mars 28, 2024

I am the Pretty Thing That Lives in the House

De : Osgood Perkins

Avec Ruth Wilson, Bob Balaban, Lucy Boynton, Paula Prentiss

Année: 2016

Pays: Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Une infirmière doit s’occuper d’un écrivain spécialiste de l’épouvante qui habite dans une maison hantée.

Avis :

Le cinéma est une grande famille. C’est en tous les cas ce que l’on espère quand on voit les passions que cela génère et les débats houleux qui peuvent se trouver au sein d’une même œuvre. Mais le cinéma, c’est une affaire de famille au sens littéral du terme, puisque bon nombre de fils et de filles de décident de se lancer dans la réalisation ou la comédie pour suivre les traces de papounet ou mamounette. Si certains s’en sortent sans avoir accès à l’influence du paternel ou de la mère, on peut citer par exemple Eva Green, d’autres font appel à leur nom de famille pour crever l’écran, ou tout du moins essayer d’exister dans l’ombre de leur héritage, comme Scott Eastwood pour ne citer que lui. Mais parfois, l’ombre est tellement grande que l’on finit par ne pas se faire un nom et cela malgré un népotisme à peine dissimulé, comme pour la famille de Will Smith (After Earth étant un exemple flagrant).

Et dans cette ombre opaque, on retrouve Osgood Perkins, qui n’est autre que le fils du grand Anthony Perkins. Scénariste (Cold Comes the Night), acteur à ses heures perdues, mais aussi réalisateur, on ne peut pas dire que le type soit vraiment connu. On lui doit notamment le très mauvais February qui pourrait foutre une dépression à un cafard tellement c’est long et pénible, mais le voilà qu’il récidive avec I am the Pretty Thing That Lives in the House, un film d’horreur, encore, très lent, encore, et qui ne vaut même pas le coup d’œil. Pourquoi ?

Le scénario du métrage est déjà très obscur. On va faire la rencontre de Lily, une infirmière à domicile qui va vivre dans la grande demeure d’une écrivaine de romans d’horreur à succès qui semble perdre la boule. Très rapidement, Lily sent une présence et le fait que la vieille dame l’appelle Polly lui fait une impression bizarre. Elle va se rendre alors compte que Polly est le prénom d’un des personnages des romans de l’écrivaine, et que cette personne a peut-être bien existé dans cette demeure. A partir de là, l’intrigue s’effiloche, on ne comprend plus rien à cause d’un mutisme volontaire, de réactions absolument ridicules et d’un montage hideux qui essaye d’emmêler plusieurs temporalités en même temps. Le tout sur moins d’une heure et demi, ce qui tient de l’exploit ou du je m’en foutisme. Et le problème dans ce genre de film, c’est que si l’intrigue n’est pas un tant soit peu explicite, ou tout du moins par l’image, on peut vite se sentir perdu et perdre de l’intérêt. Un intérêt déjà restreint par cette histoire lente, très lente, qui narre certaines choses en voix-off, de façon très égocentrique (le joli brin de jeune fille que vous voyez là, c’est moi. Ça va les chevilles ?) et trop verbeuse. On n’y croit pas une seule seconde et il est impossible qu’une personne s’exprime de cette façon à l’oral. D’autant plus quand on cerne le personnage.

Lily est une infirmière assez timide, presque réservée, mais qui tient parfois tient presque de l’autisme. Certaines de ses réactions sont absolument stupides et son regard fuyant n’aide pas à cerner un personnage qui n’a pas grand-chose pour lui, pas même un historique intéressant ou un développement qui donne envie de s’attacher à elle. Cruche, pénible, parfois stupide, on est clairement dans le personnage qui se veut complexe mais qui tout simplement débile. Et c’est con parce que Ruth Wilson n’est pas mauvaise actrice, mais elle peine à tenir le film sur ses épaules, n’étant pas aidée par les autres comédiennes qui se demandent ce qu’elles foutent là. Paula Prentiss en vieille gâteuse supplie que le film cesse et le sublime Lucy Boynton n’a pas une tirade, frôle les murs en jouant à colin-maillard pour finalement se faire défoncer la gueule à coups de hache sans que l’on ne sache trop pourquoi. C’est bien simple, on ne ressent aucune empathie pour personne et on a même l’impression que tout le monde a pris du Xanax, même le réalisateur.

Parce que si tu essayes de faire un film minimaliste au niveau de l’action et des dialogues, il faut que ton film soit percutant au niveau de la mise en scène, et là, c’est la catastrophe. Osgood Perkins va enchainer les plans fixes où il ne se passe rien, tout en essayant, par moments de folie fugace, de glisser de la symétrie ou encore un zoom progressif. Le problème, c’est que les plans fixes ciblent des zones dont on se fout royalement. Bien souvent on a droit à un fond noir avec, au bout d’un moment, une ombre blanche qui passe devant, mais on a parfois la porte d’entrée, quelques fois un plan de la cuisine vue du couloir, bref, des plans qui ne servent à rien et qui sont d’une longueur aberrante. Le cinéaste essaye alors de meubler tout ça avec une musique d’ambiance qui se veut oppressante, mais comme il ne se passe rien, on attend et l’ennui commence à poindre le bout de son nez. Un ennui qui se retrouve dans le quotidien des personnages où, pour ouvrir un putain de carton, il faut pas moins de cinq bonnes minutes, avec des hésitations, pour finalement trouver des feuilles manuscrites qui ne seront jamais exploitées par la suite. Tout est long, tout est mou et même l’ambiance n’est pas soignée. Osgood Perkins livre un film impersonnel au possible, qui se veut dans une démarche arty, mais qui n’arrive même pas à faire peur ou tendre le spectateur, si ce n’est de frustration ou d’ennui mortel. Car oui, il n’y a bien que lui qui tue dans ce film, à petit feu, de façon insidieuse, un spectateur qui deviendra léthargique à la fin du métrage.

Au final, I am the Pretty Thing That Lives in the House est aussi long que son titre le laissait déjà présager et il n’y a absolument rien à tirer de ce métrage. Lent, ennuyeux au possible, sans aucune intrigue, avec des personnages inintéressants qui s’emmerdent dans une vieille bicoque, le fils d’Anthony Perkins continue sa lente, trop lente, descente aux enfers avec un deuxième film complètement raté, qui ne sait jamais où il va et qui n’a aucun sens du rythme. Bref, une bien belle daube qui n’a même pas le sens de l’angoisse en mettant en avant une ambiance lambda. Un film sans envie, sans passion, sans rien.

Note : 01/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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