mars 29, 2024

Les Animaux Fantastiques – Les Crimes de Grindelwald – Magie de Pacotille

Titre Original : Fantastic Beasts – The Crimes of Grindelwald

De: David Yates

Avec Eddie Redmayne, Katherine Waterston, Johnny Depp, Jude Law

Année: 2018

Pays: Etats-Unis, Angleterre

Genre: Fantastique

Résumé:

En 1927, quelques mois après sa capture, le célèbre sorcier Gellert Grindelwald s’évade comme il l’avait promis et de façon spectaculaire. Réunissant de plus en plus de partisans, il est à l’origine d’attaque d’humains normaux par des sorciers et seul celui qu’il considérait autrefois comme un ami, Albus Dumbledore, semble capable de l’arrêter. Mais Dumbledore va devoir faire appel au seul sorcier ayant déjoué les plans de Grindelwald auparavant : son ancien élève Norbert Dragonneau. L’aventure qui les attend réunit Norbert avec Tina, Queenie et Jacob, mais cette mission va également tester la loyauté de chacun face aux nouveaux dangers qui se dressent sur leur chemin, dans un monde magique plus dangereux et divisé que jamais.

Avis:

Quand on tient une licence juteuse qui continue de faire venir les foules dans les salles de cinéma, il est logique de tenter de nouvelles choses dans le même univers pour contenter les fans. Le problème, c’est de trouver un juste équilibre entre la nouveauté et l’aspect nostalgique, voire même logique, pour lier l’ensemble. Harry Potter fut un succès magistral en librairie aussi bien qu’au cinéma, plusieurs générations ayant grandi avec les livres et d’autres avec les films. Car si les trentenaires d’aujourd’hui ont pu se délecter des lignes de J.K. Rowling, ceux de vingt ans ont vu Harry évoluer au cinéma. Après huit films à la qualité variable mais aux recettes juteuses, il était presque normal de voir débouler Les Animaux Fantastiques, un spin-off de Harry Potter qui se déroule dans les années 20, après la Première Guerre mondiale. Le succès du premier film ne laissait planer aucun doute sur une hypothétique suite, qui vient donc de sortir dans les salles. Mais est-ce que cela en valait la peine ?

Le film débute de suite après les évènements du premier. On ne tergiverse pas trop, on attaque directement avec Grindelwald qui arrive à s’échapper de prison durant son transfert. La scène est complètement illisible, les éclairs qui parsèment l’écran font un mal de chien aux yeux et concrètement, on ne comprend absolument rien à ce qu’il se passe. On ne va pas y passer par quatre chemins, cette introduction est tout simplement immonde et risque de créer des crises d’épilepsie dans les salles. Néanmoins, cela est cohérent avec la mise en scène de David Yates. Faut-il rappeler qu’il est celui qui a tout simplement flingué tout le travail de Cuaron après Azkaban, et qu’il rend une copie complètement fade et impersonnelle. C’est l’un des problèmes majeurs de ce film qui demeure un blockbuster lisse et sans aucune prise de risque, que ce soit dans son script ou dans sa mise en scène. Si certaines scènes sont complètement illisibles, d’autres sont d’une banalité affligeante et rien que la photographie ne fait pas envie, évoluant dans un gris/ocre terne et sans aucun effet chatoyant. On pourra même regretter certains effets spéciaux vraiment dégueulasses, à l’image des chats noirs qui protègent le conseil de la magie de Paris, qui sont affreux et super mal incrustés. Bref, tout cela reste hyper superficiel et sans réelle prise de risque.

