mars 28, 2024
BD

Les Légendaires – Cycle 1

Auteur : Patrick Sobral

Editeur : Delcourt

Genre : Fantasy

Résumé :

On les surnomme les Légendaires. Ils sont cinq. Ils incarnent les vraies valeurs oubliées (noblesse, courage, intelligence, etc.). Ils sont grands. Ou plutôt, ils l’étaient. Lors de leur dernier combat contre les forces maléfiques, les choses se sont mal terminées, et tous les adultes sont redevenus des enfants ! Aujourd’hui les Légendaires doivent racheter leur bévue.

Avis :

Un univers transmédia pas comme les autres

Les Légendaires sont un groupe d’aventuriers qui a marqué toute une génération (le premier album est sorti il y a près de 20 ans, en 2004 !). Plusieurs séries sont à leur actif : Les Légendaires, la série de bande-dessinées précurseure ; Les Légendaires origines, une autre qui raconte les passés tumultueux de nos héros préférés ; Les Légendaires parodia, où nos personnages favoris se retrouvent aussi petits que des gnomes et complètement déjantés ; Les Légendaires missions, qui reprend les péripéties du dessin animé, et bien d’autres. Des romans ou des mangas ont même été édités ; ils reprennent les histoires que l’on connaît déjà, pour s’adresser à d’autres publics.

Au fil du temps, ces héros sont devenus aussi célèbres que leur renommée dans leur propre monde, Alysia. Patrick Sobral a su créer un univers à la fois riche, complexe, drôle, beau et plein de surprises. Le cycle 1, qui est critiqué ici, comprend les tomes 1 à 8.

À l’origine de tout : cinq figures au grand cœur 

L’accident Jovénia a détruit la réputation des héros, maintenant détestés par la population, obligée de vivre enfermée dans des corps d’enfants. Le tome 1 marque leur réunification, après des années de détresse, de bannissement et de solitude.

Le groupe se compose de cinq membres emblématiques, tous charismatiques et complémentaires : Shimy, l’elfe élémentaire, Danaël, le preux chevalier, Jadina, la magicienne, Razzia, le colosse et Gryf, l’homme bête. Chacun se voit doter d’une personnalité unique, ensemble ils se renforcent et prennent tout leur sens.

Shimy apparait plutôt froide, distante et pragmatique, quand Jadina se veut plus émotive et sensible, une vraie petite princesse habituée à la vie confortable. Toutes les deux se chamaillent régulièrement ; leurs piques et disputes amusent le lecteur, qui sait percevoir tout l’amour qu’elles se portent malgré leurs différends.

Danaël l’idéaliste aime la justice et tout ce que personnifie le terme de « héros », quand Razzia, de son côté, préfère foncer dans le tas, un peu tête en l’air mais ô combien affectueux et tourmenté. Quant à Gryf, il se la joue plus sournois et subtil, prêt à tout pour sauver ses amis – son courage ne semble pas avoir de limites. Excepté les instants où Shimy s’approche un peu trop.

Le lecteur s’attache irrémédiablement à chacun d’entre eux. Peu importent leurs défauts, ils vibrent d’humanité et de réalisme !

Une construction intéressante

L’auteur nous offre des personnages au caractère assez développé, qui ne cessent de nous surprendre au fil des tomes. Chaque histoire nous aide à mieux les comprendre, à affiner leur passé flou, à nous présenter leur famille ou amis, ou à approfondir leurs personnalités ensorcelantes. Légendaires ou non, ils n’ont pas toujours été les figures héroïques que nous connaissons ; ce mélange de noir et de blanc nous pousse davantage à les apprécier.

Par exemple, le tome 2, Le gardien, se focalise sur le passé de Danaël : nous croisons son frère, malmené par une malédiction peu commune. La grandeur d’âme de notre héros, bousculée, ne s’émiette pourtant pas.

Dans le tome 3, Frères ennemis, un personnage important du passé de Shimy refait surface : sa mère ! Le lecteur comprend alors d’où provient le sale caractère de l’elfe, mais l’admire en découvrant son passé rebelle et sa soif de liberté. Shimy tombe son masque.

Le tome 5, Cœur du passé, ramène auprès de Jadina une personne qu’elle connaît depuis sa naissance : rien de moins que son fiancé ! L’ancienne vie de princesse de la magicienne nous abreuve de belles images colorées, tout en mettant en scène sa rencontre avec Danaël, teintée de violence.

Dans le tome 7, Aube et Crépuscule, Gryf comprend enfin d’où il vient et ce qui l’a mené à rester loin des siens, ceux de son espèce. Découvertes émouvantes et touchantes !

Le personnage de Razzia se retrouve moins développé dans ce cycle, au contraire des autres héros, mais cela changera heureusement par la suite. Il reste néanmoins le partenaire idéal en cas de coup dur.

