mars 28, 2024

The Dillinger Escape Plan – Dissociation

Avis :

Il arrive un moment dans la vie d’un groupe, où la rupture est inévitable. Et cela est largement compréhensible. En effet, si l’entrée en studio est un moment incroyable de création et d’émulation, ça ne fait pas forcément vivre un groupe. La mode étant à la dématérialisation, la vente d’albums est en chute libre et il faut trouver d’autres moyens de revenus. Du coup, les tournées sont non seulement un instant propice au partage avec les fans, mais aussi un moyen de gagner plus facilement de l’argent. Sauf qu’il faut aussi accepter d’être loin de sa famille, de ses proches, durant un certain temps et cela est parfois très lourd. Rajoutons à cela de l’argent qui parfois suffit à peine à payer la tournée, et on se retrouve avec un serpent qui se mord la queue et des groupes qui vivotent en faisant des crises d’asthme. Bref, la musique, et notamment le métal, qui demeure moins bankable que la pop, n’est pas une gageure de gain d’argent. Est-ce tout cela qui a coûté la vie à The Dillinger Escape Plan ? Peut-être, mais si le groupe a splitté en 2017, il avait tout de même livré un ultime album, Dissociation, en 2016, afin de dire un dernier mot aux fans du groupe. Est-ce réussi ?

Ce qu’il faut savoir avec The Dillinger Escape Plan, c’est que leur musique est extrême, mélangeant le Métalcore avec le Mathcore et quelques éléments jazzy, et que leurs prestations scéniques le sont tout autant. De quoi épuiser les corps et les âmes. Et ce n’est pas ce dernier effort qui va nous faire dire le contraire. Dès le départ le groupe lâche une petite bombe avec Limerent Death. Ultra saturé, partant à trois mille à l’heure, le morceau laisse sur le cul et peut même paraître complètement non-sensique. La rythmique est hachée, le chanteur hurle de tous ses poumons et on sent une certaine colère émaner de tout ça. Pourtant, il reste difficile de ne pas voir la qualité intrinsèque des musiciens qui jouent comme si leur vie en dépendait. On retrouvera un pont qui laisse plus de place à la batterie et à la basse et c’est ainsi que l’on se retrouve face à un titre lourd, surpuissant (peut-être trop) et qui épuise d’entrée de jeu son auditeur. Avec Symptom of Terminal Illness, le groupe commence plus doucement, peaufinant une ambiance malsaine et presque apocalyptique, toujours en jouant sur les ruptures de tons et propose un titre plus écoutable que précédemment. Le refrain en chant clair est efficace et montre une autre facette du groupe, malgré une noirceur toujours bien présente. Avec le titre suivant, Wanting not so Much to as to, le groupe retrouve sa violence inhérente à son style. Le morceau part un peu moins dans tous les sens, mais on retrouve des guitares sursaturées et une volonté d’aller vers le Mathcore, toujours plus extrême. On retrouvera des breaks plutôt jazzy qui dénotent avec le reste, mais il y a finalement une certaine cohérence avec tout ça.

Ne restant jamais dans une zone de confort précise, le groupe va se faire plaisir avec FUGUE, qui est un titre électro, faisant presque office d’interlude malgré ses plus de trois minutes. Encore une fois, le groupe fait le pari de surprendre tout en gardant comme ligne de mire une ambiance éthérée et malsaine. Et tout ça en gardant une rythmique très rapide, se rapprochant parfois du Core électro. Pour autant, chassez le naturel, il revient au galop et c’est ce que l’on va avoir avec Low Feels Blvd, qui envoie la sauce dès le départ et ne lâchera jamais sa violence extrême et ses cris si caractéristiques. The Dillinger Escape Plan donne tout dans ce titre qui laisse sur le carreau sans pour autant ne pas oublier une certaine mélodie, même si elle reste très saturée, très hachurée. Surrogate, qui arrive après suit le même chemin et marque un peu moins de part une structure moins complexe et des riffs plus conventionnels. Le seul truc qui change, c’est les quelques moments où le chanteur se lâche en mode punk. Pour la suite, le groupe poursuit dans ce qu’il sait faire de mieux avec Honeysuckle ou encore Manufacturing Discontent. C’est ultra violent, parfois un peu trop, mais il y a quelque chose qui fait que l’on accroche à cette énergie destructrice. Avec Dissociation, qui clôture l’album, et donc la fin de la carrière de The Dillinger Escape Plan, on retrouve un aspect un peu électro, mais surtout une très grosse mélancolie, la formation n’hésitant pas à partir sur un titre calme, posé, à base de violons au départ. Un morceau idéal pour une marche funèbre.

Au final, Dissociation, le dernier album de The Dillinger Escape Plan, est un effort qui ne peut laisser indifférent. Que ce soit par sa violence accrue, son mélange délirant de styles tous plus extrêmes les uns que les autres ou encore par son dernier titre plus touchant quand on connait l’avenir de la formation, ce sixième et ultime opus s’avère étonnant, détonant, puissant et à quelque part désespéré. Un bel au revoir aux fans du groupe.

  • Limerent Death
  • Symptom of Terminal Illness
  • Wanting not so Much to as to
  • FUGUE
  • Low Feels Blvd
  • Surrogate
  • Honeysuckle
  • Manufacturing Discontent
  • Apologies not Included
  • Nothing to Forget
  • Dissociation

Note: 15/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.