avril 25, 2024

Nightflyers et Autres Récits – George R.R. Martin

Auteur : George R.R. Martin

Editeur : ActuSF

Genre : Science-Fiction

Résumé :

Depuis des temps immémoriaux, les volcryns traversent la galaxie. Personne ne sait d’où ils viennent, où ils se rendent… ni même ce qu’ils sont vraiment. Karoly d’Branin est bien décidé à percer ce mystère en lançant une expédition scientifique. Mais à bord de son vaisseau, les tensions s’accumulent très vite et une menace sourde glace ses participants…

Avis :

Ce livre est un condensé de six nouvelles aux styles bien différents. Pourtant, ce sont toutes des récits de science-fiction ou des récits d’anticipation. Aucune information n’est spécialement donnée dans ce sens mais il semblerait que certaines d’entre elles se déroulent dans le même univers complexe. On retrouve par instant des termes identiques ou des noms de peuples mythiques qui sont les mêmes, bien que les descriptions varient légèrement.

Elles peuvent se lire indépendamment et dans l’ordre que nous voulons. Les trois nouvelles les plus longues sont celles intitulées Le volcryn, Sept fois, sept fois l’homme, jamais ! et Une chanson pour Lya. Deux d’entre elles sont placées au tout début et à la fin du livre, ce qui est plutôt astucieux pour le rythme de lecture de l’ouvrage. Les titres ne se valent pas : certains expriment clairement l’objectif des lignes qui vont suivre, quand les autres sont tout bonnement incompréhensibles, même après lecture et réflexion. Le mieux est de ne pas s’y fier et de lire sans aucune appréhension.

L’auteur du Trône de fer nous étonne par sa richesse d’écriture et ses nombreux nouveaux univers fascinants, dans lesquels de nombreux peuples, de nombreuses races, de nombreuses croyances et de nombreuses vies s’éparpillent sur de nombreuses planètes. Devant cette multitude, nous ne nous sentons tout de même pas perdus. L’auteur sait s’intéresser à ce qui compte et ne décrit que l’essentiel. La qualité d’écriture est bien présente et la lecture s’en ressent tant tout est fluide. Les nouvelles les plus courtes sont aussi les plus frustrantes : elles se lisent vite alors qu’on en aurait voulu bien plus.

Les émotions des personnages sont omniprésentes et la majorité des nouvelles nous touchent tout en nous faisant réfléchir. Bien que vivant dans un futur lointain, les personnages nous ressemblent, ressentent les mêmes choses et vivent les mêmes problèmes. George R.R. Martin met en avant des maux actuels, tels que le racisme, la colonisation, la ferveur de la religion, les malheurs de la guerre, l’excès de confiance, le besoin de perfection, le pouvoir de l’argent, la peur des autres ou l’appréhension de la solitude. Chaque sujet est bien illustré et l’humanité que nous connaissons, comme les peuples des autres planètes, en prennent pour leur grade. Son sens critique est subtil et agréablement dispersé dans chacun de ses mots.

On est happés par chaque nouvelle et embarqués dans une aventure folle à chaque fois. Cependant, toutes les nouvelles ne sont pas du même niveau et certaines ne représentent que peu d’intérêt face à d’autres plus massives et bien plus spectaculaires. La nouvelle est un genre particulier dans lequel la chute doit surprendre. Ce n’est pas le cas pour chaque récit, et c’est dommage.

Par exemple, la chute de Ni les feux multicolores d’un anneau stellaire laisse perplexe : « Toutes ces pages pour ça ? ». Il semblerait que le message soit davantage philosophique et qu’il demande de la réflexion, notamment sur des sujets concernant le vide stellaire ou le vide de nos existences. Cependant, la fin de la nouvelle n’a rien d’extraordinaire ni rien de palpitant, et le lecteur se sent déçu.

