avril 25, 2024

Venom – Suicide Squad Syndrome

De : Ruben Fleischer

Avec Tom Hardy, Michelle Williams, Riz Ahmed, Reid Scott

Année: 2018

Pays: Etats-Unis

Genre: Fantastique, Action

Résumé :

Possédé par un symbiote qui agit de manière autonome, le journaliste Eddie Brock devient le protecteur létal Venom.

Avis :

La mise en chantier de certains films est parfois un véritable chemin de croix. Entre des producteurs frileux, des projets qui ne sont pas sûrs de rapporter de l’argent ou encore des films qui sont repoussés parce qu’ils dépendent d’une licence, tout ça et bien plus sont des raisons qui font que parfois, certains films s’annoncent déjà comme mal parti. Venom en fait partie. A la base, il devait servir de Spin-Off au troisième volet de la trilogie Spider-Man initiée par Sam Raimi. Mais le tisseur ayant eu droit à un reboot complet, le projet Venom fut donc reporté. Malheureusement, alors que The Amazing Spider-Man, le Destin d’un Héros apportait plus de mal que de bien à l’homme-araignée, le projet du symbiote pris de nouveau la flotte, en attente d’une autre refonte complète de la saga. Avec Spider-Man Homecoming, les studios ont finalement lancé le projet pour adapter le super-vilain. Un projet qui depuis le temps tient plus de la manne financière que d’une véritable œuvre artistique. Et c’est bien là tout le problème de Venom.

Film de commande, film de studio, Venom sent le roussi dès ses premières apparitions, sans compter les fans qui en demandaient toujours plus lors des bandes-annonces. Mais ce n’est pas tout. Le film va aussi jouir d’une promotion marketing calamiteuse, avec un Tom Hardy qui saccage le film avant sa sortie, annonçant 40 minutes de film en moins et avec les meilleures scènes, ou encore une Michelle Williams qui annonce avoir fait le film pour pouvoir payer des études à ses enfants. Bref, autant dire que le projet puait du cul à trois mille kilomètres. Mais est-ce pour autant vrai ? N’avons-nous pas droit à une bonne surprise ? La réponse est évidente, c’est un grand non, puisque Venom de Ruben Fleischer est ce qui se fait de pire en termes de super-héros, comme de super-vilains.

Le principal problème quand on adapte un personnage de comics, c’est qu’il faut être un minimum fidèle au matériau de base. Venom est un personnage charismatique, violent, à la fois méchant mais avec un code d’honneur et qui est l’un des meilleurs ennemis de Spider-Man. Or, avec ce film certifié PG-13 aux States, c’est-à-dire sans une goutte de sang et adapté à des enfants de plus de 13 ans, on pouvait être sûr de voir notre personnage bafoué. La preuve en est faite avec ce mélange étrange de méchant mais qui est finalement gentil et qui va s’avérer un héros plus qu’un anti-héros. Les fans des comics vont certainement hurler au scandale quand ils vont découvrir ce film, la faute à un protagoniste central complètement loupé. C’est bien simple, le film ne sait jamais sur quel pied danser avec son héros, le rendant parfois méchant et quelques fois gentil, laissant libre cours à ses vannes ou des traits d’esprit mal placés (mais ça, on y reviendra un poil plus tard). Là, ce qui nous préoccupe, c’est clairement l’envergure de Venom. Le personnage n’a pas d’épaisseur. L’histoire d’Eddie Brock, journaliste d’investigation talentueux qui perd tout du jour au lendemain, est très clichée, suivant les pas de tous ces héros qui connaissent une déchéance avant de trouver un moyen de se dépasser (coucou Daredevil). Si Tom Hardy se démène comme un pauvre diable pour donner de la substance à son personnage, on se rend bien compte qu’Eddie Brock devient un loser et qu’il n’apporte pas d’attache au spectateur, la faute à un caractère impétueux trop prévisible et presque trop lisse.

