De : François Ozon
Avec Fabrice Luchini, Ernst Umhauer, Kristin Scott Thomas, Emmanuelle Seigner
Année : 2012
Pays : France
Genre : Thriller
Résumé :
Un garçon de 16 ans s’immisce dans la maison d’un élève de sa classe, et en fait le récit dans ses rédactions à son professeur de français. Ce dernier, face à cet élève doué et différent, reprend goût à l’enseignement, mais cette intrusion va déclencher une série d’événements incontrôlables.
Avis :
Cela faisait deux films coups sur coup que je voyais de François Ozon que je n’aimais pas (« Ricky » et « Le refuge« ) alors que c’est un réalisateur que j’aime énormément. J’adore son « 8 femmes« , son « Angel » ou « Swimming Pool » et « Potiche« , son « Les amants criminels« . Je trouve que ce sont des films exceptionnels, mais comme dans toute carrière, il y a des hauts et des bas. Et bien son film « Dans la maison » fait partie des hauts, et même des sommets. Rarement l’un de ses films m’a autant passionné et surpris, au point d’établir instantanément que c’est celui que je préfère de lui. Mais bon, peut être aussi que c’est la surprise de la découverte qui me fait écrire ces phrases amoureuses. Quoi qu’il en soit, « Dans la maison » est l’un des bijoux de cette année 2012.
Mr Germain est professeur de français dans un lycée, et comme à chaque rentrée, il évalue ses élèves et comme chaque rentrée, c’est plutôt désastreux. Après leur avoir demandé de raconter leur dernier week-end, il repère une rédaction dans le lot. Une rédaction qui est aussi énigmatique qu’intéressante. Claude, l’élève qui a écrit cette rédaction, va alors nouer une relation prof/élève des plus étranges.
Excellent, génial, jubilatoire, émouvant, drôle, voyeur, malsain, voire même terrifiant, « Dans la maison » est un film qui m’a passionné dès le début et m’a emporté avec perte et fracas jusqu’à son incroyable clôture.
Le scénario est d’une richesse incroyable, le texte d’une beauté sublime, son histoire est aussi prenante qu’elle est émouvante, originale et que les relations entre les personnages sont ambiguës. C’est un film qui nous met à la hauteur du personnage joué par Fabrice Luchini. Tout comme son personnage, on est scotché aux lèvres de Claude, on attend sa prochaine rédaction avec la plus grande des impatiences pour savoir la suite, ce qu’il va faire, entendre, décrire et décider. C’est surprenant de voir autant de talent et de suspens au service d’un film comme ça, car derrière ses airs de drame voyeur, à aucun moment on n’aurait pu imaginer être surpris de la sorte. Certaines fois, c’est même jubilatoire, car on a l’impression nque Claude nous manipule, mais on ne peut s’empêcher d’être à l’écoute et de vivre ses écrits. Claude nous perd, à certains moments, on doute de la réalité, on se demande ce qui est vrai et ce qui est fantasmé, retranscrit ou inventé, et cette sensation est doublement sublimée par la mise en scène impeccable et particulièrement inspirée de François Ozon. Un François Ozon qui prouve qu’il est bien l’un des meilleurs metteurs en scène de notre époque. Chaque plan fourmille d’idées, de nouveautés, de créations, François Ozon ne s’est pas contenté d’installer sa caméra et de filmer. Non, grâce à sa maîtrise de la caméra, il nous offre de magnifiques images au service d’un film qui l’est tout autant. On ne regarde pas « Dans la maison« . J’ai trouvé qu’on était « Dans la maison » et ça, ça fait toute la différence et le talent du réalisateur.
Autre point fort du film, c’est sa bande originale composé par Philippe Rombi, compositeur attitré du réalisateur (il a signé presque la moitié des films d’Ozon depuis « Les amants criminels« ), qui donne au film des aspects de conte moderne, avec de magiques envolées de violons. Et comme tout conte, il peut avoir sa part de sombre et de terreur, les notes de Philippe Rombi s’aventurent aussi dans ces sentiers-là, arrivant à nous tenir avec un malaise perturbant.
Enfin, venons-en aux acteurs qui sont absolument tous géniaux que ce soit Fabrice Luchini au diapason de ses rôles habituels (Quelle joie de voir Fabrice Luchini en prof de Français !), Kristin Scott Thomas exceptionnelle comme d’habitude, Denis Ménochet en impose, Emmanuelle Seigner touchante à souhait ou encore Yolande Moreau qui n’apparait pourtant que dans une scène mais qui est excellente. Bref du côté de ces acteurs qu’on connaît, tous sont divins et parfaits dans ce film.
Puis, « Dans la maison« , c’est aussi la découverte de deux jeunes acteurs, Ernst Umhauer (Percutant, énigmatique et impeccable) et Bastien Ughetto (Simple et charismatique) deux noms qu’il va falloir retenir parce que je pense, vu le talent, que l’on va entendre parler d’eux.
« Dans la maison » est plus qu’une belle surprise, c’est un énorme coup de cœur. Un coup d’amour étonnant et saisissant. « Dans la maison » est un film qui fera partie à coup sûr de mon top du réalisateur. Il faut donc aller voir ce cru François Ozon 2012.
Note : 20/20
[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=YMIjfHWfJ-A[/youtube]
Par Cinéted