelque chose) ou encore lorsque le black coche toutes les cases du rappeur blindé con comme une bite et qui ne sert à rien à part enfiler les remarques cinématographiques. Il est le cliché d’un cliché et s’en prend plein la gueule, comme si le réalisateur réalisait une catharsis.

Comme si cela ne suffisait pas, le film accumule les tares scénaristiques, les enfants évitant à chaque fois de justesse les explosions ou les monstruosités. Si l’on peut accepter le constat une fois ou deux, sur toute une longueur de film, c’est très redondant et pénible. D’autant plus que McG plagie sans vergogne, notamment sur Jurassic Park au détour d’une scène dans une cuisine avec un chien alien aux trousses. L’ensemble est bien trop grossier pour réellement convaincre et c’est dommage. Ajoutons à cela des acteurs absolument affreux qui ne font rien pour rendre leur personnage attachant. Le jeune qui a fait de la prison est transparent au possible, le black est mal écrit et insupportable, le geek amoureux est inexpressif et l’asiatique se révèle être pénible à la longue. Alors il est vrai que l’on ne s’ennuie pas devant ce film qui dure peu de temps et qui ne perd pas de temps en profondeur, jouant principalement sur l’amitié naissante des personnages et leur construction d’une famille de cœur. Néanmoins, les effets spéciaux sont une insulte pour les yeux. Le design des créatures est scandaleux (comment des aliens à moitié araignée grognant et sans arme technologique au sol peuvent se battre dans de gros vaisseaux et avoir un énorme vaisseau-mère?) et les incrustations sont dégueulasses. Franchement, les CGI lorgnent plus du côté de chez Asylum que d’une production digne de ce nom. Et cet antagoniste ne met pas en valeur les intentions des extraterrestres qui sont juste des méchants pour être méchant. Binarité quand tu nous tiens…

Au final, Le Bout du Monde de McG est un film très décevant entre ce qu’il veut vendre et ce qu’il offre. Alors que l’on était en droit de s’attendre à une Goonies version SF, on se retrouve avec une production au rabais, mal écrite et sans aucune profondeur, où tous les sujets sont survolés pour arpenter le chemin sinueux des diverses références geeks et cinématographiques pour finalement ne rien en faire. Un film qui pourra plaire aux enfants par son rythme soutenu et ses personnages débiles, mais qui laisse pantois face à sa bêtise crasse et ses personnages insupportables. Bref, une déception de plus pour Netflix…

Note: 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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