mars 29, 2024

King Kong

De : John Guillermin

Avec Jeff Bridges, Charles Grodin, Jessica Lange, John Randolph

Année : 1976

Pays : Etats-Unis

Genre : Fantastique

Résumé :

En 1976, un paquebot d’une société pétrolière navigue à la recherche de la mystérieuse « île du crâne ». A la tête de l’expédition, Fred Wilson, un employé de la compagnie, chargé de trouver des gisements de pétrole. A ses côtés, le professeur Prescott est en quête de tout autre chose : une créature préhistorique gigantesque. L’équipage sauve une jeune femme naufragée, Dwan. Bientôt, ils se retrouvent sur l’île, au contact de sauvages, qui vénèrent une créature nommée « Kong »…

Avis :

En 1933, un film va venir bouleverser les balbutiements du cinéma fantastique. Ce film, c’est King Kong de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack. Véritable prouesse technique pour l’époque, réactualisant le mythe de la belle et la bête, le film connait un succès monstre. Tant et si bien que des suites vont voir le jour et que d’autres pays vont s’amuser avec ce singe géant, et notamment les japonais qui vont l’opposer à Godzilla. Néanmoins, le film sera particulièrement protégé des remakes, personne ne voulant se risquer à dénaturer le grand primate, ou encore à le remettre au goût du jour vu ce que cela risquait de coûter. Il a fallu un producteur complètement zinzin pour mettre en chantier pareil film, Dino de Laurentiis. En effet, alors qu’il a connu le succès dans les années 50 et 60 en Italie, produisant les films de Vittorio De Sica et Federico Fellini, il va s’installer aux Etats-Unis dans les années 70 et produire de gros monuments comme le Guerre et Paix de King Vidor. Faisant pression, il obtient alors les droits pour faire un remake de King Kong, autour d’un tournage chaotique et d’une succession de problèmes techniques. Un tournage maudit en quelque sorte, mais qui aboutit à un métrage plutôt plaisant, même si aujourd’hui, il est perclus de défauts purement techniques.

L’histoire, tout le monde la connait. Une société pétrolière découvre une île embrumée et cette brume semble provenir d’émanation de pétrole. Une expédition est donc amenée sur place pour vérifier cela et trouver la nouvelle poule aux œufs d’or. Mais c’était sans compter sur l’introduction d’un chercheur en primate sur le bateau et le sauvetage d’une sublime jeune femme qui a survécu miraculeusement à un naufrage. En arrivant sur l’île, les membres de l’équipage vont faire face à des autochtones aux mœurs étranges qui kidnappent la jeune femme pour la donner à Kong, un singe gigantesque. Le chercheur, qui est tombé amoureux de la jeune femme, va alors tout faire pour la récupérer. Dans le même temps, le chef de l’expédition décide de capturer Kong pour en faire une campagne de pub pour sa société pétrolière. Très clairement, ce remake est découpé en deux parties bien distinctes. La première se déroule sur l’île et lorgne volontiers sur le film d’aventure, avec son lot de péripéties et l’apparition du singe géant dans son habitat naturel. La seconde partie est plus un film d’action fantastique où Kong détruit tout dans la ville pour retrouver sa belle. Le découpage est clair, net et précis, et malgré une narration très linéaire, le film se suit avec un plaisir non négligeable.

Un plaisir qui va de pair avec le charme désuet de ce film qui accuse aujourd’hui plus de quarante ans d’existence. Ménageant peu son suspens, le film va donner au public ce qu’il attend, c’est-à-dire le singe dans toute sa magnificence. Il ne faudra pas attendre longtemps avant de le voir et très rapidement, le scénario va s’évertuer à montrer toutes les attentions que le singe porte à sa promise. Il y a quelques moments de grâce, des moments qui sont simples mais jolis comme ce fameux passage où la bête souffle sur la belle pour la sécher. Bien évidemment, on n’évitera pas un petit côté érotique, notamment lorsque Kong essaye vainement de déshabiller Jessica Lange avec un regard un peu coquin. Le regard du singe est d’ailleurs un point important du film, essayant de donner de l’humanité à la bête à travers des expressions faciales différentes et nombreuses. Si les gros plans sur les parties précises du singe sont des automates, comme les plans serrés sur la main par exemple, il s’agit d’un gros costume de dix kilos porté par le maquilleur Rick Baker. Et si on sent la supercherie, on ne peut que saluer les effets de l’époque concernant le singe, qui sont très intéressant et garde un certain cachet, un certain charme.

Mais le principal problème avec ce King Kong, c’est qu’il a pris un énorme coup de vieux sur les autres effets spéciaux, ceux ne concernant pas le singe. On notera une flopée de fonds verts et d’incrustations vraiment mauvaises et qui piquent vraiment la rétine. On peut penser au moment où des chercheurs tombent dans un précipice, ou encore lorsque Kong est en haut du World Trade Center entouré d’hélicoptères. C’est très mal fait, même pour l’époque et il est assez étonnant que l’équipe du film, pourtant si exigeante, s’en soit contentée. Là encore, ce n’est finalement qu’un détail, mais qui est suffisant pour faire sortir du film. L’autre point négatif, c’est la prestation de Jessica Lange. Si on assiste à son premier rôle, puisqu’avant, elle faisait du mannequinat, elle est constamment en train d’en faire des caisses, que ce soit pour jouer les ingénues ou pour jouer n’importe quel autre sentiment. On aura énormément de mal à sentir de l’empathie pour ce personnage et c’est bien dommage, mais fort heureusement, Jeff Bridges sauve l’essentiel avec son talent inné et son charisme de dingue.

Et à cela on peut rajouter le fond du film qui demeure très intéressant. Dans la première partie, il règne vraiment un sentiment de supériorité entre les civilisés et les sauvages. Charles Grodin joue parfaitement les saloperies qui n’ont rien à foutre des autres tant qu’il gagne de l’argent et le rapport avec les autochtones est très tendu. Derrière ce rapport de force se cache bien évidemment une critique sur l’argent et sur ce que l’argent nous fait faire de pire. Néanmoins, le personnage de Jack est bien loin de ces vicissitudes, car il tombe amoureux que Dwan et va tout faire pour la sauver. Il va alors rentrer en confrontation avec Kong et sentir un sentiment contradictoire à son égard. S’il le déteste durant un temps, le prenant pour un réel danger, il va alors prendre son parti dans la deuxième partie du film. Des sentiments contradictoires mais logiques en rapport au personnage et à ce qu’il ressent. La plus grosse des thématiques demeure la belle face à la bête et comme d’habitude, la belle va coûter la vie à la bête. Une conclusion classique, qui va jouer avec les battements de cœur du primate et qui va essayer de toucher au plus profond de nos sentiments. C’est assez beau, mais ça manque cruellement de finesse pour parfaitement fonctionner.

Au final, King Kong version 1976 est un gros film avec un budget qui fut faramineux pour l’époque. Dino de Laurentiis a d’ailleurs failli mettre la clé sous la porte avec la production de ce métrage qui, fort heureusement, marchera bien au box-office. Aujourd’hui, si le film a indéniablement vieilli, il n’en demeure pas moins intéressant à plus d’un titre et essaye d’apporter sa pierre à l’édifice de la mythologie Kong. Un film qui a donc ses défauts, qui tient parfois du miracle quand on connait les malheurs du tournage, et qui demeure presque un classique du cinéma fantastique.

Note : 14/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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