mars 19, 2024

The Tale

De : Jennifer Fox

Avec Laura Dern, Elizabeth Debicki, Ellen Burstyn, Frances Conroy

Année : 2018

Pays : Etats-Unis

Genre : Drame, Thriller

Résumé :

Jennifer est une journaliste vivant à New York avec son petit ami Allemand. Lorsque sa mère retrouve une nouvelle intitulée « The Tale », écrite quand elle avait 13 ans et parlant d’un triangle amoureux, Jennifer décide de se rafraichir la mémoire et se lance à la recherche des deux hommes.

Avis :

2018 à Deauville, serait-ce l’année des premiers films de réalisateur venant du documentaire ? Huitième film que je découvre au festival et voici qu’après Bart Layton et son « American Animals« , après Ken Jones et son « Diane » ou encore le nouveau documentaire de Kevin MacDonald, voici que dans la sélection arrive Jennifer Fox, qui après plusieurs documentaires qu’elle a fait depuis les années 80, revient avec cette fois un premier film de fiction.

Et pour son premier film, la réalisatrice n’a vraiment pas choisi la facilité. Présentant son film en début de séance, Jennifer Fox prévient que son film est dur, et que si le public veut, à la sortie du film, des psychologues attendent les spectateurs qui aimeraient se décharger. Une question est alors sur toutes les lèvres, « – qu’a pu bien faire Jennifer Fox ? ». Et la réponse est toute simple, pour son premier film, la cinéaste a choisi la pédophilie et autant dire que la séance fut terriblement troublante.

Jennifer, quarante-huit ans, est documentaliste et parcourt le monde afin de mettre en lumière ceux qu’on ne voit pas. À quarante-huit ans, Jennifer est fiancée depuis trois ans maintenant, et n’a pas d’enfant. Retrouvant une vieille lettre, Jennifer va alors faire un bond dans le passé et se retrouver confronter à elle-même et ses mensonges.

Âmes sensibles s’abstenir, voilà la barrière qu’on pourrait mettre d’emblée avant de parler du premier film de Jennifer Fox. « The Tale » est un test psychologique. « The Tale » est un film qui ne mâche pas ses mots et ses scènes. Scènes qui s’avèrent d’ailleurs plus qu’explicites parfois. Bref, alors avant même de parler de la manière intelligente dont la réalisatrice aborde les conséquences sur les adultes victimes de pédophilie, il vaut mieux savoir où l’on met les pieds.

Comme je le disais plus haut, « The Tale » est un test psychologique, et c’est ça qui est le plus intéressant, et si j’ose dire, le plus passionnant dans ce film. Car oui, c’est ici que le film de Jennifer Fox agit en profondeur. Tenant un scénario plus que solide, qui est en grande partie autobiographique, tout en ayant sa part de fiction, « The Tale« , c’est l’art et la manière de parler et décrire avec réalisme, violence et sans langue de bois des ravages de ces actes sur un adulte. Fascination, déni, manipulation, acceptation sous plusieurs formes (incroyable la profondeur du script !), ami, famille, amour, haine, on reste scotché par la liberté totale de la réalisatrice face à ce sujet brûlant. Le scénario met des mots et des scènes incroyables. Il pousse à des réflexions intérieures très dures pour son personnage qui va voir sa vie totalement remise en question face à un passé qu’elle découvre sous un autre œil. Fait de flashbacks tous parfaitement amenés, Jennifer Fox fait de « The Tale » une enquête passionnante. Une enquête qui est faite d’un fil que l’on connaît pourtant très bien, puisque ce sont des petits détails qui rappelleront telle ou telle chose ou évènement au personnage dans son passé, qui lui permettront d’aller de l’avant.

Histoire d’approfondir encore plus le film, Jennifer Fox a réuni un casting aussi exceptionnel qu’il est courageux pour certains d’avoir endossé de tels rôles. Laura Dern est incroyable de sensibilité, et la jeune Isabelle Nelisse, qui incarne Laura Dern à treize ans, fait preuve d’une maturité sidérante. On ne peut que féliciter les comédiens Elizabeth Debicki et Jason Ritter qui endossent des rôles parmi les plus durs qu’ils vont avoir à jouer en une carrière.

On n’a vraiment pas vu arriver « The Tale » et c’est avec la plus grande des sincérités que Jennifer Fox livre ce film. « The Tale » est marquant, choquant même, mais il n’est jamais gratuit. Non, même les images les plus perturbantes servent et renforcent l’intrigue et surtout la psychologie de son personnage principal. Bref, décidément, cette sélection deauvilloise s’avère de très belle qualité. Un film à voir donc, mais que sur OCS, car « The Tale » se trouve malheureusement privé de sortie cinéma. Dommage, vraiment.

Note : 16/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=Af6VbPT5O4k[/youtube]

Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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