mars 28, 2024

Incarnate

De : Brad Peyton

Avec Aaron Eckhart, Carice Van Houten, David Mazouz, John Pirruccello

Année : 2017

Pays : Etats-Unis

Genre : Horreur

Résumé :

Lindsay, mère célibataire, est le témoin de très inquiétants phénomènes entourant son fils de 11 ans Cameron. Persuadée qu’il s’agit d’un cas de possession démoniaque, Lindsay et une envoyée du Vatican font appel au scientifique Seth Ember pour s’en débarrasser. Cloué dans une chaise roulante après la disparition tragique de sa famille, il est capable de s’introduire dans le subconscient de la personne possédée. En pénétrant celui du jeune Cameron, Ember se retrouve confronté à un démon de son passé…

Avis :

Parmi tous les sous-genres qui peuplent de façon festive le cinéma d’horreur, l’exploitation de l’exorcisme a atteint depuis belle lurette un statut usé jusqu’à la corde. Copiant bien souvent le chef-d’œuvre de William Friedkin L’Exorciste, les films à base de possession ou de vieux curés grincheux voulant sortir une âme infestée d’un corps sont bien souvent des films qui ne marquent pas et qui n’arrivent pas à avoir une réelle personnalité. La preuve en est avec des films comme Le Dernier Exorcisme, L’Exorcisme, Ava’s Possession ou encore Le Rite, film beaucoup plus mainstream avec un Anthony Hopkins cahotant. Cependant, les recettes étant plutôt bonnes, on revient sans cesse à ce genre, espérant trouver la perle rare qui détrônera le film de Friedkin de son piédestal. Trouve-t-on cela avec Incarnate ? La réponse est sans appel, non.

Il est très compliqué de trouver de bons points à ce film tant il bouffe à tous les râteliers du film de possession, allant même jusqu’à plagier la séquence finale de L’Exorciste. On retrouve un petit garçon qui se fait posséder par un démon relativement costaud, et le Vatican fait appel à Seth Ember, un spécialiste des exorcismes mais qui n’est pas très conventionnel et pas forcément reconnu par l’église. Obnubilé par un démon qui a buté sa femme et son fils de onze ans, il pourchasse sans cesse les personnes possédées dans l’espoir de retrouver celle qu’il appelle Maggie. Et il va trouver sa némésis dans le corps de ce jeune garçon, prostré dans sa chambre en alignant un langage guttural à faire rougir des chanteurs de Death. On voit bien à travers ce petit pitch que rien ne viendra surprendre la routine du film d’exorcisme, si ce n’est les méthodes un peu étrange de ce docteur, se mettant en situation de mort clinique pour pénétrer dans le cerveau de la victime et l’en extirper en vivant dans son hallucination. Le personnage est assez cliché, frôlant la folie et ayant un fort attrait pour l’alcool. Du coup, on aura vite du mal à ressentir de l’empathie pour lui, même dans sa volonté de venger sa femme et son fils.

Mais les personnages ne s’arrêtent pas seulement à Aaron Eckhart qui a bien du mal à survivre à son rôle de Harvey Dent dans The Dark Knight. Il est accompagné de David Mazouz, lui aussi familier de l’univers du Batman, puisqu’il joue Bruce Wayne dans la série Gotham, et qui campe la victime, un jeune garçon innocent qui est censé faire peur. Ce qui n’est pas le cas, l’acteur étant comme à son habitude, très mauvais et absolument pas charismatique. Et ce n’est ni la sublime Carice Van Houten qui joue une mère de famille éplorée mais garce ou les deux acolytes du docteur qui changeront la donne, puisque tout le monde joue mal et semble s’en foutre pas mal de ce projet. On enfile les caricatures comme des perles et Brad Peyton n’arrive pas à donner de la consistance à son projet, le laissant à l’état de simple film de possession, sans génie et sans véritable envie de révolutionner le sous-genre. Outre le fait que tout le monde joue comme des patates, la mise en scène est aussi fatiguée. Hormis un type qui est scotché au plafond et quelques éclairages assez plaisant dans le premier monde des rêves, on reste dans quelque chose de très linéaire, qui n’a pas de marque ni d’empreinte personnelle.

Et ne parlons même pas de l’horreur ou des effets de peur. Si le film prend le partie de ne pas créer de peur primaire avec des jump scare à ne plus savoir qu’en faire (même s’il y en a quelques-uns et qu’ils ne marchent jamais), on restera de marbre devant certaines séquences qui auraient pu marquer les esprits. Le premier exorcisme est assez plaisant à voir, puisque l’on plonge dans un univers de boîte de nuit avec une démone lubrique qui piège un gros avocat qui passe son temps à travailler. Il y a une nette rupture entre le début assez sombre et cette partie plutôt colorée qui montre comment le héros sauve les victimes. Le problème, c’est que la peur n’arrive pas, du fait que l’on ne connaisse pas les personnages et que leur construction est assez chaotique. D’autant plus que les acteurs ne se donnent pas à fond, la preuve avec Carice Van Houten par exemple, qui semble n’en avoir rien à battre que son ex-mari se fasse buter ou que son gosse soit possédé. Il manque une ambiance délétère à ce film, et même si on sent que Brad Peyton a voulu faire quelque chose de plutôt contemporain, le film manque son but et ne travaille jamais vraiment la psychologie ou le côté démoniaque. En fait, nous ne sommes jamais mal à l’aise dans ce film, dont la malédiction touche pourtant un jeune enfant.

Au final, Incarnate est un joli ratage pour le réalisateur de San Andreas ou encore de Rampage. Connu pour son côté pas très finaud et son attrait pour la destruction massive, il loupe le coche de la finesse en mettant en avant un métrage trop tape à l’œil, trop calibré et sans âme, ce qui est un peu un comble pour un film d’exorcisme et de possession. Bref, un film qui aurait pu être mieux, qui reste assez propre dans sa mise en scène, mais qui est justement beaucoup trop lisse, touchant le fond avec son twist final minable.

Note : 06/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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