mars 29, 2024

Friday’s Child

De : A.J. Edwards

Avec Tye Sheridan, Imogen Poots, Caleb Landry Jones, Jeffrey Wright

Année: 2018

Pays: Etats-Unis

Genre: Thriller

Résumé :

Sortant d’un foyer à ses 18 ans, un jeune vagabond va commettre de petits délits pour survivre. Il va alors découvrir l’amour impossible avec une personne improbable.

Avis :

Deauville aime chaque année présenter de jeunes talents et pour son premier film en compétition, le festival a choisi A.J. Edwards. Alors certes, ce nom ne vous dit rien, mais pourtant, même si, « Friday’s Child » est son premier film, A.J. Edwards est très loin d’être un débutant. Venant du montage essentiellement, A.J. Edwards a notamment à son actif d’avoir monté tous les derniers films d’un certain Terrence Malick. Donc après avoir passé du temps à monter les films des autres, A.J. Edwards est enfin arrivé à la case réalisation.

Loin des conventions d’Hollywood, A.J. Edwards nous présente donc un premier film qui est pour le moins audacieux. Un premier film qui se loge dans deux styles totalement opposés. « Friday’s Child » est un film quelque part entre le drame social, avec un portrait de l’Amérique loin des cartes postales, et le cinéma expérimental. Un cinéma expérimental dont l’influence du grand Terrence Malick transpire absolument partout, ce qui donne une œuvre singulière, hypnotique, contemplative et en même temps pleine d’humanité et d’émotion. Bref, une très belle réussite.

Ritchie est un jeune de dix-huit ans orphelin. Son adolescence, il l’a passée à changer de famille d’accueil. Mais aujourd’hui, Ritchie a dix-huit ans et donc, par conséquent, il est majeur et est capable de s’occuper de lui-même. Lâché dans la nature comme ça, le jeune garçon vit de petits boulots avec lesquels il a bien du mal à boucler les fins de mois. Mais bientôt Ritchie va faire deux rencontres qui vont totalement changer sa vie à jamais.

Un premier film est toujours une aventure audacieuse. Il y a des réalisateurs qui osent d’emblée essayer des choses et imposer un style et il se pourrait bien qu’A.J. Edwards fasse partie de ceux-là.

Partant déjà avec un sujet difficile, ces adolescents devenant adultes, ayant eu un parcours complexe, qu’une fois devenus majeur la société laisse se débrouiller, le réalisateur a forcé l’exercice en offrant d’emblée un style visuel qui ne plaira pas à tous. « Friday’s Child« , pour caricaturer, c’est dans les grandes idées Terrence Malick qui nous raconte une histoire. On n’adhère donc ou pas.

L’intrigue qu’il nous raconte là est belle et touchante, car elle dresse le portrait attendrissant d’un jeune homme qui a clairement manqué de chance. Son Ritchie, c’est le bon gars qui prend de mauvaises décisions. Mais c’est aussi le bon gars que la société a finalement rejeté, le laissant se débrouiller. Nous racontant son quotidien fait de petits boulots merdiques et mal payés, A.J. Edwards évoque une jeunesse oubliée. Et entre espoir, violence et désillusion, A.J. Edwards ne juge pas son personnage. Non, il nous le présente avec ce qu’il a de plus beau, mais aussi de plus triste et noir. Un personnage qui est d’ailleurs tenu par un Tye Sheridan magistral, qui après des films aussi divers que « Détour » de Christopher Smith ou « Ready Player One » de Steven Spielberg, sans oublier le superbe « Joe » de David Gordon Green, démontre encore une fois toute l’intelligence dont le jeune homme fait preuve dans le choix de ses films, et surtout le talent et l’audace dont il fait encore preuve. Bref, nul doute qu’il fera partie du paysage cinématographique américain pour longtemps.

Bref, donc si l’intrigue est belle et prenante, « Friday’s Child » est aussi un film qui complète son intrigue par une mise en scène affolante. Comme vous l’aurez compris, personnellement le film fut un moment incroyable de cinéma, notamment parce qu’A.J. Edwards a parfaitement su gérer son histoire, aussi bien que son style. Une mise en scène millimétrée, ou chaque plan, chaque cadrage est incroyable. A.J. Edwards, très influencé par la caméra flottante de Terrence Malick réemploie cette façon de faire et il en tire le meilleur. Chaque image traduit un état, le réalisateur joue énormément avec les cadres pour faire ressortir les sentiments de son personnage face à sa vie. Et ce choix de mise en scène terrible happe le spectateur pour ne jamais le lâcher. Tout comme peut l’être son personnage, on va se sentir tour à tour étouffé, bouleversé, pris au piège ou encore émerveillé. Bref, si l’intrigue est excellente, la mise en scène est encore meilleure. Mention pour le montage incroyable (logique avec le passé du mec) et mention pour la BO électrique et électrisante de Colin Stetson.

Pour un premier film, A.J. Edwards nous offre donc une belle et grande claque. « Friday’s Child » est un film envoûtant, émouvant, qui nous offre en plus d’une intrigue passionnante (à laquelle, on n’aura pas toutes les réponses) aux sujets forts et utiles, une mise en scène parfaite. Tenu par un jeune acteur fascinant, on reste bouché bée et béat devant ce film singulier, au caractère influencé et unique à la fois. Bref, pour son premier film, A.J. Edwards à fait fort !

Note : 17/20

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Par Cinéted

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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