avril 24, 2024

Capharnaüm

De : Nadine Labaki

Avec Zain Alrafeea, Nadine Labaki, Yordanos Shifera, Boluwatife Treasure Bankole

Année : 2018

Pays : Liban, France

Genre : Drame

Résumé :

À l’intérieur d’un tribunal, Zain, un garçon de 12 ans, est présenté devant le juge. À la question :  » Pourquoi attaquez-vous vos parents en justice ? « , Zain lui répond :  » Pour m’avoir donné la vie ! « . Capharnaüm retrace l’incroyable parcours de cet enfant en quête d’identité et qui se rebelle contre la vie qu’on cherche à lui imposer.

Avis :

Le parcours de Nadine Labaki est loin d’être anodin. Née à Beyrouth, elle y fait ses études et après son BAC, elle se dirige vers le cinéma, ce qui est un choix pour le moins osé. Petit bout par petit bout, Nadine Labaki vole de courts-métrages en publicités et autres clips de chanteurs du Moyen-Orient. À force de travail, Nadine Labaki réalise son premier film, « Caramel » en 2007. Le film deviendra le plus grand succès du cinéma libanais, qui après un tour sur la Croisette à la quinzaine des réalisateurs, sera projeté dans pas moins de soixante-cinq pays. Quatre ans plus tard, Nadine Labaki reviendra pour un deuxième film que personnellement, je considère comme un chef d’œuvre, « Et maintenant, on va où ?« . Le film ira représenter le Liban aux Oscars.

Après sept ans d’absence, et après avoir brigué la Mairie de Beyrouth, Nadine Labaki est de retour cette année dans nos salles de cinéma avec « Capharnaüm » et dire que ce retour est une réussite est un bel euphémisme. Beau, bouleversant, engagé, courageux, Nadine Labaki nous revient en très grande forme et elle n’a absolument pas volé son Prix du Jury au dernier festival de Cannes. Au point qu’on peut dire que « Capharnaüm » est l’une des plus belles sorties de ce mois d’Octobre, déjà ô combien riche en bons et très bons films.

Zain, un petit garçon de douze ans, risque cinq ans de prison. Quand ce dernier est appelé à la barre, le petit garçon demande de porter plainte contre ses parents. La raison de cette plainte ? Le fait de lui avoir donné vie dans ce pays, pour cette vie-là. Pendant que l’audience se passe, Zain va raconter son parcours, qui va l’amener à préférer fuir de chez lui et vivre dans la rue, que de rester avec ses parents…

Le cinéma de Nadine Labaki, c’est une fenêtre qui est ouverte sur un pays, sur une société, sur une façon de vivre et en seulement trois films, la réalisatrice Libanaise s’est imposée comme l’un des plus beaux espoirs du cinéma libanais. Après le très beau « Caramel« , après le bouleversant et prodigieux « Et maintenant ou va où ?« , voici que Nadine Lakbaki nous propose « Capharnaüm » et autant dire qu’il va falloir s’accrocher à notre fauteuil tant les émotions et les révoltes vont s’entrechoquer et nous laisser quitter la salle ému, les jambes fébriles.

« Capharnaüm« , c’est une histoire déchirante. C’est une épopée de la misère et de l’injustice. Ici, Nadine Labaki nous propose de suivre le parcours d’un petit garçon qui va nous entraîner des bidonvilles aux prisons pour mineurs. Une histoire dure, difficile, révoltante, qui laisse peu d’espoir et qui pourtant, à plus d’un moment, va être traitée avec légèreté, ce qui étonnera au plus haut point.

Doté d’un scénario incroyable, « Capharnaüm » est presque un docu-fiction, tant la frontière n’est plus visible. Particulièrement riche, « Capharnaüm » est un film qui aborde l’enfance, la pauvreté, la misère, les injustices. C’est un film qui aborde des traditions archaïques que Nadine Labaki met un point d’honneur à dénoncer, comme le mariage forcé d’une petite fille de onze ans avec un homme bien plus âgé par exemple. « Capharnaüm« , c’est aussi un film qui parle de l’immigration, des migrants, de la survie, de la traite des êtres humains. C’est un film qui parle d’espoir, d’amour et de haine. Bref, c’est un film aux multiples visages. C’est un film qui a des choses à dire, et qui ne tombe jamais dans le trop, le pathos, ou la facilité. Nadine Labaki, tout comme elle l’avait fait avec ses deux films précédents, nuance le tout, tout en osant pointer du doigt certains sujets brûlants.

« Capharnaüm » est donc un film essentiel dans ce qu’il nous raconte et comment il nous le raconte. La mise en abîme est incroyable, on est totalement immergé dans ce Beyrouth aussi dur que beau, sombre, joyeux parfois, aussi triste qu’il peut être plein d’espoir… Nuances, je vous disais. Mais « Capharnaüm« , c’est aussi un petit acteur incroyable, bouleversant. Du haut de ses douze ans, Zain Alrafeea livre là une composition d’une vérité et d’une maturité incroyable. On est tenu à chaque instant par ce petit bonhomme qui nous entraîne avec émotion et fracas dans son monde, dans sa vie, dans sa ville, son pays et l’horreur que lui inspire ce dernier. C’est bouleversant de sincérité au point qu’on oublie le personnage et l’acteur.

Nadine Labaki a encore une fois réussi son tour de force. Son troisième film « Capharnaüm » confirme bien que la cinéaste est l’une des figures les plus importantes du cinéma venu du Moyen-Orient. Réaliste et bouleversant, Nadine Labaki livre encore une fois un film important. Un film qui mérite tous les projecteurs. Un film qui est capable de vous faire sourire, et l’instant suivant de vous broyer le cœur. Bref, « Capharnaüm« , c’est une grande et magnifique claque !

Note : 17,5/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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