mars 29, 2024

At the Gates – To Drink From the Night Itself

Avis :

La vie d’un groupe, surtout dans le domaine du métal, est parcourue de hauts et de bas et bien souvent, cela peut coûter cher. Combien de groupes n’ont pas survécu à un split, une pause ou un hiatus ? Et il arrive parfois que des groupes que l’on croyait disparu refassent surface, ce qui est un peu le cas d’At the Gates. Fondé au début des années 90, le groupe de Death Métal suédois est considéré comme l’un des piliers de la scène, au même titre que In Flames ou encore Soilwork. Enchainant les succès entre 1992 et 1994, le groupe va être très prolifique, sortant quatre albums en quatre ans. Seulement, le succès a beau être là, le groupe décidera de se séparer en 1996. Cela laissera le temps aux différents musiciens de créer d’autres groupes, comme The Haunted par exemple. Cependant, c’est en 2008 que le groupe décide de se reformer non pas pour faire de nouveaux albums, mais pour faire des tournées dans de gros festivals. Et quatre ans plus tard, le chanteur de dire qu’il n’est pas contre faire de nouveau album avec At the Gates. Résultat des courses, le groupe se reforme, signe un cinquième album en 2014 puis sort To Drink From the Night Itself en 2018. La question que l’on peut se poser, c’est est-ce que At the Gates est de retour en grande forme ?

Le skeud débute avec Der Widerstand et il s’agit d’une introduction dépassant timidement la minute d’écoute. Avec cette guitare sèche et ces petits chœurs féminins, le tout accompagné d’une orchestration aux violons est très belle, très douce, tout en y apportant une touche de désespoir. Difficile de ne pas sentir la colère latente qui monte crescendo dans ce titre et ce sentiment de lourdeur qui pèse sur les lignes de basse. Et on ne se trompera guère puisque avec le morceau éponyme de l’album, le groupe lâche rapidement les brides pour offrir tout ce que le métal suédois peut proposer de meilleur. C’est violent, dense, tout en growl, mais apportant quelques nuances en second plan lors des couplets pour laisser un peu de place à la mélancolie. La technicité des musiciens est folle et surtout on retrouvera tout ce qui le sel du Death mélodique suédois avec quelques breaks bien sentis et surtout une énergie débordante. Avec A Stare Bound in Stone, le groupe continue sur sa lancée, allant peut-être plus loin dans le chant crié et une rythmique plus percutante, plus violente. Les breaks sont moins présents, le titre est plus linéaire, mais il est très lourd et montre une grosse envie d’en découdre dans le pit et de faire bouger les foules et les têtes. En bref, c’est bourrin, c’est pêchu et c’est clairement taillé pour la scène. D’ailleurs, tout l’album semble être construit pour faire bouger les gens devant la scène, mettant en avant une violence accrue et des riffs bien lourds et puissants. Et ce ne sont pas des titres comme Palace of Lepers (rien à voir avec Julien) ou encore The Colours of the Beast qui vont nous faire dire le contraire, avec la double-pédale bien active.

Ce que l’on pourrait reprocher à cet album, c’est sa propension à devenir vite redondant. Le problème ne vient pas forcément du manque de variété à l’ensemble, mais plutôt d’une rythmique bien trop huilée qui fait qu’à la longue, on a l’impression d’être constamment sur la même tonalité. Ceci n’est pas tout le temps vrai et certains titres viennent le confirmer, comme par exemple Daggers of Black Haze, un morceau un peu plus posé, plus sombre dans son ambiance, plus désespéré dans sa façon de faire. Le chanteur, toujours en criant, essaye d’apporter un peu plus de variations afin de toucher l’auditeur et cela marche du tonnerre. D’ailleurs, il s’agit certainement de l’un des meilleurs morceaux de l’album. On pourra aussi se réjouir de In Nameless Sleep qui propose des riffs moins lourds dans son introduction avant de lâcher les chevaux dans la deuxième partie du titre. Ce sera aussi le cas avec A Labyrinth of Tombs ou encore Seas of Starvation, un morceau complet, triste et puissant à la fois. Mais finalement, le titre le plus synthétique du groupe reste The Mirror Black, le dernier album, qui débute de façon mélancolique et absolument parfaite, faisant presque penser à du Doom, avant d’entamer une lente descente en enfer et de rejoindre les tréfonds du Death pur et dur. Le morceau est très réussi et laisse sur une sensation de fin du monde qui n’est pas pour nous déplaire.

Au final, At the Gates signe, avec son dernier album, To Drink From the Night Itself, un joli retour en force amorcé en 2014. Plus en forme que jamais, les suédois prouvent qu’ils ont encore des choses à dire et ils le font avec énergie, puissance et maîtrise. Si on pourrait regretter une certaine redondance dans les rythmiques, rares sont les groupes à afficher une telle violence et une ambiance aussi marquée et désespérée. Bref, un excellent album.

  • Der Widerstand
  • To Drink From the Night Itself
  • A Stare Bound in Stone
  • Palace of Lepers
  • Daggers of Black Haze
  • The Chasm
  • In Nameless Sleep
  • The Colours of the Beast
  • A Labyrinth of Tombs
  • Seas of Starvation
  • In Death They Shall Burn
  • The Mirror Black

Note: 16/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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