La chute de Pour une poignée de volutoines est bien menée, quelque peu attendue mais abrupte. Le récit est surprenant grâce à ses personnages manipulateurs de cadavres et nous embarque dans une petite aventure qui se finit bien trop vite. L’histoire de Kabaradjian aurait mérité de ne pas s’achever ainsi.

La chute de Week-end en zone de guerre est certainement la plus choquante ! On ne s’y attend clairement pas et le lecteur en reste pantois. Le thème abordé est un des plus violents. Bien qu’ici aussi la nouvelle soit courte, le message passe mieux et on se sent finalement soulagés de passer à un autre récit.

Le volcryn est la nouvelle la plus longue et celle qui a donné son nom à l’ouvrage. En effet, cette nouvelle est aussi connue sous son terme anglophone de NightFlyers, qui est également le titre de la série éponyme se basant sur le récit de George R.R. Martin. Le volcryn raconte un huis clos qui se déroule dans un vaisseau contrôlé par une intelligence que les passagers ne voient qu’en hologramme. Les membres de l’équipage rêvent de rencontre la race des volcryns, cette race à priori intelligente et bien plus avancée que toutes les autres. Ils seront prêts à tout pour atteindre leur but. Le volcryn est un récit spectaculaire, glauque, quelque peu horrifique et mouvementé. Les personnages sont tous intéressants et on s’empresse de mieux les connaître pour davantage détecter leurs failles et essayer de prédire ce qui va se passer. Le lecteur est surpris à chaque instant car tout semble se dérouler de la pire manière possible et imaginable. Les révélations de la fin sont prenantes et permettent au récit de prendre une nouvelle tournure tout aussi captivante.

Sept fois, sept fois l’homme, jamais ! est un récit dans lequel deux peuples s’affrontent, principalement pour des questions de religion. Le thème n’est pas novateur et pourtant, la manière de l’exploiter est agréablement surprenante. L’auteur s’intéresse aux deux partis et nous plongent dans le quotidien des deux camps, sans nous donner d’aprioris. Cependant, il est difficile de ne pas s’attacher aux plus faibles et de ne pas haïr les prédicateurs qui affirment devoir tuer au nom de leur Dieu. Du fait des descriptions poussées, on finit par plaindre ceux qui ne parviennent pas à voir plus loin que les enseignements de leur maître, et on s’y attache quelque peu tant nous voulons leur montrer la véritable voie. La fin n’amène pas les révélations qui étaient attendues et soupçonnées par le lecteur, laissant ce dernier sur sa faim et avec des questions sans réponse.

Une chanson pour Lya est un récit étonnant, débordant d’amour et amenant à nous poser de nombreuses questions sur notre façon d’aimer et d’apprécier la vie. Il y est encore question de religion mais de manière complètement différente et à travers un culte curieux. Effectivement, les adeptes se suicident, se faisant dévorer par une créature énorme, dès qu’ils atteignent un âge requis et sont très heureux de devoir se sacrifier ainsi. Deux détenteurs de talents psychiques particuliers sont appelés pour enquêter. Contre toute attente, ce qu’ils découvriront ira au-delà de toutes leurs espérances et de toutes leurs interrogations. La fin est à la fois belle et perturbante. Certains lecteurs s’y retrouveront quand d’autres iront contre les idées évoquées.

NightFlyers et autres récits est un ouvrage captivant, intellectuellement prenant et conduisant à de multiples sujets de débats sur notre quotidien. Certaines nouvelles sont incroyables et riches, quand d’autres peuvent décevoir. Cette inégalité ne se ressent tout de même pas à la fin de la lecture, tant la dernière nouvelle, ainsi que les plus spectaculaires, nous restent en mémoire.

Note : 14,5/20

Par Lildrille

Lildrille

Passionnée d’imaginaire et d’évasion depuis longtemps, écrire et lire sont mes activités favorites. Dans un monde souvent sombre, m'évader et fournir du rêve sont mes objectifs. Suivez-moi en tant qu'auteure ici : https://www.2passions1dream.com/. Et en tant que chroniqueuse aussi là : https://simplement.pro/u/Lildrille.

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