avril 24, 2024

Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg: Rétrospectives

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Double revivals + un bonus cette année (Corruption)!

D’abord une rétro « Monkey Business » rendant hommage au Roi Kong qui fête cette année ses 80 bougies, l’occasion de redécouvrir 12 films ayant pour thème le singe, qu’il soit gargantuesque ou de petite taille, attentionné ou psychotique.

Bien évidemment King Kong est mis en avant. L’occasion de redécouvrir l’extraordinaire classique King Kong de Ernest B. Schoedsack et Merian C. Cooper qui naît de l’imagination de ce dernier et au croisement avec un autre projet de Harry Hoyt et Willis O’Brien (responsable ici des effets spéciaux) Creation, King Kong devait tout d’abord s’appeler « Beast » puis « Kong ». Un classique légendaire toujours impressionnant tant au niveau de ses superbes décors, de son animation excellente proposant un spectacle révolutionnaire pour l’époque (en 1933 quand même ! Quand on entend rigoler des gens trouvant le gorille assez ridicule notamment à cause de ses dents parfaitement alignées et de son animation, c’est bien dommage pour rester gentil) et de sa générosité, le tout agrémenté de l’amour d’une bête pour la belle.

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Premier remake et homonyme King Kong de 1976, produit par Dino de Laurentiis, réalisé par John Guillermin, bon artisan avec des réalisations comme Contre-espionnage à Gibraltar 1958 ou Le crépuscule des aigles 1966 et qui s’est déjà essayé à l’aventure réalisant aussi deux Tarzan (La plus grande aventure de Tarzan 1959 et Tarzan aux Indes 1962, avec Sean Connery avant d’être 007). S’il n’est pas une purge, le film demeure vraiment (très) dispensable et sans intensité. L’histoire est sensiblement la même mais le film fait surtout la part belle à la certes très jolie Jessica Lange donnant un côté glamour kitsch et passablement érotique, pour en perdre la dimension mythologique, la force d’une aventure spectaculaire, faisant fît de beaucoup de détails et aspect du premier, de la bataille entre Kong et les dinosaures pour un assez ridicule serpent géant, pour préférer des ajouts inutiles voir stupides, jusqu’à un long final dérangeant… Très pâle figure à côté de l’original ! A noter que c’est Rick Baker sous le costume du gorille, responsable aussi des maquillages.

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Pourtant ce film plu et lors d’une diffusion au milieu des années 80 à la télévision battit des records d’audience, ce qui incita son producteur Dino de Laurentiis à remettre le couvert, John Guillermin à nouveau au poste de réalisateur pour King Kong lives (King Kong II), en 1986. King Kong 10 ans après sa chute est dans un profond coma et doit se faire greffer un cœur artificiel pour revivre. Des scientifique de l’Atlanta Institute ont mis au point le cœur, mais il est trop affaiblit et sans transfusion sanguine l’opération n’est possible. Miracle, un aventurier Hank Mitchell vient de découvrir à Bornéo un gigantesque gorille femelle qu’il leur revend. King Kong rétablit va alors vivre une romance avec Lady Kong, mais l’armée veut poursuivre les expériences sur les deux amoureux ! Au début c’est à tendance nanar si on veut et on croit que l’on va bien rigoler mais non. Très mauvais.

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Enfin vient le seul remake valable, bien plus qu’honorable ou réussi, un des chefs d’œuvres de Peter Jackson King Kong (2005). Une relecture magistrale du film qui émerveilla toute son enfance, en somme la réalisation de l’un de ses rêves qu’il nous fait partager avec une telle foi désarmante. Avec une Naomi Watts qui fait fondre le plus endurci des gorilles et nous spectateurs avec et un Jack Black hallucinant. Encore plus de générosité et d’émotions dans ce film d’aventure époustouflant, sincère, pur et majestueux !

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Ersatz de King Kong, Konga est un chimpanzé qui par l’intervention d’un savant fou le Dr Decker (Michael Gough) sera transformé en singe géant après s’être fait injecter des enzymes de plantes carnivores et va lui servir à éliminer ses ennemis ne croyant pas en ses travaux, auxquels nous ne comprenons pas grand-chose et d’autres simplement gênants (le petit ami de son élève favorite que Decker ira tripoter héhé !). Konga est réalisé en 1961 par John Lemont. C’est du craignos monster avec quelques plantes carnivores, de jolies couleurs, une belle pépé (Claire Gordon) et un excellent Michael Gough qui sauve en partie le film par un jeu outrancier fort appréciable. Les apparitions de Konga amusent et réservent de beaux moments (le lancer final par exemple) ou des situations improbables (les militaire n’arrivant pas à viser le singe géant !!). Il y a aussi une amusante sexualité ambiante (des plantes phalliques, des poitrines mises bien en évidence…). Une rigolote série B auquel il manque peut-être un brin de folie et d’énergie mais qui vaut le coup d’œil.

