avril 20, 2024

Orgueil et Préjugés et Zombies

Titre Original : Pride and Prejudice and Zombies

De : Burr Steers

Avec Lily James, Sam Riley, Bella Heathcote, Douglas Booth

Année: 2017

Pays: Angleterre

Genre: Horreur, Comédie

Résumé :

En plus de sa recherche du grand amour et d’indépendance, la belle Elizabeth Bennet doit composer avec une invasion de zombies.

Avis :

La littérature classique est une source intarissable pour les scénaristes en manque d’idées. Pour preuve, Orgueil et Préjugés de Jane Austen a été publié en 1813 pour la première fois, et a connu pas moins de quatre adaptations cinématographiques, une en 1940, deux en 2006 et une version un peu plus moderne en 2004. Le roman est tellement un succès aujourd’hui encore, qu’il est étudié dans les collèges et qu’il bénéficie même de parodie ou d’univers parallèle, comme le roman Orgueil et Préjugés et Zombies de Seth Grahame-Smith. Les puristes crieront au sacrilège, les amateurs de bis seront aux anges, mais les faits sont là, ce pastiche est un véritable succès aussi, à tel point d’une version comics va voir le jour. Un comics qui ne fera pas grand bruit lui, certainement à cause de sa médiocrité ou encore du fait qu’une fois c’est drôle, au bout d’un moment, ça devient redondant et sans aucune surprise. Alors pourquoi en faire un film? C’est bien simple, la recette zombie plus film classique pourrait attirer du monde et faire quelques sous dans la poche. Ce qui ne sera bien évidemment pas le cas.

Il faut dire que le film sera un flop, à un tel point qu’il ne sortira pas dans les salles françaises, mais se cantonnera à une sortie VOD malgré le fait qu’il y ait un joli casting (Lily James, Sam Riley, Lena Headey, Matt Smith, Charles Dance, etc…) et un réalisateur plus ou moins connu, Burr Steers, à qui l’on doit notamment 17 Ans Encore et Le Secret de Charlie, les deux avec Zac Efron. Le problème avec ce genre d’entreprise, c’est que l’on ne peut qu’y voir une œuvre opportuniste qui se décide à surfer sur la mode des zombies, en essayant d’offrir une donne changeante, l’époque. Malheureusement, on va vite se rendre compte que ça ne marche pas ici. Cela ne marche pas car le zombie ne sert clairement à rien. Nous ne sommes pas en présence d’un film de zombies, mais d’un film avec des zombies autour, essayant de créer une sorte de danger permanent pour qui se balade la nuit dans la lande désertique. Cette façon de voir les choses peut être intéressante tant est que l’on ait un scénario efficace sous la main et un intérêt à faire cela, comme porter l’attention du spectateur sur un personnage qui essaye de survivre (comme Cargo avec Martin Freeman par exemple). Là, le zombie n’est présent que pour faire drôle, ou se faire latter la tête à coup de sabre ou de carabine. Ce n’est pas fin et en plus de cela, ça ne crée pas de danger pour les personnages.

Des personnages qui sont tout sauf attachants. C’est-à-dire que nous sommes en présence de protagonistes qui sont, soit détestables, soit complètement crétin, apportant un peu de comédie à un film qui n’en avait pas besoin. Entre les filles qui jouent les ingénues auprès des lords et qui se révèlent être de grandes combattantes et les lords de véritables couilles molles, le film affiche clairement son volonté de briser les codes afin de mettre en avant des personnages féminins forts. L’intention est louable, mais elle est aussi particulièrement ratée. Pourquoi ? Parce que visiblement, ces jeunes filles agiles avec une épée, semblent complètement crétines face à la gente masculine lorsqu’il est question d’amour. Les femmes sont fortes, mais pas dans les sentiments, alors que l’on sait que c’est ça le nerf de la guerre. Ensuite, hormis le personnage de Sam Riley qui fait la gueule tout le temps, les autres hommes ne savent pas vraiment se battre et ne sont que des êtres poussifs et opportunistes. Une démarche là aussi intéressante mais qui tombe à plat à cause d’une volonté caricaturale de montrer toujours le pire chez l’homme, et d’en faire des guignols ou des malpropres, jusque dans leurs manières de faire.

Le film échoue aussi, et de façon lamentable, à créer de l’empathie avec qui que ce soit. Hormis Lily James qui survole avec délicatesse ce film, les autres personnages seront tout bonnement imbuvables et on se foutra carrément des amourettes qui naviguent dans ce métrage. Les histoires sont banales, les conséquences de certains actes ne sont pas si graves et finalement, on regarde ça d’un œil, s’ennuyant gentiment. En fait, le plus gênant dans ce métrage, c’est qu’il ne se passe pas grand-chose, ça parle beaucoup pour ne rien dire (ou alors tout tourne autour d’une dot et d’un héritage, à croire que l’argent est une obsession) et les séquences d’action avec les zombies sont expédiées manu militari. Pire, certains personnages dont le background énoncé nous fait dire qu’ils sont surpuissants, ne font rien et ne viennent que pour cachetonner, comme le fait Lena Headey dans un rôle de tueuse qui ne bouge pas le petit doigt ou encore Charles Dance en père de famille inexistant. Les enjeux du film ne sont pas clairs, mais surtout, il y a un gros problème d’équilibre entre les différentes tonalités du métrage.

Tantôt film de genre, tantôt romance à deux balles, tantôt comédie loufoque avec des personnages hauts en couleurs, le film ne semble pas parvenir à choisir sa direction et on se perd grandement dans ce maelstrom d’idées mises bout à bout, sans cohérence et sans liant. Le personnage de Matt Smith par exemple, et relativement drôle et loufoque, mais cela ne colle pas forcément avec l’ambiance apocalyptique voulue, tout comme les relations maritales qui sont plus ou moins forcées et qui s’insèrent très mal dans un monde infesté de zombies. Seule la réalisation va permettre de redresser un peu la barre, car on sent qu’il y a du budget et Burr Steers essaye de varier les points de vue ou de donner de la grandiloquence à certains plans. Mais là aussi, il y a quelques menus défauts, à savoir des CGI dégueulasses et des scènes baston plates et sans envergure. Enfin, notons tout de même une bonne idée, celle des zombies conscients et qui ne deviennent fous que lorsqu’ils ont goûté à un cerveau humain. C’est assez novateur, mais le film se plante là aussi, présentant des zombies conscients, mais ayant mangé de la chair humaine…

Au final, Orgueil et Préjugés et Zombies est un film raté qui ne tient ni sur son concept, ni sur son adaptation. Il faut dire qu’adapter quelque chose de déjà pas bon à la base n’est pas foncièrement une bonne idée, et on voit le résultat. Un film avec des zombies vide de sens, sans aucun intérêt ni enjeu et qui montre à quel point il est complexe de faire une comédie horrifique équilibrée entre peur, sentiment et humour. Burr Steers s’est grandement planté sur ce film et le seul bon point réside dans le générique de début, à base de théâtre d’images.

Note : 06/20

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=OAap5SNY8So[/youtube]

Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

Voir tous les articles de AqME →

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.