avril 24, 2024

Une Intime Conviction – Le Procès Viguier

De : Antoine Raimbault

Avec Marina Foïs, Olivier Gourmet, Laurent Lucas, Jean Benguigui

Année : 2019

Pays : France, Belgique

Genre : Drame, Thriller

Résumé :

Depuis que Nora a assisté au procès de Jacques Viguier, accusé du meurtre de sa femme, elle est persuadée de son innocence. Craignant une erreur judiciaire, elle convainc un ténor du barreau de le défendre pour son second procès, en appel. Ensemble, ils vont mener un combat acharné contre l’injustice. Mais alors que l’étau se resserre autour de celui que tous accusent, la quête de vérité de Nora vire à l’obsession.

Avis :

« Une intime conviction« , c’est le premier film d’Antoine Raimbault, un jeune réalisateur d’une trentaine d’années. Réalisant des courts-métrages depuis le début des années 2000, Antoine Raimbault s’est quelque peu passionné pour le procès Viguier, auquel il a assisté comme simple spectateur et citoyen. Si au départ, il voulait faire un documentaire sur la famille Viguier, il va surtout en résulter de cette expérience un long processus d’écriture et au bout, un premier long-métrage dix ans après ce procès.

« Une intime conviction » est donc un film judiciaire dans un premier temps. Pour son premier film, Antoine Raimbault n’a pas choisi la facilité et tout en livrant une œuvre de fiction qui sera un plaidoyer pour la justice elle-même, le jeune réalisateur fait revivre une affaire peut-être oubliée, et livre là un film original, prenant, haletant et très intéressant. Emporté par un duo d’acteurs au top et une intrigue plus complexe et riche qu’elle n’en a l’air, « Une intime conviction » est une première réussite pour son réalisateur.

Le 27 Février 2000, Suzanne Viguier, une jeune femme de trente-huit ans, disparaît sans laisser aucune trace. Très vite, la police soupçonne son mari, Jacques Viguier, de l’avoir tuée. Sur des rumeurs, sans cadavre à la clef, l’homme est accusé de meurtre. En 2009 s’ouvre un premier procès qui l’acquittera, mais à juste raison ou non, le coupable est tout trouvé et l’avocat général fait appel de la décision. S’ouvre alors, un an plus tard, un deuxième procès. Nora, une jeune femme qui connaît les enfants Viguier, a l’intime conviction que ce dernier est innocent. Mettant tout en œuvre, elle va aller chercher Eric Dupond-Moretti pour défendre Viguier. Si Dupond-Moretti refuse au départ, il va très vite reprendre l’affaire et demander l’aide de Nora, qui connaît sur le bout des doigts cette affaire.

Le film de procès, est-ce encore un genre utile au cinéma ? Il faut dire que beaucoup a déjà été fait, pour ne pas dire tout a déjà été fait. Quand on pense aux films de procès d’emblée, des chefs-d’œuvre nous viennent en tête avec l’ultime « 12 hommes en colères » de Sidney Lumet. Oui, mais encore… Le film de procès est un genre qu’on connaît par cœur, tant ses ressorts ont été utilisés, ce qui peut en faire du vu, revu et re-revu. Et pourtant, malgré ce constat, on peut encore trouver de petites perles qui sont capables de nous étonner et « Une intime conviction » d’Antoine Raimbault est de ceux-là, indéniablement.

Faisant revivre une affaire qui est oubliée aujourd’hui, s’arrêtant sur le deuxième procès de Jacques Viguier, Antoine Raimbault nous entraîne dans un film qui va être bien plus qu’un drame judiciaire. « Une intime conviction« , c’est aussi bien un pamphlet pour la justice qu’une enquête sur écoute prenante. D’ailleurs, l’idée des écoutes téléphoniques et l’enquête qui est menée à travers elle est tout simplement géniale. C’est un film qui sème le doute de par le mutisme de son accusé, dont finalement, on a bien du mal à cerner s’il peut être coupable ou non. C’est un film qui se fait prenant de par son envie de vérité. Une envie qui devient une enquête aux confins de la folie. Une envie folle, incarnée par une Marina Foïs fabuleuse qui est le seul et unique personnage qui fut invité pour les besoins, la richesse et la cohérence du récit.

Ce qui est excellent avec « Une intime conviction« , c’est aussi le fait qu’Antoine Raimbault a su injecter beaucoup de suspens dans son intrigue. À travers ce procès qu’on va revivre, à travers la pression et la violence qui règnent dans cette salle de procès, le jeune réalisateur a su aussi sortir de cette pièce et livre un film qui toucherait presque au polar, car l’enquête est ici à refaire et peut-être que l’assassin est présent. Peut-être est-ce Viguier ? Peut être est-ce quelqu’un d’autre ? Ou peut-être est-ce personne, puisque le film rappellera aussi le nombre de personnes qui tous les ans, disparaissent sans laisser de traces. Du coup, Antoine Raimbault nous accrochera d’autant plus, car on restera plus attentif encore au moindre détail, notamment, comme je le disais plus haut, dans les écoutes téléphoniques, où il se peut que la solution s’y trouve.

Enfin, et c’est peut-être l’élément le plus fort et prenant du film, « Une intime conviction » aborde la justice. Comment fonctionne-t-elle ? À quoi sert-elle ? Comment la rend-on ? Les preuves, les doutes, les envies, les pièges … « Une intime conviction » est bourré de nuances, et plus que de prendre parti, le film pose des questions, des réflexions et finalement parle avec objectivité de la justice, décrivant aussi bien ce qu’il y a de bon et de mauvais en elle. On notera toutefois, l’incroyable composition d’un Olivier Gourmet totalement possédé par son rôle, livrant un dernier plaidoyer qui collera des frissons à plus d’un spectateur. Si la ressemblance entre Gourmet et Dupond-Moretti n’est pas évidente au premier coup d’œil, nul doute qu’il est le célèbre l’avocat !

Pour son premier film, Antoine Raimbault livre un excellent moment de cinéma. Un moment intriguant, piquant, passionnant. Un moment de mystères et de suspens, tout comme cette « … intime conviction » sera un moment de justice. Tenu par une Marina Foïs au top et un très grand Olivier Gourmet, « Une intime conviction » est la bonne surprise qu’on n’attendait pas. Maintenant, on attend le prochain film d’Antoine Raimbault avec curiosité.

Note : 15/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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