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Différent, Gorilla at large (Panique sur la ville) de Harmon Jones, 1954, s’éloigne du fantastique et fait place au thriller. Goliath, présenté comme le plus grand gorille du monde, fait office d’attraction principale d’une fête foraine, jusqu’au jour où il est suspecté du meurtre d’un homme. Le film bénéficie d’un beau casting, Cameron Mitchell en tête, Anne Bancroft, Lee J. Cobb, Raymond Burr et Lee Marvin encore peu connu. Mais voilà, au-delà d’un casting appréciable et d’une ou deux idées de mises en scène inhérentes au lieu forain comme dans la pièce aux multiples miroirs de verre, pas grand-chose, le suspens n’est guère entretenu et l’intrigue très mollassonne.

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Pour en finir avec les gorilles, parlons de Mighty Joe young (Monsieur Joe, 1949) qui est l’avant dernier film d’Ernest B. Schoedsack, qui revient au succès du grand singe après avoir réalisé et produit en compagnie de Merian C.Cooper Le fils de King Kong (1933). Une partie de l’équipe présente sur King Kong est toujours là, Cooper à la production, Robert Armstrong (qui jouait Carl Denham) interprète Max O’Hara, un organisateur de grand spectacle, Willis O’Brien pour les effets spéciaux et Ruth Rose qui avait co-scénarisé King Kong. Jill Young une fillette vivant en Afrique adopte un petit singe qu’elle apprivoise et deviendra Joe le gorille géant. Plusieurs années plus tard, alors qu’il est sur le continent à la recherche de fauve pour son spectacle, Max O’Hara découvre ce gorille apprivoisé et convainc la jeune femme de regagner les Etats-Unis en compagnie de son ami Joe qui deviendra la vedette de son spectacle. Mighty Joe Young est une version plus grand public de King Kong, plus abordable par les enfants que son aîné avec un happy end de circonstance, à la poursuite des recettes de papa. Malgré des facilités scénaristiques parfois bêtifiantes, cela ne l’empêche pas d’être un film assez plaisant, avec de jolis décors comme le cabaret et pas mal de séquences divertissantes, bien troussées et une animation image par image parfois bluffante, due à Willis O’Brien qui obtint cette année-là l’oscar des meilleurs effets spéciaux. Il peut en remercier Ray Harryhausen qui faisait ici ses débuts sur un long-métrage (1er technicien).

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Plus petit mais non moins dangereux est Link un vieux singe jadis vedette d’un cirque, désormais majordome et pensionnaire parmi d’autres de ses congénères Himp et Vaudou, au manoir du professeur Steven Phillip (Terence Stamp) qui essaye d’éduquer des singes. Pour s’occuper de la villa, le professeur engage une jeune étudiante (Elisabeth Shue). Mais peu à peu les choses dérapent, d’abord le professeur disparait, puis Vaudou est retrouvée morte et Link montre de plus en plus d’hostilité envers les humains. Sorti en 1986 et réalisé par Richard Franklin (Patrick, 1978), Link se révèle être un film original, à la mise en scène bien soignée, bénéficiant d’un montage efficace et bien rythmé, notamment dans sa construction narrative maligne où l’atmosphère se fait de plus en plus pesante, l’ensemble soutenu par une très bonne partition de Jerry Goldsmith.

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Monkey Shines (Incidents de parcours, 1988) de George A. Romero suit l’histoire d’Alan Mann, jeune étudiant en droit promit à un brillant avenir, qui suite à un accident devient paraplégique. Pour l’aider dans son quotidien et lui redonner goût à la vie, Geoffrey, un ami, lui confie un singe capucin dressé pour assister des enfants paraplégiques. C’était sans savoir que Geoffrey fait en parallèle des expériences, injectant régulièrement un sérum à la guenon qui va bientôt développer un comportement de plus en plus agressif, surtout envers ceux tournant autour d’Alan qui lui-même en présence de celle-ci développera un comportement similaire. Si l’on devine une majorité des rebondissements et que le film prend son temps dans la mise en place, il fait preuve d’un scénario intéressant permettant de confronter l’homme à sa part animal et à sa conscience propre, notamment grâce aux relations de plus en plus proches que développeront les deux personnages, d’abord par une simple compensation physique puis ensuite par une compréhension de l’esprit comme s’ils avaient créé un pont entre leurs cerveaux, voir qu’ils ne font plus qu’un, se projetant l’un en l’autre dans une alchimie parfaite. Doublé d’une mise en scène intelligente, réalisant des plans statiques pour Allan paralysé et en mouvements pour une Ella agitée, le film est une réussite.