Ce sera la même chose avec les personnages secondaires qui doivent avoir une ligne de background chacune. Michelle Williams joue la femme de Tom Hardy au départ, qui le quitte car avec son enquête, elle se fait virer. Elle le tient donc pour responsable, et là, sans aucune discussion, l’idylle est terminée et Tom Hardy ne cherche pas vraiment à la reconquérir. On va vite se rendre compte que tout va trop vite dans ce métrage. Les autres personnages « gentils » sont anecdotiques et n’apportent rien à l’histoire, ce qui empêchera le héros de devenir quelqu’un de sympathique. Le pire néanmoins demeure le méchant joué par Riz Ahmed. Si l’acteur est très bon généralement, ici, il est complètement effacé et ne semble pas savoir que faire pour exister. Soit il surjoue à mort, soit il reste amorphe et le mélange des deux impose un manque de charisme évident. D’autant plus que les enjeux du méchant sont très classiques, pour ne pas dire complètement à côté de la plaque, et cela n’aide pas vraiment à donner de l’épaisseur à l’histoire et aux personnages.

D’ailleurs, le film va peiner dans son scénario qui est très basique et semble vraiment être une note d’intention pour poser un nouveau personnage « bankable ». En gros, le méchant veut conquérir l’espace et pour cela il fait des expériences dangereuses sur des cobayes humains. Le gentil rentre dans le labo, se fait infecter et il décide de se venger de se scientifique fou. Il n’y a pas grand-chose d’autre à retenir de cette histoire rocambolesque où tout va trop vite. En regardant le film, on veut bien croire Tom Hardy et ses 40 minutes manquantes. Rien ne va vraiment dans ce film, et encore moins les évolutions des personnages ou de l’intrigue. Tout va trop vite. Venom change de camp en l’espace de quelques minutes, Les symbiotes se synchronisent d’un coup sans explications valables alors que pendant une heure on nous bassine avec des expériences ratées. Il n’y a vraiment aucune montée en tension ou évolution crédible et intéressante. Ruben Fleischer n’arrive pas à donner de la consistance à son film et c’est bien dommage.

Même dans la réalisation, Venom est raté. Le papa de Bienvenue à Zombieland n’arrive pas à donner un ton correct à son film. La mise en scène est basique, il n’y a pas de plans iconiques et le monstre est vraiment peu mis en valeur. Si on voit que c’est un gros mastoc, il manque vraiment des moments où il est mis en valeur. Si on retrouvera des tics de réalisation de la part de Fleischer, comme l’apparition de petites fenêtres pour montrer différents plans au même instant, on sent que le cinéaste se cherche encore et les scènes d’action ne sont pas sa spécialité. Les quelques combats sont relativement illisibles, notamment lorsqu’il s’agit de deux symbiotes qui se foutent sur la gueule et en plus d’un éclairage minimaliste, on ne voit strictement rien. Et par-dessus, il faut compter sur des effets spéciaux franchement dégueulasse, où l’on devine les fonds verts et où les incrustations ne sont pas toujours réussies. Alors certes, il y a un rythme soutenu, mais c’est bien peu de chose face à ce déluge de mauvais goût. Un mauvais goût qui va se retrouver aussi dans les blagues qui parcourent le film, faisant de Venom un bouffon qui ne fera rire que les adolescents boutonneux ou ceux qui ne connaissent pas le comics. Ici, Eddie Brock est un raté qui se permet de faire de l’esprit et Venom s’amuse aussi avec ce corps, proposant des situations ubuesques qui dédramatisent tout et surtout décrédibilisent l’un des plus grands méchants de chez Spider-Man. Mention spéciale au bain dans l’aquarium d’un restaurant où le pauvre Tom Hardy est complètement ridicule.

Au final, Venom est clairement un viol du personnage du comics. Méchant sans l’être comme dans Suicide Squad, le personnage vire complètement au ridicule et vise un public jeune, qui ne connait donc pas forcément le super-vilain. Il s’agit d’une origin story bas de gamme, proche du nanar par moments, qui risque de couter cher à Tom Hardy, car c’est vraiment son premier faux pas. Reste une scène post-générique présentant un Woody Harrelson en Tahiti Bob rouge, laissant présager un second volet avec Carnage comme méchant. Si c’est pour faire un film aussi lisse que celui-ci avec un tueur en série, autant ne rien faire du tout. Bref, Venom est un peu le Green Lantern de chez Marvel.

Note : 05/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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Une réflexion sur « Venom – Suicide Squad Syndrome »

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