mars 29, 2024

Captain Marvel – Lady Marvellade

De : Anna Boden et Ryan Fleck

Avec Brie Larson, Samuel L. Jackson, Jude Law, Ben Mendelsohn

Année : 2019

Pays : Etats-Unis

Genre : Super-Héros

Résumé :

Captain Marvel raconte l’histoire de Carol Danvers qui va devenir l’une des super-héroïnes les plus puissantes de l’univers lorsque la Terre se révèle l’enjeu d’une guerre galactique entre deux races extraterrestres.

Avis :

Le MCU, ou Marvel Cinematic Universe, est devenu un pilier du cinéma. N’en déplaise aux puristes qui se disent cinéphiles dès qu’ils vont voir un drame roumain en noir et blanc sur la condition de la femme durant les années folles, Marvel a réussi à créer un univers cohérent avec une mythologie dantesque et grandiloquente. A un tel point que de nombreux jeunes de vingt ans foncent voir le dernier Marvel car cela a bercé leur enfance et leur adolescence. Et force est de constater qu’ils sont bons dans ce qu’ils proposent. S’il y a toujours eu des moments de faiblesse et des films bien inférieurs aux autres, Marvel arrive toujours à donner un ton épique et à replacer ses personnages secondaires au centre de tout le reste. Ant-Man est un exemple flagrant et Black Widow ne devrait pas tarder à suivre. Maintenant, c’est devenu une habitude, Marvel propose entre deux très grosses productions (ici les deux derniers Avengers, Infinity War et Endgame) une petite récréation ou une Origin Story des familles. Ce fut le cas avec Ant-Man et la Guêpe, et c’est aujourd’hui la même chose avec Captain Marvel, qui nous plonge dans le milieu des années 90 pour nous présenter la plus puissante des mutantes. Mais la puissance n’est rien sans contrôle.

Qui dit Origin Story, dit alors film un peu long au départ pour présenter correctement son personnage. D’entrée de jeu, on nous plonge dans le cœur de l’action avec une jeune femme qui se nomme Vers et qui est une Kree. Les Kree sont en guerre contre les Skrulls, des extraterrestres métamorphes. En arrivant sur une planète pour une mission d’exfiltration, Vers se fait capturer et se retrouve sur Terre. Accompagnée de Nick Fury, elle va alors tenter de se rappeler de son passé, tout en découvrant son véritable adversaire. Dans les faits, le scénario est d’une simplicité accablante. Voulant jouer à tout prix sur un twist final changeant les identités des gentils et des méchants, le film n’arrivera jamais à garder son suspens à cause d’un scénario mal écrit et d’une réalisation qui laisse peu de place au doute. D’un point de vue écriture, le film veut prendre son temps au départ, esquissant les traits d’une jeune femme qui ne souhaite qu’une chose, s’émanciper et trouver sa véritable identité. Du coup, la quête d’un noyau énergique ne sera que secondaire, et on aura droit aux sempiternelles blagounettes Marvel pour montrer que les filles, c’est aussi fort que les garçons, si ce n’est plus. Mais le début est beaucoup trop long et le passage où elle découvre la Terre est interminable malgré une scène d’action qui n’est folle non plus.

Le principal souci, c’est la caractérisation du personnage en lui-même. Oui, c’est une femme forte, mais on s’évertue à nous le répéter sans cesse durant le métrage. Le film se veut féministe, voire même Girl Power, mais il ne le fait qu’en surface, sans jamais traiter le problème en profondeur. Carol Denvers n’a que très peu de fissures, contrairement à Black Widow par exemple, et de ce fait, elle demeure moins intéressante. On nous montre ses pouvoirs, on nous montre quelques-unes de ses défaites face aux hommes, mais quand bien même, elle s’en remet très bien, n’étant jamais sombre, déçue ou en proie au doute. D’ailleurs, au sein du comics, elle est un personnage dichotomique, qui noie souvent son incertitude dans l’alcool, mais il n’en sera rien dans cette histoire. Captain Marvel est un film lisse avec des personnages tout aussi lisses. D’ailleurs, on ne pourra qu’être déçu par des protagonistes comme Nick Fury, qui ne sert à rien à part faire rire la galerie avec un chat, ou l’agent Coulson qui n’est présent que pour flatter l’égo des fans de la première heure. Et que dire de Jude Law, complètement sous-exploité, pas intéressant du tout et surtout ne dégageant aucun charisme. Il ne reste que Ben Mendelsohn dans le rôle de Talos qui demeure sympathique parce qu’il a un arc narratif touchant et intelligent.