Un dessin adapté et un humour au poil

L’univers dépeint pourrait être qualifié de mignon ou d’enfantin, notamment à cause de ses dessins de style manga (gros yeux, couleurs vives, traits ronds, expressions parfois grossies, etc.), de ses histoires pleines de bons sentiments, mais aussi et surtout à cause de l’humour qui s’immisce un peu partout, et de toutes les références littéraires et cinématographiques que l’auteur a cachées dans ses pages. Le lecteur averti reconnaîtra, par exemple, des allusions au Seigneur des anneaux de Tolkien, à l’univers Pokemon, et à d’autres œuvres cultes que nous vous laissons le plaisir de découvrir par vous-mêmes. Les jeux de mots pleuvent, comme les scènes hilarantes, bien dosées. Plonger dans cette histoire s’avère autant synonyme de bonne humeur que d’aventures épiques.

Les personnages font également rire par leurs remarques sarcastiques, leur comportement parfois (à peine) exagéré et leurs mimiques excessives. L’univers créé regorge de situations embarrassantes et d’instants magiques. De plus, le fait que tous les habitants d’Alysia soient des enfants amène des quiproquos et paradoxes vraiment bien trouvés.

Le style des dessins peut, à tort, laisser penser que les histoires sont niaises, alors qu’il n’en est rien. Les intrigues, complexes et bien travaillées, apparaissent de qualité : des rebondissements inattendus surviennent à coup sûr, des mystères nous tiennent tout du long et l’évolution des héros nous accroche.

Des intrigues bien ficelées

En plus de la trame de fond, celle de trouver une solution à l’accident Jovénia, chaque paire de tomes raconte une histoire bien particulière qui se termine tous les diptyques. Une manière de faire intéressante qui permet de développer des scénarios complexes avec un début, un milieu et une vraie fin, un double album laissant plus de place pour détailler certains évènements. La trame principale n’est, en plus, jamais perdue de vue et avance pas à pas.

Malgré un suspens intenable à la fin des premiers tomes des diptyques, le lecteur se plaît à découvrir de nouveaux pans de l’univers ou des personnages principaux. Chaque intrigue approfondit cet ensemble avec talent : on se laisse volontiers happés par les mystères divins, les luttes de pouvoir, les tourments de nos héros et leur quête impossible, le tout fourni au compte-gouttes (il faut faire preuve de patience ! L’auteur cache bien son jeu). Les personnages qui viennent s’ajouter, au fur et à mesure, se montrent également rapidement attachants.

Le monde d’Alysia : un enchantement

Alysia met en place un monde où la magie existe et sur lequel vivent de multiples races et espèces, en communauté ou en guerre. Outre les elfes, les hommes bêtes, ou les humains, on découvre de multiples autres peuples, tous plus curieux les uns que les autres.

Les dieux prennent également de la place : Alysia s’est vu créé par des pierres sacrées et des divinités aux grands pouvoirs. Elles s’invitent souvent sur la planète pour leurs jeux de conquêtes ou simplement par curiosité quand elles s’ennuient. Cette atmosphère ésotérique et spirituelle bienvenue amène des réflexions sur la destinée, le hasard et le choix.

On ne visualise pas très bien où se trouvent les limites de la magie dans cet univers. Jadina semble contenir une force surpuissante, dont on découvre les prémices dans le tome 6, Main du futur, et les méchants principaux de l’histoire prennent des airs de sorciers noirs omnipotents et presque invulnérables. Malgré leurs talents innés et leur soif de domination, ces derniers s’éloignent, tome après tome, de l’image sans profondeur de vilains à qui il manque une cervelle. Le lecteur apprend ainsi à les connaître et à les apprécier à leur juste valeur. Même les méchants évoluent dans ce cycle !

En conclusion

Le monde des Légendaires fait du bien, s’appuie sur des messages de justice, d’amitié, d’amour et de bonne entente entre les peuples, tout en dénonçant certains penchants malsains, comme le racisme, l’attrait du pouvoir ou l’égoïsme. Les dessins incroyables et hauts en couleur, apportent à l’univers un côté rafraîchissant que l’humour vient embellir. De plus, il n’y a pas de violence à proprement parler, nos héros évitent de tuer dès que cela est possible, ce qui permet à cette aventure d’être découverte par un large public.

Note : 18/20

Par Lildrille

Lildrille

Passionnée d’imaginaire et d’évasion depuis longtemps, écrire et lire sont mes activités favorites. Dans un monde souvent sombre, m'évader et fournir du rêve sont mes objectifs. Suivez-moi en tant qu'auteure ici : https://www.2passions1dream.com/. Et en tant que chroniqueuse aussi là : https://simplement.pro/u/Lildrille.

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