avril 19, 2024

Boy Erased – Immonde Religion

De : Joel Edgerton

Avec Lucas Hedges, Nicole Kidman, Russell Crowe, Joel Edgerton

Année: 2019

Pays: Etats-Unis

Genre: Drame

Résumé:

L’histoire de Jared, fils d’un pasteur dans une petite ville américaine, dont l’homosexualité est dévoilée à ses parents à l’âge de 19ans. Jared fait face à un dilemme : suivre un programme de thérapie de reconversion – ou être rejeté pour toujours par sa famille, ses amis et sa communauté religieuse.
BOY ERASED est l’histoire vraie du combat d’un jeune homme pour se construire alors que tous les aspects de son identité sont remis en question.

Avis:

Acteur australien émergeant, Joel Edgerton a une très belle carrière derrière lui. Une carrière qu’il a commencée vers la fin des années 90, mais malgré sa présence dans de gros films américains, il aura fallu attendre les années 2010 et le « Animal Kingdom » de David Michôt pour que Joel Edgerton sorte du lot. Depuis, l’acteur a beaucoup tourné et surtout, il a fait les bons choix, « Midnight special« , « Warrior« , « Zero Dark Thirty« , « Gatsby le Magnifique« , « Strictly Criminal« , « Loving« … Bref, que du bon. Puis ce que l’on sait peu encore, c’est que depuis 2015, Joel Edgerton s’est mis à la réalisation. Son premier film, « The Gift » est un petit thriller sorti sur Netflix et qui a su convaincre.

Et voici que quatre ans plus tard, Joel Edgerton repasse derrière la caméra, mais cette fois-ci, il va viser plus loin que le petit thriller sympatoche. Pour son deuxième film, Joel Edgerton adapte une histoire vraie, celle de Jared Conley et à travers l’histoire de cet homme courageux, Joel Edgerton pointe alors du doigt les thérapies de reconversion qui ont lieu dans certains centres aux États-Unis. Drame fort et sensible, emporté par un casting de luxe, « Boy Erased » est de ces films marquants qui ne vont pas manquer de chambouler 2019. On en ressort autant ému que secoué et agacé. Bref, une belle réussite, qui devrait en toute logique être présente à la grande cérémonie des Oscars.

Jared, dix-neuf ans, est un jeune homme sans histoires. Fils de pasteur, ses parents sont aimants et lui offrent le meilleur pour qu’il réussisse dans la vie. Mais voilà, à dix-neuf ans, sa vie bascule quand il se fait dénoncer à ses parents pour homosexualité. Jared se trouve alors devant un dilemme, soit il accepte de faire une thérapie de reconversion, soit il choisit un mode de vie qui s’oppose à la foi de ses parents, et il ne peut donc pas rester sous le toit de ses parents…

Pour son deuxième film, Joel Edgerton a donc décidé d’aborder un sujet des plus sérieux. Un sujet qu’on pourrait même dire de lui qu’il aussi tabou que brûlant. Si les films ou les personnages qui abordent le coming out, on commence en avoir de plus en plus et de bien jolis (ce qui me permet de replacer là comme ça, le sublime « Love Simon ! » de Greg Berlanti), des films qui abordent, non, qui osent entrer dans les centres de thérapie dits de reconversion, ça ne court pas les écrans, et rien que pour cela, on peut saluer le courage de Joel Edgerton (qui en prime, s’est réservé le rôle du thérapeute).

Mais si l’idée de raconter un parcours dans ces centres est courageuse en soi, le sujet est si difficile qu’il aurait été très facile de se planter, tombant dans le spectacle et le spectaculaire, tombant dans le tire larmes ou encore le misérabilisme. La frontière est si infime et pourtant, c’est avec brio que Joel Edgerton évite toutes les embûches dans lesquelles l’acteur et réalisateur aurait pu tomber.

Particulièrement bien écrit, très bien dialogué (les mots sont justes, précis, les discours et les conversations ont toute une utilité), et très bien construit, « Boy Erased » est un film qui sera simple et direct. C’est un film qui va aller d’emblée dans le vif de son sujet, tout en construisant avec pudeur le parcours de son jeune héros (même si on regrettera quelques maladresses de ce côté-là, comme une soirée qui dérape).

Joel Edgerton prend le temps de mettre en scène la décision de ce jeune homme, les conséquences, les réflexions et surtout l’emprise que ces lieux peuvent avoir sur ces jeunes. Joel Edgerton y dénonce sans tomber dans le sensationnel les méthodes et les discours puants employés pour remettre dans le droit chemin ces brebis égarées.

« Boy Erased » est bien souvent très émouvant, bien souvent très dur, ne mâchant par ses mots ou ses situations, sous couvert de religion et d’amour ou désamour de dieu. Le message que porte le film est aussi beau, car « Boy Erased« , en plus d’être une leçon de courage, une ode à la liberté, il se pourrait bien qu’il libère de la parole, et même rêvons un peu, fasse changer des mentalités archaïques. Le film véhicule de la tolérance, il dit de vivre avant tout selon ses envies, sans le regard de l’autre et surtout, à travers le destin de ce jeune garçon, il démontre qu’on peut conjuguer homosexualité et religion, même si dans certains cas comme celui-là, le parcours peut être des plus compliqués. Joel Edgerton nous a réservés de très belles scènes vers sa fin, appuyée de discours simples, brefs, mais pleins de vérité.

Si « Boy Erased » fonctionne très bien, c’est aussi grâce à ce casting en or. Russell Crowe en père aimant et perdu est au final touchant. Nicole Kidman est parfaite. Joel Edgerton est on ne peut plus agaçant et c’est assez génial, car l’acteur arrive là encore à jouer sur le fil et ne tombe pas dans la caricature. Pour les petites surprises, on retrouvera Xavier Dolan dans la peau d’un ado perdu, ou encore, et là on a bien du mal à y croire, on trouve Flea, le cultissime bassiste des Red Hot, en homo reconverti.

Mais si tout ce petit monde est parfait, « Boy Erased » c’est surtout Lucas Hedges qui porte tout le film sur ses épaules. L’acteur, qui était déjà épatant dans « Manchester by the sea » et « 3 Billboards …« , démontre encore une fois l’étendue de son talent, incarnant un jeune homme simple, sensible, perdu, naïf, bref, criant de vérité. L’acteur émeut dans ses silences, autant que dans ses « colères » ou ses retenues.

Des programmes de reconversion comme celui-ci, on en trouve encore dans trente-sept des cinquante états des États-Unis et « Boy Erased » compte bien dénoncer toute leur bêtise, mais surtout leur influence, sous couvert de religion et d’amour.

Pour son deuxième film, Joel Edgerton fait donc fort, livrant un film aussi émouvant qu’engagé. Un film qui a un ton, un film qui a une ambition, et qui tout en dénonçant, n’oublie pas de raconter une histoire. Bref, 2019 n’a pas encore commencé qu’on tient là l’un de ses meilleurs films !

Note : 18/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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