mars 19, 2024

The Canal

De : Ivan Kavanagh

Avec Rupert Evans, Antonia Campbell-Hughes, Hannah Hoekstra, Kelly Byrne

Année: 2014

Pays: Irlande, Angleterre

Genre: Horreur

Résumé:

David, jeune archiviste venant d’emménager avec sa femme et son fils, découvre sur une vieille pellicule que la maison dans laquelle il vient de s’installer a été le théâtre d’un meurtre sanglant.  David plonge petit à petit dans la folie, allant jusqu’à mettre en péril la vie de ses proches…

Avis:

Le genre horrifique est clairement un genre qui est boudé en France. Les récents films se comptent sur les doigts d’une main et leur qualité frôle parfois le misérable. Et ce n’est pas le CNC qui essaye de noyer le poisson en fournissant une aide d’un million et demi pour faire trois films alors que le budget annuel d’une telle société est de plus de 700 millions d’euros. Bref, en France, on est à la ramasse et on pourrait croire que nous sommes le seul pays européen à être dans la panade dès qu’il s’agit de monstres ou d’hémoglobine. La preuve, même l’Irlande est plus prolifique que nous, que ce soit en quantité ou en qualité. Que ce soit le tout récent Sanctuaire de Corin Hardy, le moins récent Isolation de Billy O’Brien ou encore l’excellent Citadel de Ciaran Foy, on peut dire que le pays de la Guinness est en très grande forme. Et parmi toutes ces sorties (on peut aussi compter sur Let us Prey par exemple), il nous en manquait une, The Canal, un film qui est sorti chez nous uniquement en VOD sur Netflix, et qui s’avère être un film étrange, le chaînon manquant entre Sinister et Amityville, un film plutôt agréable et pesant, mais aussi très lent et assez prévisible.

Alors pourquoi dire que ça se place entre Sinister et Amityville? La raison est toute simple. On va suivre David, un archiviste pour le cinéma, qui achète une maison avec sa femme enceinte. Cinq ans plus tard, il visionne une sélection de bobines datant de 1902 où il apprend que sa maison a été le théâtre de plusieurs meurtres, dont un homme qui a poignardé 52 fois sa femme, avant de la jeter dans le canal qui jouxte la maison. En prenant connaissance de l’affaire, David commence à entendre des bruits dans la maison. Et pour compliquer la chose, il soupçonne sa femme de le tromper avec un autre type. Petit à petit, David va sombrer dans la peur. Ou bien est-ce de la folie? On voit bien pourquoi on cite les deux films précédents comme références. En premier lieu, une bobine de film qui dévoile un secret, puis ensuite, un homme qui devient fou dans une baraque. Très clairement, le film subit de lourdes influences, et au bout d’un moment, ça fait ressentir. Et à cause de ceci, le film en devient très prévisible. Constamment, Ivan Kavanagh essaye de jouer sur le doute entre folie ou possession ou réelle présence. Malheureusement, pour les rompus du genre, on n’aura pas vraiment de surprise, connaissant d’avance la réponse, qui ne sera aucunement contrariée par un twist final compliqué. C’est dommage, mais c’est encore que chose que l’on peut pardonner à ce premier film.

Car il ne faut pas oublier que The Canal est le tout premier film d’Ivan Kavanagh et qu’en ce sens, il est drôlement couillu. Alors oui, le film possède un rythme très lent. Le réalisateur en profite pour peaufiner son ambiance très lourde, très pesante, très angoissante, mais le métrage est beaucoup trop lent pour ce qu’il a à raconter. En fait, il ne se passe pas grand-chose dans ce film, et comme on se rend vite compte des tenants et des aboutissants, on s’ennuie assez vite une fois que l’on tient toutes les ficelles du film. Bien entendu, certains moments sont vraiment bien faits et font monter une pression incroyable. On pense à la scène dans les toilettes abandonnées avec cette ombre planante ou encore les moments où le fantôme commence à parler de plus en plus fort, mais tout cela reste amené de façon trop sporadique et bien trop lente. On retrouve souvent cela dans les premiers films des réalisateurs, comme s’il voulait à tout prix montrer qu’ils savent filmer et poser une caméra sur un rail de travelling. Encore une fois c’est dommage, et même si cela sert à poser une ambiance lourde, ça reste un poil trop fainéant.

Néanmoins, tout le reste du film est assez plaisant. En premier lieu, l’ambiance est assez marquante et impacte beaucoup sur notre ressenti. C’est sale, c’est très lugubre et même l’histoire est assez sinistre. Le fait de mettre en scène un père de famille qui commence à perdre les pédales fait que l’on va se prendre d’affection pour lui et surtout pour son fils qui semble assez peu contrarié par tout ce qui gravite autour de lui. Et cette confrontation entre l’innocence du gosse et l’anxiété du père est assez intéressante et est rondement menée. Certains passages font clairement froid dans le dos, et comme tout film irlandais qui se respecte, il y a vraiment un côté glauque appuyé. La visite des égouts est ignoble, il y a une forte séquence très sale et gore lorsque un fantôme accouche d’un bébé en gros plan, et le film n’hésite pas à remuer un peu le spectateur pour créer du dégoût, mais aussi un malaise pesant sur cette histoire vraiment malsaine. On est clairement dans de l’horreur qui mélange habilement une ambiance poisseuse et une montée de la folie avec un gore explicite et souvent dérangeant.

Enfin, le film doit beaucoup à la prestation de ses acteurs, Rupert Evans en tête. Après son rôle dans Hellboy, il est difficile de trouver le comédien dans d’autres films et il semblerait que l’horreur soit une bonne option pour lui, puisque nous avions pu le voir dans le sympathique The Boy. Avec The Canal, il joue le rôle d’un père transi d’effroi, mais qui se pose des questions sur sa santé mentale et délaisse petit à petit son fils. On trouvera aussi la sublime Hannah Hoekstra, qui joue un double rôle assez saisissant et qui sera la parfaite victime pour entamer la descente en enfer du protagoniste principal. Enfin, difficile de passer à côté de Steve Oram, qui joue un flic désabusé et dont tous les doutes vont se confirmer par la suite. Il est d’un cynisme incroyable et le joue admirablement bien. Bref, dans sa globalité, le casting participe à l’ambiance glauque de The Canal et la renforce par des rôles assez complexes mais parfaitement tenus.

Au final, The Canal est un bon film d’horreur pour un peu que l’on adhère au délire et accepte le fait que la fin soit connue d’avance pour les plus experts en matière d’horreur. Cependant, entre une réalisation plutôt léchée, des acteurs investis et une ambiance poisseuse et dérangeante, le film arrive à tirer son épingle du jeu. S’il est vrai que le film est assez lent et qu’il ne se passe pas grand-chose, le premier métrage d’Ivan Kavanagh s’avère assez réussi et plutôt couillu pour un premier projet. Bref, l’Irlande montre une fois de plus qu’en matière d’horreur, elle est bien supérieure à la France et cela ne semble pas près de s’arrêter…

Note: 13/20

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Par AqME

AqME

Amateur d'horreur, Métalleux dans l'âme, je succombe facilement à des images de chatons.

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