Comme on peut le voir, sur le fond, Captain Marvel ne convainc pas vraiment, et pourtant, c’est un scénario à dix mains. Ils s’y sont mis à cinq pour pondre l’histoire et finalement délivrer une histoire basique, avec un retournement tout pété et quelques éléments qui vont venir rappeler les anciens films de la franchise. Ainsi on pourra revoir le Tesseract de Captain America ou encore Ronan, le grand méchant des Gardiens de la Galaxie. C’est peu de chose et ça ne sert franchement pas à grand-chose. Et puis le vrai fond, c’est le féminisme et l’émancipation des femmes, mais encore une fois, c’est très mal exploité, parce que de toutes les manières, Captain Marvel est utilisée par des hommes. Elle tient son pouvoir d’une femme, certes, et encore c’est plus un accident qu’autre chose, mais elle est utilisée par les Kree et Jude Law au tout début, puis par Nick Fury par la suite, avant de suivre les conseils de Talos. Et même sur la fin, alors qu’elle maîtrise complètement ses pouvoirs, elle reste à la disposition de Fury. Elle est constamment sous l’emprise d’un homme. Bref… A cela vient se greffer quelques incohérences, comme le fait qu’elle ne vienne jamais sur les précédent Avengers alors qu’elle dit quelque chose d’important à Fury et que certaines symboliques frôle le néant, comme cette affiche de True Lies où elle dézingue la tronche à Schwarzenegger, voulant faire de ce passage éclair un symbole de la lutte féminine.

Sur la forme, le problème est tout autre et le film va souffler le chaud et le froid. Le début est ultra sombre, l’éclairage est dégueulasse, on a l’impression de voir un DTV qui a fait des économies sur la photographie et très clairement, le film ne tient aucune de ses promesses. Seule la fin sera un poil plus épique de ce côté-là, mais il ne faut pas être difficile. En même temps, le film a été confié à un duo de réalisateurs peu connu, qui a fait ses armes sur des films assez confidentiels, dont le pas terrible Under Pressure déjà avec Ben Mendelsohn, et des épisodes de séries. C’est assez peu pour leur filer ensuite un gros bébé comme celui-ci. Du coup, la réalisation n’est pas terrible. Les combats à mains nues sont illisibles, c’est ultra cuté, tout va trop vite et on a parfois l’impression de subir des ellipses temporelles tant les scènes n’ont pas de sens les unes entre les autres. Il n’y a aucun génie dans ce film, ni même une belle iconisation de l’héroïne qui trouve son costume grâce à une fillette de neuf ans. Et la tristesse va aller jusqu’à la musique, qui est très mal utilisée. Les trentenaires seront heureux puisque l’on retrouve des musiques de cette époque, comme Waterfalls des TLC ou encore Come as you Are de Nirvana et même du Hole ou du No Doubt, mais c’est très tape à l’œil et on sent que c’est présent pour faire plaisir à ceux qui ont vécu ces belles années. Ou alors c’est pour faire dans la référence putassière comme le morceau I’m Just a Girl lors d’une baston dans laquelle l’héroïne commence à maîtriser ses pouvoirs.

Au final, Captain Marvel est un blockbuster lambda qui fait bien office d’apéritif avant le gros morceau que devrait être Avengers – Endgame. Cependant, le film se révèle être assez ennuyeux et très maladroit dans les messages qu’il veut faire passer, remplissant simplement un cahier des charges peu rigoureux, avec de la vanne à deux balles et de l’action épique pour la fin, qui montre tous les pouvoirs de l’héroïne en question. C’est peu, trop peu, et même si Brie Larson semble croire en son personnage, le spectateur reste de marbre, devant se contenter du minimum, d’un Origin Story sans saveur, lisse, plate, mais qui va quand même remplir les poches de Marvel en cette période de vache maigre. Sinon, il y a un chat.

Note : 11/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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