Et cela rejoint le scénario écrit par J.K. Rowling. On est clairement dans un film de transition qui essaye de donner du liant entre le premier et la troisième qui n’est pas encore sorti. Le problème, c’est que non seulement le scénario est très linéaire, suivant des rails pour ne pas choquer le jeune spectateur, mais en plus de cela, il brasse du vide. C’est bien clair, durant près de deux heures, le film ne raconte rien, il montre simplement des personnages qui voyagent, qui marchent et qui se cherchent. Seules les dix dernières minutes valent vraiment le coup, enchainant les révélations et les points de vue assez ambigus. C’est très peu de choses et globalement, c’est très fainéant. Le film se targue même de certaines incohérences, de grosses errances scénaristiques, comme par exemple le personnage de Queenie, déjà insupportable dans le premier et qui va rejoindre le camp des « méchants » sur un coup de tête, comme ça, du jour au lendemain. Non seulement c’est peu crédible, mais le cheminement de pensée est complètement débile. On aura aussi une pléthore de passages qui ne servent à rien et qui ne sont que du remplissage. A titre d’exemple, on peut citer le personnage de Youssouf qui tombe malade à cause d’un parasite et cela va prendre bien dix minutes alors que ça ne fait pas avancer l’histoire, si ce n’est de montrer Nicolas Flamel, dont le maquillage est assez proche du Père Fourras.

En parlant des personnages, il y a là aussi un vrai problème. Strictement aucun des protagonistes n’est attachant. C’est bien simple, on ne ressent de l’empathie pour personne, la faute à des personnages qui sont soit inutiles, soit insupportables. Prenons un exemple tout simple, Norbert Dragonneau. Si Eddie Redmayne donne de sa personne, dans cet épisode, il ne sert strictement à rien, si ce n’est subir le sort d’autres personnages dont on se fout éperdument. Mais le pire réside dans les personnages féminins, comme Queenie, Tina et Leta Lestrange. Pour la première, c’est encore une fois son retournement de veste qui est trop abrupt et stupide. Pour Tina, comme pour Norbert, elle ne sert à rien et avance en suivant les autres. Pour Leta, c’est autre chose. Déjà, Zoë Kravitz n’est pas très crédible dans ce film et elle ne sert pas à grand-chose, si ce n’est apporter des éléments de réponse sur les origines de Croyance. Mais surtout, elle tire la gueule tout le film, se place dans un trio amoureux improbable et qui n’est pas du tout travaillé et on ne peut pas être touché par le sort qui lui est réservé. On s’en bat les noix. C’est la même chose pour Ezra Miller (acteur complètement surcôté à mon avis), dont le personnage est inintéressant au possible. Fort heureusement, Johnny Depp et Jude Law sauvent la mise. Le premier n’a jamais été aussi bon que dans sa simplicité et froideur de jeu, offrant un méchant atypique et plaisant. Quant au second, il campe un jeune Albus Dumbledore sympathique et avenant. Mais deux personnages attachants, c’est tout de même peu de choses.

Enfin, le film comporte quelque chose de purement agaçant, c’est l’aspect fan service. Si certains films avaient réussi à placer des références sans pour autant sombrer dans du tape à l’œil (on pense bien évidemment à Ready Player One), ici, c’est tout le contraire et c’est fait pour caresser le fan dans le sens du poil. Les apparitions de certains personnages ne servent à rien comme Nicolas Flamel et sa fameuse pierre philosophale que l’on va apercevoir, ou encore McGonagall dont le nom est évoqué et qui a fait trembler d’émoi certains fans dans la salle. Le problème, c’est que cela ne sert à rien dans l’intrigue et ne sert qu’à faire semblant de donner du liant entre Les Animaux Fantastiques et Harry Potter. Alors oui, le fan de la première heure sera content, mais est-ce vraiment le but d’un film de faire cela ? D’autant plus que le film cache une véritable misère thématique. Non seulement ça ne raconte pas grand-chose, mais en plus de cela ça manque d’envergure. David Yates et J.K. Rowling ont voulu parler de la peur de l’autre et de l’importance de ses origines, mais cela ne mène à rien de concret, du moins dans ce film, et c’est à peine survolé. C’est dommage que l’aspect fan service prenne le dessus sur une profondeur thématique qui aurait pu être plus intéressante.

Au final, Les Animaux Fantastiques – Les Crimes de Grindelwald est une petite douche froide. Déjà parce que les animaux n’ont qu’un rôle secondaire, mais aussi parce que globalement, le film ne fait pas avancer l’histoire et stagne dans une transition hésitante et purement mercantile. Entre un scénario fainéant, des personnages peu attachants et une mise en scène impersonnelle, il n’y a vraiment rien de fantastique ici, si ce n’est un produit calibré pour les fans qui auront des œillères et qui montre à quel point J.K. Rowling est désormais devenue une femme d’affaire.

Note : 07/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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