avril 20, 2024

I Spit on Your Grave 2

De : Steven R. Monroe

Avec Jemma Dallender, Yavor Baharov, Joe Absolom, Aleksandar Aleksiev

Année: 2013

Pays: Etats-Unis

Genre: Horreur

Résumé:

Apprenti top model, Katie court les castings. L’un d’entre eux tourne au cauchemar. Violée, torturée et laissée pour morte, la jeune femme entreprend alors de se venger…

Avis:

Durant les années 70, le cinéma d’horreur était en pleine expansion et on a pu voir de nombreux films devenus cultes aujourd’hui prendre vie. On pense bien évidemment à Halloween, la Nuit des Masques, Les Dents de la Mer, L’Exorciste, Carrie et le Bal du Diable ou encore Alien, le Huitième Passager et parmi tous ces films, il y a eu divers sous-genres. Entre le survival, le fantastique, le gore, la science-fiction ou encore le slasher, la liberté d’expression était telle que les cinéastes pouvaient faire ce qu’il voulait. Même du Rape & Revenge. Initié en 1972 par Wes Craven avec La Dernière Maison sur la Gauche, ce sous-genre a eu quelques rejetons dont Œil Pour Œil en 1978 qui a eu droit à un remake avec I Spit on Your Grave. Ce genre est très complexe car il pose deux problématiques majeures. D’une part l’aspect viol qui est très cru et parfois très dérangeant dans sa façon d’être filmé, et d’autre part son côté vengeance qui met en avant la loi du talion et le fait que la justice soit bien incapable de gérer certaines situations. Bref, c’est un genre particulier, mais qui peut faire frémir quand il est bien fait. Steven R. Monroe a connu un succès insoupçonnable avec son remake de I Spit on Your Grave, du coup, il retente sa chance avec un second opus, une nouvelle victime et un nouveau lieu.

Dans cette suite, exit les rednecks poisseux complètement débiles qui ne savent pas se tenir devant une jeune femme. On va suivre une modèle qui essaye de percer dans le milieu de la mode mais qui n’a pas un sou en poche pour faire un book. Issue d’une ferme dans le Missouri, elle va répondre à un shooting gratuit. Malheureusement pour elle, le frère du photographe tombe transi devant la jeune femme et il va la violer avant de tuer son voisin. Il appelle alors son frère au secours et ils décident de droguer la jeune femme pour l’amener en Bulgarie et l’utiliser comme prostituée dans une cave dégueulasse. Le pitch de départ est relativement simpliste et il ne va pas chercher bien loin. De toute façon, avec ce genre de métrage, il ne faut pas chercher midi à quatorze heure puisque tout est fait pour que la victime souffre un maximum avant de péter un câble et de se venger. Le fait est qu’il faut créer un lien avec la victime pour la comprendre. Cela implique de la rendre attachante ou alors de mettre en avant tous les sévices qu’elle prend dans la tronche. Steven R. Monroe va faire un double choix qui sera presque payant, puisque non seulement la nana est assez sympathique, même si on la sent assez imbu d’elle-même, mais surtout, elle va prendre très cher. Le réalisateur ne lésine pas sur les moyens pour faire souffrir la jeune femme et on va avoir mal pour elle. A quelque part, on trouve presque juste ce qu’elle va faire par la suite.

Mais le problème, c’est que l’on sent que le film est complètement fauché et parfois, on aura bien du mal à croire à ce que l’on va voir. Outre le fait que la façon dont elle s’en sort soit improbable, on a l’impression que le réalisateur y ajoute un petit message divin, dans le sens où Dieu pourrait l’avoir sauvée pour qu’elle se venge. C’est du moins ce que laisse sous-entendre le film quand sa caisse tombe alors qu’elle fait une prière et que c’est un prêtre qui va l’aider à survivre du froid et de la faim. Un choix douteux donc et qui flirte avec le mauvais goût. On trouvera aussi surprenant la façon dont la jeune femme guérit rapidement de ses blessures. Alors qu’elle est dans un état quasi catatonique, il ne lui faudra que quelques jours pour effacer ses blessures et revenir une vraie tigresse. Et il faudra aussi accepter quelques incohérences scénaristiques, le film ne s’embêtant pas avec des recherches ou de l’équipement matériel, puisque la victime qui devient bourreau trouve toutes ses proies les unes après les autres sans pour autant connaître leur nom et elle va avoir du matériel pour les faire souffrir sans que l’on sache d’où cela provient. Alors ce sont de petits détails, mais mis bout à bout, ils sont importants et montrent un léger laisser aller dans la construction du film. Du coup, si on évite brillamment un humour douteux, on aura tout de même quelques défauts qui gâcheront l’intérêt du film.

Tout comme sa deuxième partie qui, si elle réserve des moments assez hardcore dans les tortures infligées, manque de profondeur et n’impacte pas le spectateur qui assiste à un vulgaire torture-porn avec une jeune femme vengeresse. C’est là tout le défaut du film qui accumule les mises à mort sans autre volonté que de dégoûter le spectateur avec notamment un étouffement dans de la merde, des blessures au couteau qui vont s’infecter ou encore un pressoir qui va éclater les couilles d’un type. C’est gore, c’est même plutôt bien shooté, mais ça n’apporte pas grand-chose à l’intrigue, même si la demoiselle reprend parfois des paroles dures qu’on lui a dites et qu’elle s’en sert pour marquer ses coups. De ce fait, on reste de marbre devant une deuxième partie linéaire et sans autre but que de choquer ou percuter un spectateur qui sera plus blasé qu’autre chose. Et que dire de l’actrice principale, très charmante, mais qui n’arrive pas à être crédible dès qu’elle hurle ou se met en colère. Alors son rôle a dû être très complexe et vraiment physique, car elle est souvent nue et elle bouge beaucoup, ce qui ne doit pas être facile. Néanmoins, les moments de colère sont surjoués à mort et on ne croit pas un seul instant à ses moments de folie rageuse où elle change sa voix et son faciès. C’est dommage. Tout comme ses antagonistes qui sont détachés et offre une vision très cynique de la Bulgarie, ce qui est très mal vu de la part d’un réalisateur américain.

Au final, I Spit on Your Grave 2 n’est pas un mauvais film en soi, mais il manque vraiment de profondeur ou d’un message un peu moins fumeux que la simple intervention divine. On regrettera même la toute fin, qui laisse présager et entrevoir les Etats-Unis comme seul sauveur de cette jeune femme, perdue dans un pays que l’on voit comme arriéré et ultra violent. Si les amateurs de gore et de torture-porn seront comblés, les autres auront un peu plus de mal, la faute à quelques maladresses et à un film qui accumule les clichés et le vide intellectuel. Bref, un film moins bien que le premier, malgré une construction plus intéressante du personnage central.

Note : 11/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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