mars 19, 2024

The Doll

De : Rocky Soraya

Avec Shandy Aulia, Denny Sumargo, Sara Wijayanto, Vitta Mari

Année : 2016

Pays : Indonésie

Genre : Horreur

Résumé :

Quand il rapporte à sa femme une poupée trouvée, sans savoir qu’elle appartenait à une fillette assassinée, le cauchemar commence.

Avis :

Depuis de nombreuses années, les poupées ont le vent en poupe dans le cinéma d’horreur et ce n’est pas la saga Chucky qui dira le contraire. Considérée un peu comme le fer de lance de ce qui pourrait être un sous-genre horrifique, la licence a permis à d’autres monstres de plastique de voir le jour et donc de créer des terreurs nocturnes à bien des âmes sensibles. On pourrait dire en vrac Blood Dolls de Charles Band, Dolls de Stuart Gordon, et tout récemment The Boy ou encore le nanardesque Annabelle. Bref, les poupées ont toujours suscité un drôle de sentiment, propre à créer de la peur et de l’angoisse. Bien évidemment, la poupée est un monstre universel qui traverse les frontières et d’autres pays ont commencé à créer leur propre licence avec leur folklore. Et Rocky Soraya semble fasciné par les poupées. Car si Netflix a d’abord permis de voir son dernier film en date, Sabrina, avec une poupée dégueulasse et maléfique, voici que déboule The Doll (et sa suite, mais ça, ce sera pour plus tard), encore un film avec une poupée démoniaque et un esprit vengeur. Un thème qui le travaille, qu’on vous dit.

Pour la petite histoire, le film commence avec un témoignage d’enfants qui ont trouvé une poupée et qui, par la suite, ont vécu des phénomènes paranormaux chez eux. Après le générique, le film fait un bond dans le temps et on se retrouve avec un jeune couple dont le mari vient d’avoir une promotion. Travaillant sur les chantiers pour un riche homme d’affaires en immobilier, il force ses employés à couper un arbre avec une poupée accrochée dessus (oui, la même qu’au début du film). Très réticent, les employés découpent l’arbre malgré les croyances locales. Revenant alors chez lui, l’homme trouve la poupée dans son coffre et l’offre à sa femme qui les collectionne. En parallèle, sa femme fait la connaissance de sa voisine d’en face, qui aime les histoires de fantômes et le paranormal. Et comme par hasard, une fois la poupée dans la baraque, des bruits étranges se font entendre et la femme se fait agresser toutes les nuits. Le couple fait alors appel à une médium très connue. Très clairement, on toutes les bases du film de poupée maléfique qui est un transporteur d’esprit. Pour ceux qui auront vu Sabrina avant, on retrouvera de très grandes similitudes entre les deux scénarios, à un tel point que parfois, on se demande si ce n’est pas le même film avec des personnages différents. Mais la vraie question que l’on doit se poser, c’est si c’est bien, et là, ce n’est pas gagné.

Le problème avec ce film, outre le fait qu’il brasse des sujets déjà connus, vus et revus, c’est qu’il n’arrive pas à imposer une ambiance poisseuse ou inquiétante. Ce problème provient principalement de la réalisation, fade au possible, mais aussi de l’éclairage et de la photographie qui sont très clairs. Avec The Doll, Rocky Soraya ne semble pas intéressé par une recherche d’ambiance ou une quelconque cohérence dans les relations temporelles. Je m’explique. Tout, quasiment tout, se déroule de plein jour, avec un blanc immaculé dans les belles maisons toutes neuves. De ce fait, il est très compliqué d’instaurer une ambiance de frousse, notamment avec une poupée qui dénote dans le cadre, puisqu’elle est sale et abîmée. Ce sera d’ailleurs le seul objet en décalage par rapport au reste. Mais c’est justement là que ça pose problème, car ce n’est pas cohérent avec le reste. Pourquoi la femme la met dans sa collection alors qu’elle est hideuse et abîmée. Pourquoi garder un truc à l’état d’abandon ? Bref, il manque de la logique dans ce film. Et surtout, le réalisateur ne joue pas avec l’ambiance, avec la météo. On aura bien un moment où la pluie tombera à flots, mais cela ne concerne qu’un passage. Et c’est dommage parce que ce passage fonctionne plutôt bien.

Car oui, ne soyons pas mauvaise langue, certains passages fonctionnent assez bien. On apprend rapidement que la poupée est hantée par l’esprit d’une jeune fille de cinq ans, et il y a une paire de passages qui sont assez bien faits. Les attaques du fantôme se veulent surprenantes et le design global du monstre est assez efficace, avec des yeux perçants et un physique bien creepy. Malheureusement, ce sera bien tout ce qu’il y a à se mettre sous la dent tant tout le reste semble factice. La poupée n’est qu’un argument commercial pour les fans de ce sous-genre et elle ne sert pas à grand-chose. Le film aurait pu tenir sans l’objet en question et on voit bien que cela n’est présent que pour taper dans l’œil. On regrettera aussi sur la fin des effets spéciaux désuets (le film datant de 2016, on aurait pu attendre un peu mieux) et un gore généreux, certes, mais qui ne sert finalement à rien, puisque tout le film demeure bien sage avec seulement quelques griffures par-ci par-là, et on ne peut qu’y voir une volonté tape à l’œil encore une fois. Un gore qui sera d’ailleurs décrédibilisé par la suite à cause d’un montage cut à mort et d’acteurs qui surjouent comme jamais.

Enfin, le film souffre d’un scénario poussif et d’un manque d’empathie pour les personnages. Le début est presque hilarant car rien ne va. Le couple sonne faux, les relations ultra amoureuses qu’ils entretiennent sont superficielles, et il faut rajouter à cela une musique en décalage complet, qui donne à l’ensemble un aspect kitsch détestable. Plutôt que de se projeter avec ce couple, on reste complètement en retrait, se marrant devant autant de mauvais goût. Mais le pire dans tout ça reste les incohérences du scénario. Comme pour Sabrina, le fantôme n’attaque pas sans raison dans The Doll. Sauf que le film joue sur un twist improbable, qui signifie que la poupée n’est pas venue pas hasard dans cette baraque, mais la façon dont elle arrive est le jeu du destin. Si l’homme n’avait jamais demandé à faire couper l’arbre, la poupée ne se serait jamais retrouvée dans cette maison. Du coup, c’est vraiment tiré par les cheveux et on se demande durant tout le film pourquoi cette jeune fille attaque ce couple. On sait qu’elle fut assassinée chez elle par des cambrioleurs, alors pourquoi s’en prend-elle à n’importe qui ? Et il faut rappeler que l’on fait face au fantôme d’une fillette de 5 ans et quand on entend son vocabulaire, tout cela montre la légèreté du script et le je m’enfoutisme du réalisateur.

Au final, The Doll est un mauvais film d’horreur, doublé d’un mauvais film tout court. Réalisé de façon trop proprette, le film n’arrive jamais à susciter la peur et surtout, il se veut roublard alors qu’il entretient une intrigue hautement improbable, le relayant à un essai manqué, avec des acteurs qui en font des caisses et des passages purement gratuits. Bref, un nouvel échec de la part de Rocky Soraya, qui est fasciné par les poupées mais par forcément par le septième art.

Note : 06/20

https://www.youtube.com/watch?v=wmxaPlPJxqU

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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2 réflexions sur « The Doll »

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