mars 19, 2024

The Happy Prince – Rupert Wilde

De : Rupert Everett

Avec Rupert Everett, Colin Firth, Colin Morgan, Emily Watson

Année: 2018

Pays: Angleterre, Belgique, Italie, Allemagne

Genre: Biopic

Résumé:

À la fin du XIXe siècle, le dandy et écrivain de génie Oscar Wilde, intelligent et scandaleux brille au sein de la société londonienne. Son homosexualité est toutefois trop affichée pour son époque et il est envoyé en prison. Ruiné et malade lorsqu’il en sort, il part s’exiler à Paris. Dans sa chambre d’hôtel miteuse, au soir de sa vie, les souvenirs l’envahissent…
Est-ce bien lui celui qui, un jour, a été l’homme le plus célèbre de Londres ?L’artiste conspué par une société qui autrefois l’adulait ? L’amant qui, confronté à la mort, repense à sa tentative avortée de renouer avec sa femme Constance, à son histoire d’amour tourmentée avec Lord Alfred Douglas et à Robbie Ross, ami dévoué et généreux, qui a tenté en vain de le protéger contre ses pires excès ?
De Dieppe à Naples, en passant par Paris, Oscar n’est plus qu’un vagabond désargenté, passant son temps à fuir. Il est néanmoins vénéré par une bande étrange de marginaux et de gamins des rues qu’il fascine avec ses récits poétiques. Car son esprit est toujours aussi vif et acéré. Il conservera d’ailleurs son charme et son humour jusqu’à la fin : « Soit c’est le papier peint qui disparaît, soit c’est moi… »

Avis :

Rupert Everett, c’est une ascension fulgurante dans les années 80/90. Si l’acteur rame quelque peu au départ de sa carrière, il est remarqué dans le « Another Country : Histoire d’une trahison » de Marek Kanievska en 1984, l’acteur incarnait alors un élève homosexuel. Et si l’acteur avec un tel rôle sort du lot, c’est aussi ce qui cassera sa carrière des années plus tard, quand ce dernier révélera son homosexualité. Bien souvent cantonné à des films bas de gamme, ou encore à des rôles qui ne se définiront plus que par leur homosexualité, l’acteur, au milieu des années 2000, finit par peu à peu s’effacer des écrans. Et c’est à cette même époque qu’il commence à nourrir des envies de réalisation.

« The Happy Prince » est le premier film que Rupert Everett réalise, et il lui aura fallu une bonne dizaine d’années pour réussir à monter ce film. Débarquant là où on ne l’attendait pas, tenant aussi le premier rôle de son film, avec « The Happy Prince« , Rupert Everett s’attaque à la fin de vie du poète maudit, Oscar Wilde. Traitant de sujets forts, livrant un film d’époque impressionnant, offrant une composition bluffante, ce premier film est aussi intéressant historiquement parlant qu’il est bon, touchant et engagé. On suit les dernières années de vie d’Oscar Wilde avec intérêt et émotion.

Si Rupert Everett fut révélé dans le rôle d’un homosexuel, s’il fut détruit en se révélant, en réalisant un film sur l’une des figures homosexuelles incontournables de la culture anglaise, Rupert Everett renaît de ses cendres, et l’on découvre par la même occasion la naissance d’un réalisateur sur qui l’on pourrait compter à l’avenir.

La fin du XIXe siècle, Oscar Wilde est l’un des hommes les plus influents de son époque. Intelligent, il est porté au sommet par l’élite de la société londonienne et pourtant, le poète va tomber de sa chaise. Affichant bien trop son homosexualité, il est condamné pour grave immoralité et il va être envoyé en prison pour deux ans, puis exilé. Wilde part en France, dès lors ruiné, déshonoré, abandonné par presque tous ses amis, Wilde ne le sait pas encore, mais il ne lui reste plus que trois années de vie.

Des films sur Oscar Wilde, le cinéma en a produit quelques-uns, avec pour petit point d’orgue, celui de Brian Gilbert, titré « Oscar Wilde » et sorti en 1997. Il faut dire qu’Oscar Wilde a eu un parcours tout à fait cinématographique. Un parcours qui a de quoi intéresser plus d’un cinéaste, producteur ou autre acteur, tant chaque partie de sa vie peut faire un film. Mais sur tous les réalisateurs qui ont approché de près ou de loin la vie d’Oscar Wilde, jamais peut-être, ils n’auront été plus légitimes et investis que Rupert Everett. Car oui, avant même d’évoquer cet excellent film que Rupert Everett vient de mettre en scène, quand on regarde la vie des deux hommes, il y a de quoi faire des parallèles et il était logique que Rupert Everett l’acteur, devienne le réalisateur en racontant l’exil injustifiable d’Oscar Wilde.

« The Happy Prince« , c’est un film qui respire dès ses premières scènes l’engagement. Rupert Everett y a mis toutes ses tripes pour nous offrir un drame prenant qui saura se faire aussi divertissant qu’instructif et bien évidemment bouleversant. Doté d’une mise en scène superbe, qui fait de très beaux allers retours entre passé, présent et futur, Rupert Everett s’attaque au poète anglais de la plus belle des façons.

Optant pour un ton dur et en même temps lumineux, le réalisateur va peu à peu nous entraîner dans la tragédie de la fin de vie, de celui qu’on appelle le poète maudit. Intelligemment écrit et romancé, Rupert Everett, qui impressionne sous les traits d’Oscar Wilde, abordera l’impuissance et l’injustice de l’exil. Il abordera magnifiquement la condition de ces hommes homosexuels à cette époque. Il abordera la confusion et toute la complexité de l’homosexualité de son personnage. Le réalisateur et l’acteur arrivent parfaitement à faire passer les regrets et les remords de Wilde, tout en les entrechoquant à cette envie de vivre pleinement un amour. Un amour qui est toujours rattrapé par le passé. On notera que Rupert Everett va tout faire pour que son film ne bascule pas dans le misérabilisme ou le larmoyant gratuit. L’histoire est ô combien difficile, le ton se joue sur une corde et si émotion il y a, ce sera grâce à la finesse du jeu et de la mise en scène de Rupert Everett ou de ses acteurs. Acteurs qui sont d’ailleurs des proches d’Everett, on retrouvera ainsi les fidèles de toujours, Colin Firth, Tom Wilkinson, sa pote Béatrice Dalle, Emily Watson. À noter aussi les présences des jeunes Edwind Thomas et Colin Morgan, pour des rôles intéressants, tout comme il faut noter aussi l’importance du casting français, l’excellent André Penvernou encore le jeune Benjamin Voisin. Enfin, une dernière note en forme de mention pour un étonnant Rupert Everett (encore lui) qui tient une très grande partie du film dans un français quasi-parfait.

Excellent film, drame shakespearien par excellence, une magnifique reconstitution, tenu par des acteurs excellents, Rupert Everett livre un premier film superbe. Un premier film complexe et riche, qui est intéressant autant qu’il sait émouvoir. Un premier film important dans son message, dans son regard aussi bien sur le poète que sur la tolérance en général. Bref, le premier film d’un futur excellent réalisateur. On espère revoir Rupert Everett, devant et derrière la caméra au plus vite.

Note : 16/20

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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