avril 18, 2024

City of Tiny Lights

De : Pete Travis

Avec Riz Ahmed, Billie Piper, James Floyd, Cush Jumbo

Année : 2016

Pays : Angleterre

Genre : Policier

Résumé :

Dans un Londres multiculturel insondable, son enquête sur la disparition mystérieuse d’une prostituée entraîne un privé au cœur d’un monde de corruption et d’amour fatal.

Avis :

Le polar britannique est un genre à part entière notamment grâce à son ambiance si particulière, assez froide, mais aussi et surtout à ses scénarios tortueux qui plongent le spectateur dans des ruelles sombres et des histoires qui prennent de plus en plus d’ampleur au fil de l’intrigue. Alors forcément, il est difficile de trouver ce genre de film au cinéma, car non seulement c’est anti-spectaculaire à souhait, mais en plus, on reste bien loin des super productions américaines qui raflent tout sur leur passage. Et tant mieux. En effet, le polar noir britannique semble être protégé, tant et si bien qu’il a ses lettres de noblesse en série et dans des productions un peu plus indépendantes qui laissent libre cours à des réalisateurs ayant une vraie patte graphique. Pour preuve ce City of Tiny Lights qui est tombé dans les mains de Pete Travis, réalisateur, entre autres, de Dredd, qui fit grand bruit lors de sa sortie en 2012. S’éloignant volontairement du côté science-fiction pour revenir à ses premiers amours (son premier film, Omagh, était déjà un polar politique), il signe avec City of Tiny Lights un polar bien ficelé, sublimement interprété et un film globalement très bon.

On va suivre Tommy, un détective privé accro à la nicotine et au bourbon, qui va se lancer dans une enquête de disparition de prostituée. Partagé entre son père malade, son boulot qui ne gagne pas grand-chose et sa vie amoureuse plutôt tumultueuse, Tommy va mettre le doigt dans un engrenage qui mêle espionnage, terrorisme, trafic de drogues et immobilier. Tenace, malgré les menaces, il continue son enquête qui a un lien ténu avec son passé et ses amis d’enfance. City of Tiny Lights est un vrai polar comme on n’en fait plus. Très lent dans son rythme, le film prend son temps pour poser les bases d’un scénario riche qui approfondit son personnage avant de le lancer dans une enquête tortueuse et froide. On va rapidement se prendre d’affection pour le personnage principal qui gagne en épaisseur au fil du film, notamment grâce à un gros travail d’écriture sur son passé et sa jeunesse, avec une bande de potes liée par un drame commun. Le film alterne alors les flashbacks avec les moments présents, donnant ainsi une vraie dimension au métrage, montrant une écriture fine et maline.

Si les nœuds s’emmêlent au départ de l’enquête pour se démêler par la suite, City of Tiny Lights va réellement le coup d’œil par sa réalisation intéressante et surtout son ambiance très marquée. On est clairement dans les quartiers populaires de Londres, là où le multiculturalisme prévaut et où les communautés essayent de vivre comme elle peut. En faisant ainsi, Pete Travis travaille le spectateur sur ces quartiers qui peuvent sembler dangereux, mais où le trafic de drogues est banni et où les idéaux religieux permettent à certains de s’en sortir. Jouant constamment sur le tableau du fanatisme ou de l’espionnage, comme si une menace pesait constamment sur Tommy, le réalisateur crée une tension permanente qui prend aux tripes et qui permet de ne pas lâcher le spectateur. Cela est renforcé par une lumière nocturne très marquée elle aussi. En effet, les néons sont de sortis, les aplats de noir côtoient alors les couleurs franches et parfois délavées, donnant un sentiment d’insécurité encore plus flagrant. Tout le travail sur les lumières est bluffant, enfonçant donc le spectateur dans un Londres parfois glauque, parfois altruiste, mais rarement sans danger. Le seul problème de la mise en scène peut provenir du rythme. Le film prend son temps pour poser tous ses personnages et installer des relations fortes. Ce côté un peu lancinant peut en dérouter certains comme il peut envoûter.

Mais ce qui fait aussi la force de ce film, c’est l’empathie que l’on ressent pour les personnages. Riz Ahmed, dont la prestation est parfaite, campe un détective désabusé mais qui n’a pas perdu le sens des valeurs. Il reste un homme droit, qui aime son père malade, qui recherche son amour d’enfance et qui essaye de faire son taf du mieux qu’il peut. C’est un homme normal en somme et il est facile de se projeter en lui. Rajoutons à cela qu’il aide les jeunes de son quartier à s’en sortir et on obtient un type bien mais qui ne manque pas de charisme. Pour l’accompagner, on aura un panel de protagonistes assez intéressants, comme Billie Piper qui joue l’amour d’enfance qui revient et qui tente de renouer des liens, ou encore Cush Jumbo qui campe une prostituée prise au piège dans un traquenard honteux. On peut aussi évoquer le père de famille malade et très drôle ou encore l’ami d’enfance qui le trahit pour une histoire de gros sous. Tout ce petit monde fait que City of Tiny Lights est très riche. Couplé à un scénario qui tape de bon aloi sur les services secrets américains qui se croient tout permis et on obtient un film qui tient la route et qui tient le spectateur en haleine.

Au final, City of Tiny Lights est un vrai bon film, un néo polar noir anglais plaisant et qui tient sur toute sa longueur malgré son rythme lancinant et presque hypnotique. Si on regrettera des passages d’action flous et coupés pour donner un style étrange, Pete Travis offre une belle mise en scène, classieuse et qui sied parfaitement à ce genre de métrage, aujourd’hui beaucoup trop rare car anti-spectaculaire, malgré une écriture fine et des personnages travaillés. Bref, un bon film produit par Netflix, ce qui est assez rare pour être souligné.

Note : 16/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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