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La deuxième rétro rend hommage à Rodolfo Guzman Huerta dit El Santo qui tourna plus de 50 films pour ce héros Mexicain, dans des productions, certes au faible budget, mais réellement divertissantes, affrontant toute une flopée d’ennemis divers de la LLorona en passant par les créatures hollywoodiennes jusqu’à des ersatz de Bruce Lee, tout un programme. En plus du documentaire, présenté en crossovers, 2 films étaient projetés.

Ainsi, Santo el enmascarado de plata vs. la invasion de los marcianos (Superman contre l’invasion des martiens), réalisé par Alfredo B. Crevenna en l’année 1967, est le 16è film présentant les aventures d’El Santo et le premier d’une série de 7 pour son réalisateur. Une émission d’origine extra-terrestre interrompt le lancement d’une navette spatiale, les martiens veulent conquérir la terre et arrêter les humains qui disposent de la bombe atomique et menacent en plus de la terre, de détruire le système solaire, de par leur bêtise. Mais El Santo veille.

Un film au sous-texte plein de bons sentiments suivant la ligne directrice de départ jusqu’au final pour faire prendre conscience à l’humain de sa désinvolture. Santo y est une sorte de Batman tout propre sur lui et sans la part sombre. De plus l’aventure ne progresse pas vraiment, souffre de longueurs et répétitions et d’une nonchalance assez consternante par moment, prétexte à n’enchainer que des combats de catch eux-mêmes répétitifs. Cependant, il réside un petit charme entourant ce film de SF médiocre traité avec sérieux mais plutôt involontairement drôle proposant des dialogues, des situations et scènes bien rigolotes, des martiens aux grosses têtes casquées-carrées ou encore grâce aux effets sonores provoquant des bruitages exquis.

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Mieux était Santo vs. las mujeres vampiro (Superman contre les femmes vampires) d’Alfonso Corona Blake sorti quelques années plus tôt en 1962. Ici les affreuses (avant transformations) femmes vampires sont chargées par leur seigneur The Evil-On de rechercher une nouvelle reine (une fiancée pour lui) et choisissent Nora la fille d’un ami d’El Santo.

Cet épisode des aventures du catcheur au masque d’argent est plus efficace. Dès les premières minutes, il nous plonge dans une atmosphère horrifique plaisante et laisse figurer un beau mélange d’action et d’épouvante. Puis le soufflé retombe légèrement. Evidement il y aura de longs combats de catch et un scénario maigre au rythme peu palpitant, mais l’ambiance gothique général du film et le plaisir de voir El Santo face à de jolies femmes vampires (Lorena Velasquez en tête) permettent de passer un moment fort agréable.

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BONUS. Pour honorer le centenaire de la naissance du très grand Peter Cushing, le FEFFS a proposé la version restaurée d’un film devenu difficilement trouvable, récupéré récemment dans les archives de Sony Pictures : Corruption (Carnage ou encore titré Laser killer), 1967.

Corruption dirigé par Robert Hartford-Davis (The black torment, 1964) reprend l’histoire du roman Les yeux sans visage (1959) de Jean Redon déjà adapté dans le superbe Les yeux sans visage réalisé en 1960 par Georges Franju. Un plasticien de renommé, Sir John Rowan, suite à un affrontement avec un rival va défigurer sa femme. Il tentera de réparer la chose en faisant une greffe de l’hypophyse extraite d’un cadavre, sur le visage de sa dulcinée, d’abord une réussite suivie d’un rejet. Etant prêt à tout pour elle et celle-ci hypocrite et manipulatrice ne pensant qu’à sa petite personne, ils vont alors se retrouver dans un engrenage de meurtres sans fin.

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Sur un scénario qui n’apporte pas vraiment de sang neuf, modifiant quelques aspects, Robert Hartfod-Davis va insuffler à ce film d’horreur une ambiance mêlant un univers très coloré, pop, sorte de « swinging sixties », usant d’une bande sonore particulièrement plaisante, l’horreur et la violence malsaine. Pas énormément de meurtres et un déroulement efficace mais sans surprise dans ce métrage, arborant toutefois des séquences de violence inspirées lors des meurtres commis par John. Par sa mise en scène et la prestation génial (tout au long du film comme souvent) de Peter Cushing, ces passages deviennent vraiment dérangeants, le film prend dans ces (courts mais intenses) instants une autre dimension et rien que pour cela mérite d’être vu, jusqu’à un final totalement décomplexé au rayon de la mort. Un film rare, esthétique et violent qui mérite amplement d’être découvert.

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Par Serval

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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