avril 18, 2024

Bring me the Horizon – Amo

Avis :

Fondé en 2004, il n’aura pas fallu beaucoup de temps à Bring me the Horizon pour percer et même devenir une figure emblématique de la scène Métalcore, voire même Métal tout court. Porté par son leader charismatique Oliver Sykes dont la légende s’accorde à dire qu’il s’est pété les cordes vocales lors d’un titre où il a trop crié, le groupe a partagé les fans lors de ces dernières années. En effet, délaissant progressivement le métal qui a fait la renommée du groupe, Bring me the Horizon a changé son fusil d’épaule pour devenir, petit à petit, un groupe post-pop, aimant les sonorités électro ou encore poussant à son paroxysme un aspect émo presque pénible. Les fans sont alors divisés mais le groupe annonce encore plus son clivage avec That’s the Spirit, qui arrivait néanmoins à trouver un équilibre assez juste entre métal et pop, trouvant une certaine fougue dans diverses compositions. Avec Amo, sixième opus du groupe, Oliver Sykes entend encore plus diviser les fans de la première heure, voire même les faire disparaître à tout jamais. Car si cet effort présente quelques titres pêchus, on va vite se rendre compte que le groupe délaisse complètement le côté métal pour livrer une galette pop édulcorée, aux paroles insignifiantes et à l’enrobage qui frôle la malhonnêteté.

Le skeud s’ouvre sur I Apologize if you Feel Something. Doit-on y voir un côté totalement égocentrique ? Peut-être. Toujours étant, le groupe laisse complètement de marbre sur ce titre qui peut faire office d’introduction, mais qui loupe son coche, s’affichant directement avec un côté électro émo dépassé et presque dépressive. Fort heureusement, le groupe se réveille derrière avec Mantra, premier titre choisi pour vendre l’album. La communication du groupe fonctionne à merveille, mentant honteusement sur la marchandise comme on pourra le voir plus tard, mais Mantra fonctionne, et il se pose même comme l’un des meilleurs morceaux de l’album. C’est assez triste de dire cela lorsque l’on sait que le titre s’est bâcher au moment de sa sortie, les aficionados hurlant à l’aspect pop. Mais le titre laisse libre cours à des grattes assez lourdes, et à la vue de la qualité sous-jacente de cet album, on ne peut que s’en réjouir. Alors oui, d’autres titres vont tirer leur épingle du jeu, notamment Wonderful Life qui se veut punk dans l’âme avec des riffs saturés à bloc et une énergie communicative. On pourra aussi se réjouir des cris dans Sugar, Honey, Ice & Tea, un titre presque estival, mais qui contient son refrain bien catchy et qui fonctionne à plein régime. Enfin, certains titres, bien que plus calmes, marchent aussi soit grâce à une mélodie étrange mais lourde, à l’image de Heavy Metal, ou encore grâce à un refrain entêtant au service d’une mélodie pop pas si dégueulasse que ça. Et là, on peut citer In the Dark, malgré son côté électro lounge presque pénible, mais qui semble sied au côté emmouraché de Sykes.

Le problème, c’est que lorsque l’on enclenche l’écoute d’un album de Bring me the Horizon, les sonorités pop, ce n’est pas vraiment ce que l’on voudrait entendre. Et cela arrive bien trop souvent dans cette galette. On a vu que dès l’intro, le ton est donné et cela va baigner durant tout l’album. Quand arrive Nihilist Blues, on se demande si on écoute bien le groupe anglais. Morceau intégralement électro, nous faisons face à un titre qui ne rentre pas du tout dans la ligne éditoriale du groupe et surtout, on pourrait presque se croire en boîte de nuit. Entre un rythme assez soutenu et des breaks à grands coups d’infrabasse sur-saturée, on a l’impression d’être à Ibiza et non pas au Hellfest. Et on retrouvera cette sensation bien trop souvent, notamment avec Fresh Bruises qui est d’une nullité sans nom et qui donne la sensation que le groupe a une forte envie de dragouiller l’otaku adolescente à tendance émo plutôt que le gros barbu tatoué qui a envie de faire du headbang. Et quand le groupe commence à faire de l’électro hip-hop, la messe est dite et on a qu’une envie, se tirer une balle dans les oreille. Why you Gotta Kick me When I’m Down ? est un titre insupportable, sauf si on aime le rap et le hip-hop ricain, ce qui ne rend pas service au groupe. On se demande bien ce qui a pu se passer au sein du groupe pour sortir une chose pareille. Et encore, on ne parle pas des autres titres complètement transparents et qui manquent cruellement de profondeur ou tout simplement d’intérêt musical.

Au final, Amo, le dernier effort de Bring me the Horizon, est une amère et grosse désillusion. Non seulement l’album n’est pas bon parce qu’il propose un clivage trop marqué par rapport à ce que faisait le groupe auparavant, mais aussi par son intérêt quasi vide où les paroles se situent constamment autour d’histoires amoureuses compliquées. Bref, malgré les bons côtés de cet album, on ne retiendra finalement que l’aspect électro, bien trop présent et prégnant et qui dessert complètement le groupe, ayant perdu toute son énergie et sa verve, comme le prouve le titre du dernier morceau…

  • I Apologize if you Feel Something
  • Mantra
  • Nihilist Blues
  • In the Dark
  • Wonderful Life
  • Ouch
  • Medicine
  • Sugar Honey Ice & Tea
  • Why you Gotta Kick me When I’m Down?
  • Fresh Bruises
  • Mother Tongue
  • Heavy Metal
  • I Don’t Know What to Say

Note: 07/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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