mars 19, 2024

La Horde du Contrevent – Alain Damasio

Auteur : Alain Damasio

Editeur : Gallimard

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Un groupe d’élite, formé dès l’enfance à faire face, part des confins d’une terre féroce, saignée de rafales, pour aller chercher l’origine du vent. Ils sont vingt-trois, un bloc, un nœud de courage : la Horde. Ils sont pilier, ailier, traceur, aéromètre et géomètre, feuleuse et sourcière, troubadour et scribe. Ils traversent leur monde debout, à pied, en quête d’un Extrême-Amont qui fuit devant eux comme un horizon fou.

Avis :

La horde du contrevent est un roman avec une réelle prouesse d’écriture. L’auteur parvient à faire vivre 23 narrateurs de front sans que l’on s’y perde trop, du moins une fois habitué. Du jamais vu ! Le marque-page n’a jamais été autant utile pour un livre. Sur celui de La horde du contrevent, chaque narrateur est décrit par son nom, prénom et fonction et est lié à un symbole typographique. Ce symbole est en fait inscrit devant chaque paragraphe dans le roman et c’est la seule manière qui nous permette d’identifier le narrateur (en dehors du ton du personnage et de sa manière de s’exprimer si on le connaît bien).

Il ne faut pas se le cacher : les premières pages sont déroutantes à lire. Le partage de la narration n’est pas le seul facteur en cause. L’univers est tout simplement étrange et loin des mondes de science-fiction auxquels on a l’habitude. De nombreux nouveaux mots inventés s’intègrent rapidement au texte et rendent la compréhension ardue au début, même s’ils enrichissent grandement le monde complexe de l’auteur. Tout n’est pas expliqué de suite et il faut être patient pour appréhender le sujet principal de l’intrigue qui, une fois saisi, nous dépasse malgré tout.

Tout est lié au vent, à sa force, à sa vitesse et à de multiples autres paramètres créés de toutes pièces que l’auteur détaille au fur et à mesure. Certains éléments sont difficiles à apprivoiser tant ils sont loin de notre réalité et de notre perception. Le vent n’est pas simplement un écoulement d’air. Dans ce roman, il est bien plus que ça et implique des éléments qui vont au-delà du visible et du naturel. On joue avec le mysticisme, le spirituel et le sens global de la vie. L’univers d’Alain Damasio est dépaysant et original.

Ces 23 héros forment la trente-quatrième Horde du Contrevent. Certains personnages sont attachants et captivants. Le troubadour de la troupe nous marque rapidement par son verbe et sa poésie. Ce qu’il sait est impressionnant et sa façon de l’expliquer l’est d’autant plus. Il charme et nous fait voyager. Quelques passages du livre sont mémorables, notamment les concours et épreuves auxquels il participe et grâce auxquels il prouve qu’il est incontestablement le meilleur dans son domaine. Sa maîtrise de la langue française est un vrai régal.

On reconnaît facilement son parler sans à avoir à regarder le symbole qui lui correspond. Alain Damasio prouve ici qu’il est un conteur d’exception et fait de son personnage du barde, Caracole, le plus fascinant du roman. Les révélations tardives sur ce protagoniste sont inattendues et appuient l’importance de ce phénomène à lui tout seul.

Golgoth, le traceur, a aussi un parler qui lui est propre. Il est vulgaire et rude. La plupart des insultes passent par un vocabulaire inventé et ce n’est pas plus mal. La lecture de ses passages ne sont pas toujours agréables tant le ton est rêche et froid. Au contraire, les autres personnages sont plutôt oubliables. Ils n’ont pas de style de langage à proprement parler et se fondent dans la masse.

Nombre de passages d’actions sont lourds voire indigestes à lire. L’auteur en dit trop et aime faire durer l’action sur des dizaines de pages alors que ce n’est clairement pas nécessaire. Avoir le point de vue de plusieurs personnages sur un fait ou une péripétie ralentit grandement le rythme et fatigue même rapidement. Le problème reste que la majorité du roman est construite ainsi, afin de donner de l’importance à chaque narrateur et que le suspense soit constant. Néanmoins, il y a d’excellentes idées et c’est vraiment dommage que l’épuisement soit ce qui ressorte le plus, à la fin de la lecture du livre.

Chaque pensée ou geste est décrypté par une personne, avant d’être déchiffré par une autre, etc. Les descriptions superflues n’en finissent pas et l’action n’est plus passionnante. Elle ennuie. Le roman semble ainsi long à lire pour une histoire aux événements marquants finalement peu nombreux. Effectivement, il est facile de résumer l’intégralité des 800 pages en quelques mots seulement. On a l’impression que La horde du contrevent est davantage un travail de style qu’une vraie histoire.

Le roman est un livre aux nombreux messages cachés, qui s’intéresse énormément au sens de la vie et à celui de notre place dans l’univers. De nombreux dialogues sont intéressants à ce niveau-là mais ralentissent la lecture au point qu’ils finissent par en être rébarbatifs. La fin n’améliore pas les choses et déçoit par son manque d’originalité. La conclusion ne fait pas rêver, laisse perplexe, attriste même et nous laisse à penser : « tout ça pour ça ? ». Peut-être faut-il soi-même être dans un été méditatif et spirituel avancé pour réellement apprécier ce roman ?

Note : 10/20

Par Lildrille

Lildrille

Passionnée d’imaginaire et d’évasion depuis longtemps, écrire et lire sont mes activités favorites. Dans un monde souvent sombre, m'évader et fournir du rêve sont mes objectifs. Suivez-moi en tant qu'auteure ici : https://www.2passions1dream.com/. Et en tant que chroniqueuse aussi là : https://simplement.pro/u/Lildrille.

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