avril 25, 2024

Rogue Mission

Titre Original : Blackmark

De : A.J. Martinson

Avec Kaiwi Lyman, Jeff Hatch, Corey MacIntosh, Timothy Oman

Année: 2018

Pays: Etats-Unis

Genre: Action, Thriller

Résumé:

Un missile soviétique a été piraté par un terroriste et lancé en direction de la côte ouest des États-Unis. Les Américains et les Russes vont être confrontés à un niveau de crise jamais atteint durant la Guerre froide. Une course contre la montre s’engage pour empêcher un conflit nucléaire mondial apocalyptique.

Avis :

Eu égard aux conséquences géopolitiques qui en découla, la période de la guerre froide est un thème particulièrement adapté aux productions d’espionnage. Dépeint sous de nombreux angles, le contexte s’étend de 1947 à 1991, soit 45 ans d’histoire et de conflits en tout genre. Par ailleurs, le sujet fait l’objet d’une très bonne incursion télévisée avec The Americans. Avec Rogue Mission, on s’attend à un film d’action basique dont l’affiche pour le marché du DTV laisse peu d’espoir quant à la qualité et au respect historique de son intrigue. Avec une poignée d’acteurs habitués aux rôles secondaires et aux séries B, il est à craindre à un énième navet opportuniste dont seul le cinéma d’exploitation a le secret. Les préjugés se confirment-ils ? Rien n’est moins sûr…

Car, derrière ses atours de productions burnées, on découvre un métrage bien plus complexe et intéressant qu’aux premiers abords. Une fois n’est pas coutume, l’emballage marketing est trompeur, mais dans le bon sens du terme. Autrement dit, on ne se confronte pas à une occurrence binaire aux doux relents de patriotisme sur l’un des moments les plus tendus de la guerre froide. On se retrouve plutôt avec une intrigue aux tenants ambitieux. Le récit prend place au début des années 1980 uniquement pour nous les présenter. Cet intermède fera également office d’épilogue. À savoir, découvrir qui a assassiné John Fitzgerald Kennedy tout en étayant le mobile.

Pour ce faire, le scénario va se montrer très méticuleux en ce qui concerne l’évocation des faits historiques. Le débarquement de la baie des cochons, la crise des missiles de Cuba, les tensions entre les blocs de l’est et de l’ouest… On notera également une place prépondérante du complexe militaro-industriel. Chaque élément s’intègre parfaitement dans la fiction pour flouer les repères et accréditer la thèse présentée par la suite. Certes, le ton complotiste est évident. Pour autant, il s’avère suffisamment pertinent et bien amené pour développer le sujet. L’hypothèse retenue n’est pas forcément la plus connue et, pour rien ne gâcher, elle offre une certaine résonnance avec notre époque.

On retrouve des allusions assez troublantes dans les discours d’Arthur Blackmark, notamment dans sa diatribe finale. Cette dernière se révèle cynique et probante sur la manipulation des masses, des médias et, plus particulièrement des politiques gouvernementales. En somme, une sorte d’exploitation exacerbée du capitalisme au bénéfice d’une élite intouchable qui use des dirigeants, comme de simples hommes de paille. Il est vraiment surprenant de découvrir une production aussi discrète et modeste avec une intrigue avec un parti pris assumé et surtout maîtrisé. 

Il est toutefois à déplorer quelques écueils formels. Plusieurs baisses de rythme viennent ponctuer la progression avec un enchaînement de séquences parfois téléphonées. Le cadre et le rôle de chaque intervenant restent intelligibles, mais le montage tend à effectuer des raccourcis faciles au profit de passages moins pertinents. Cela vaut pour certaines décisions, ainsi que pour des scènes où le sort des protagonistes fait stagner l’histoire dans un environnement restreint. Bien que peu nombreuses, les fusillades sont le gros point faible du film, car elles démontrent un sens de l’action pour le moins maladroit et des échanges peu naturels. Un constat qui se vérifie aussi avec une interprétation en dent-de-scie.

Au final, Rogue Mission s’avance comme une petite (et agréable) surprise dans le domaine du DTV beaucoup trop chargé en productions médiocres et opportunistes. Il est vrai que l’on peut déplorer des effets de mise en scène bancals, en particulier pour les séquences d’action et un casting inégal. Néanmoins, on apprécie une intrigue travaillée qui, si elle ne plaît pas à tous au vu de ce qu’elle sous-tend, porte un regard sans concessions sur le contexte de la guerre froide et son influence sur la société actuelle. De velléités mégalomaniaques en jeux de faux-semblants, voilà un film d’espionnage inattendu aux propos nuancés et dénués de toute question patriotique.

Note : 14/20

Par Dante

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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