mars 28, 2024

Diablo Swing Orchestra – Pacifisticuffs

Avis :

Parmi tous les sous-genres qui parsèment le milieu du métal, il y en a un qui demeure très compliqué à décrire, c’est l’Avant-Garde Métal ou le Métal Avant-gardiste. En effet, derrière cette appellation barbare se cache en fait un pot-pourri des groupes que l’on n’arrive pas à ranger dans une catégorie précise. Dans ses grandes lignes, le métal avant-gardiste est un dérivé du Heavy, mais qui emprunte aussi à de nombreux autres styles, mettant en avant des instruments atypiques dans le domaine du métal. Si Celtic Frost semble être l’un des fers de lance du métal avant-gardiste, le Diablo Swing Orchestra n’est pas en reste. Formé en 2003 en Suède, le groupe va rapidement se forger une réputation solide. Composé de huit membres, faisant intervenir aussi bien des guitares saturées que des trompettes ou du violoncelle, le groupe s’amuse constamment à repousser les limites du métal, lui insufflant des élans jazzy, manouche et parfois classiques. Il en résulte alors une bande atypique, qui ose faire des mélanges interdits et qui parvient toutefois à trouver un juste équilibre à chaque fois, proposant une expérience auditive exclusive et souvent jouissive. Et cela faisait cinq ans que nous n’avions plus de nouvelles du groupe, qui est revenu en 2017 avec Pacifisticuffs et sa nouvelle chanteuse. Quel est alors le verdict de ce dernier album ? Encore une fois, ça tue.

Pourtant, au départ, ce n’était pas forcément gagné pour cet album. Entre une pochette qui ne donnait pas envie et surtout, une propension à des titres courts qui font office d’interlude, on pouvait craindre le pire avec cet album, qui a pourtant mis cinq ans à voir le jour. Et il est vrai que ces quelques passages de quelques secondes ne sont pas vraiment folichons. D’autant plus que cela fait croire à un album généreux et dense, avec ses 13 pistes, mais si on enlève ces moments d’errance qui n’apportent rien, on descend à neuf vrais titres et cela fait un peu pâle figure. Maintenant, reste à savoir si ces neuf titres valent vraiment le coup et c’est clairement le cas. En premier lieu, il est important de pointer du doigt des morceaux qui sortent vraiment du lot et du domaine du métal, même s’ils en gardent quelques facettes. On pense bien entendu au premier single du skeud, Jigsaw Hustle qui fait référence aux années 80 et à une rythme presque disco malgré son introduction au violon. Ici, les guitares restent en retrait, la basse et les violons donnent le tempo et c’est vraiment réussi, même lorsque le côté plus dark du groupe prend le dessus, toujours sublimé par les trompettes et autres cuivres. On peut aussi citer Ode to the Innocence, qui est un sublime morceau, tout en violon/voix et qui touche au plus profond, montrant que derrière ses atours festifs, le groupe peut aussi se faire plus doux, plus tendre. En parlant de tendresse, Climbing the Eyewall est d’une justesse incroyable, offrant une introduction sublime avant de livrer quelque chose de plus sombre, de plus désespéré mais de terriblement efficace.

Comme on peut le voir, malgré sa propension aux interludes, voulant certainement présenter cet album comme une pièce de théâtre avec des rebondissements, Diablo Swing Orchestra livre son lot de titres imposants et tout simplement vibrants d’amour pour la musique en général. Cela se ressent sur le dernier titre énoncé plus haut, Climbing the Eyewall, qui recèle tous les ingrédients du groupe, mélangeant avec justesse le rock, le métal, l’aspect jazzy et manouche ou encore une pointe de classique dans certaines variations. C’est à la fois puissant et touchant, tout en n’étant pas dans une démonstration de force. On ressentira cela avec des morceaux comme The Age of Vulture Culture, parfait mixage entre Jazz et Métal bien dark ou encore Superhero Jagganath, qui démarre de façon grandguignolesque pour continuer sur une structure plutôt complexe dont il émane un côté festif assez étrange. On peut aussi citer le très bon Karma Bonfire, plutôt hard rock mais terriblement addictif et qui rappelle le tout premier album du groupe, ou encore Interruption, peut-être le titre le plus violent de l’album, mais dans lequel il y a toujours une pointe de joie et une certaine tendance à de la musique hispanique. Bref, des mélanges toujours plus fous mais qui marchent à 300%.

Au final, Pacifisticuffs, le dernier album du Diablo Swing Orchestra, est une petite merveille dont il serait dommage de passer à côté. A la fois puissant et touchant, sombre et festif, ultra référencé mais original dans sa forme, le groupe propose encore une fois un album d’une grande qualité. Véritable fleuron du métal avant-gardiste et d’un mélange étrange mais envoûtant entre métal et jazz manouche, le groupe trouvé le parfait équilibre dans un quatrième album qui frôle perfection, si on exclut tous ces interludes qui ne servent pas à grand-chose.

  • Knucklehugs (Arm Yourself With Love)
  • The Age of Vulture Culture
  • Superhero Jagganath
  • Vision of the Purblind
  • Lady Clandestine Chainbreaker
  • Jugsaw Hustle
  • Pulse of the Incipient
  • Ode to the Innocence
  • Interruption
  • Cul-de-Sac Semantics
  • Karma Bonfire
  • Climbing the Eyewall
  • Porch of Perception

Note; 18/20

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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