mars 19, 2024

The Perfection

De : Richard Shepard

Avec Allison Williams, Logan Browning, Alaina Huffman, Steven Weber

Année: 2019

Pays: Etats-Unis

Genre: Horreur

Résumé:

Le sens de la perfection qui anime deux génies de la musique, Charlotte et Elizabeth, va peu à peu les mener vers le chemin de l’opposition.

Avis:

On le dit très souvent, mais Netflix est vraiment une plateforme où l’on peut voir tout et n’importe quoi. N’importe quoi dans le sens où il y a des navets étranges et imbuvables, voire des films qui font très amateurs, et parfois, on retrouve de petites pépites ou de grands films qui sont disponibles pendant un temps. Mais le plus aléatoire dans tout ça n’est pas le catalogue de Netflix, mais bel et bien ses productions. Si on retrouve de grands réalisateurs qui ont décidé d’avoir les mains libres pour laisser parler leurs sentiments et leurs visions des choses, certains illustres inconnus tentent aussi leur chance pour mettre en avant des films souvent trop bancals. Prenons l’exemple de The Perfection, vendu comme un film d’horreur autour de la musique, avec pour metteur en scène, Richard Shepard, qui n’a pas forcément brillé depuis ses débuts, mais qui a offert quelques épisodes de série mémorables. Serait-ce là son coup d’éclat ? Non.

Le film démarre de manière très étrange, avec une jeune femme qui veille sa mère qui vient de mourir. On apprend alors que cette jeune femme, Charlotte de son prénom, était une violoncelliste de renom et qu’elle a arrêté pendant dix ans pour être au chevet de sa mère. Celle-ci partie, elle décide de renouer avec son ancienne école et son ancien professeur pour aller à un gala où une nouvelle violoncelliste star se produit. Entre les deux femmes, le courant passe tellement bien qu’elles deviennent amante. Malheureusement, lors d’un voyage en Chine, tout dérape et c’est à ce moment-là que le film part en sucette. Car oui, The Perfection est chapitré en quatre parties bien distinctes qui essayent de prendre le spectateur à revers. En gros, il faut prévoir environ quatre twists qui tentent de prendre le spectateur pour un con. Et le début n’est pas si mal. On navigue dans un monde surfait, où personne ne se connait vraiment et où la relation entre les deux jeunes femmes va paraître taboue. Lorsque tout commence à déraper et que l’une d’elle tombe malade, le réalisateur arrive à parfaitement gérer une tension montante dans un pays qui ne parle pas anglais. Au milieu de nulle part, les deux femmes vont être livrées à elles-mêmes et on s’inquiète vraiment sur la possibilité d’une maladie infectieuse. Le film est très malin sur ce coup, proposant un film de flippe autour d’une maladie et non pas d’une rivalité mortelle.

Mais si la tension est bien gérée jusqu’à un premier dénouement, le film se fourvoie complètement dans sa résolution. En effet, voulant constamment jouer au plus malin avec nous, The Perfection s’évertue à proposer pour chaque partie un retour en arrière et une explication autre que ce que l’on nous a vendu. C’est mal foutu, assez grossier et globalement, on n’y croit pas un seul instant. Surtout sur la première partie, grotesque, et qui trouve sa vraie résolution en fin de film sans pour autant y apporter un liant intéressant. Dans les parties suivantes, le film change de registre et ne va plus sur le terrain de la maladie, mais plutôt sur le revenge movie à multiples twists. Ainsi donc, on va avoir droit à la revanche de la petite amie sur l’autre pour ce qu’elle lui a fait (que l’on taira dans cette chronique), puis on va apprendre des trucs sur cette école de musique élitiste avant de partir ensuite vers quelque chose d’autre à cause d’un nouveau twist. Bref, The Perfection tente à chaque fois de perdre le spectateur dans des expectatives qu’il n’avait pas prévu, mais à force de jouer au plus malin, on sent que le film joue toujours sur la tangente du bis non avoué. Et c’est bien là le point faible du métrage de Richard Shepard, qui ne s’assume pas tel qu’il est, à savoir un film d’horreur débile qui flirte constamment avec l’absurde pour tenter de raconter une histoire qui n’a ni queue ni tête.

C’est bien simple, si le départ est assez tonitruant, malgré le côté neurasthénique d’Allison Williams qui a bien du mal à rester sur le devant de la scène après le succès de Get Out, le reste du film oscille tout le temps entre le mauvais goût et le nanar de luxe. Les résolutions autour de l’école sont grossières et on se demande comment une telle institution tient encore débout avec ces méthode éducatives. Sans parler de certains moments ridicules ou encore de punchlines qui dénotent avec cette volonté de faire un film faussement intelligent. Car il y a des ruptures de ton qui sont franchement grotesques dans ce métrage, comme ce moment où l’on passe d’une bande-originale au violoncelle à du gros hip-hop bien gras pour marquer une scène d’attaque violente, avec un contre-champ sur une nana tenant un gros couteau. C’est ridicule et utilisé à mauvais escient, montrant toute la difficulté du réalisateur à rester sérieux dans un film qui veut parler de pédophilie, du monde dur et dangereux du succès dans la musique ou encore de l’obsession à devenir célèbre malgré les obscénités que l’on peut subir. Le film loupe totalement son message, offrant même un dernier moment complètement bis, voire Z, confinant The Perfection à un mélange insupportable de thriller horrifique mal dosé et de twist final qui fera hurler de rire.

Au final, The Perfection fait partie de ces films qui démarrent bien mais qui n’arrivent pas à tenir sur la longueur à force de vouloir se rendre plus intelligent qu’il ne l’est. Il en résulte un métrage déséquilibré, grossier, voire même putassier, qui se détériore au fur et à mesure du temps pour finir sur une note qui tient plus du DTV bosniaque que de la grosse production Netflix. Bref, un film qui pourra certainement contenter les moins difficiles mais qui contient un vilain relent de raté, tant sur le fond que sur la forme. Et ça, sans parler des acteurs qui sont insipides au possible.

Note : 10/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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